10 Gilets jaunes jugés pour le saccage de l'Arc de Triomphe

PROCÈS - Des scènes d’émeutes, au pied de l’un des monuments français les plus emblématiques. Dix personnes sont jugées à partir de ce lundi 22 mars au tribunal de Paris, accusés d’avoir saccagé l’Arc de Triomphe pendant une manifestation de...

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Images de l'Arc de Triomphe à Paris le 1er décembre 2018 lors d'une manifestation de gilets jaunes.

PROCÈS - Des scènes d’émeutes, au pied de l’un des monuments français les plus emblématiques. Dix personnes sont jugées à partir de ce lundi 22 mars au tribunal de Paris, accusés d’avoir saccagé l’Arc de Triomphe pendant une manifestation de “gilets jaunes”.

Les faits s’étaient déroulés le 1er décembre 2018, lors du troisième acte des “gilets jaunes”. Deux semaines plus tôt, l’acte 2 avait entraîné des débordements. Mais rien comparé à ce samedi-là, où les forces de l’ordre sont surprises par la violence qui embrase les rues de la capitale dès le matin.

Près d’une centaine de véhicules incendiés, des façades brûlées, vitrines brisées, commerces pillés...: puis ces scènes quasi insurrectionnelles autour de l’Arc de Triomphe dans l’après-midi.

Le périmètre de sécurité qui protège le monument disparaît vite. Des manifestants entonnent La Marseillaise autour de la flamme du soldat inconnu, d’autres piochent sur la place de l’Etoile les morceaux de pavés qui serviront de munitions face aux forces de l’ordre. Dans un immense brouillard de gaz lacrymogènes, des charges de policiers tentent de disperser la foule.

Des manifestants parviennent à pénétrer à l’intérieur du monument historique, saccagent les lieux, pillent la boutique de souvenirs, accèdent au sommet pour se prendre en photo au-dessus de Paris, gilet jaune sur le dos.

Les piliers du monument sont couverts de tags anti-Emmanuel Macron ou de messages “les gilets jaunes triompheront”.

Bilan : un million d’euros de dégâts et cinq oeuvres d’art endommagées. Le chef de l’État s’était rendu sur place le lendemain.

Les images de “la prise” de l’Arc de Triomphe, qui ont causé un immense émoi et fait le tour du monde, devraient être projetées au tribunal.

“Petits poissons”

Plus de 400 personnes avaient été interpellées à Paris ce jour-là, un record à l’époque. Mais si les enquêteurs ont estimé que le saccage de l’Arc de Triomphe était le fait d’un “grand nombre d’individus”, ils ne seront que dix devant le tribunal lundi.

Ils ont la vingtaine pour la plupart, venus des quatre coins de la France, pas des profils de délinquants.

L’accusation l’a reconnu : “Force est de constater que les instigateurs, voire les principaux auteurs des faits”, (n’ont) pas pu être identifiés”.

“C’est le procès des petits poissons, les gros poissons ne sont pas là”, résume Véronique Massi, avocate de l’un des prévenus. Son client, 26 ans à l’époque, soutient comme beaucoup d’autres qu’il n’a fait que se “réfugier” à l’intérieur du monument quand les policiers ont chargé.

“Ils ont voulu être au coeur de l’action, ils ne pensaient pas que ça se terminerait comme ça”.

Ils seront jugés notamment pour des dégradations aggravées et des vols par effraction. Pour avoir tenté de fracturer une porte à coups d’extincteur, endommagé une statue, ou encore volé près de 300 cartes postales. Une jeune femme a ramassé une tour Eiffel miniature, un manifestant de 40 ans lié à l’ultra-droite comparaît pour un tag sur l’Arc.

Un procès “particulièrement symbolique”

Noémie Saidi-Cottier défend deux jeunes qui avaient passé quelques semaines en détention provisoire. 

“On a un peu le sentiment qu’ils payaient pour les autres, pour tout ce qu’il s’était passé, qu’il fallait des coupables absolument”, dit-elle.

L’émotion “retombée”, elle espère que “les juges sauront faire la part des choses et voir qui ils ont devant eux”.

“Nous avons des responsables”, même si “ce ne sont pas les principaux”, insiste Jean-Philippe Morel, avocat de l’association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (Happah), partie civile.

Le procès, prévu jusqu’à vendredi, sera “particulièrement symbolique”, dit-il. “C’était totalement surréaliste”, “dramatique pour l’image de la France”, ajoute Me Morel, certain que ces scènes “insurrectionnelles” font partie de celles dont “on se rappellera”.

Sept autres personnes seront jugées ultérieurement : un mineur devant le tribunal pour enfants et six devant le tribunal de police pour la seule contravention d’“intrusion non autorisée dans un lieu classé ou inscrit au patrimoine historique”.

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