19 mai: la réouverture des bars et terrasses vue par les caves à vin
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DÉCONFINEMENT - Voici venu le grand jour, celui où l’on va enfin pouvoir boire un verre en terrasse avec ses proches. Dès ce mercredi 19 mai, les Français ont pu profiter de certains lieux et activités qui leur étaient jusqu’alors fermés. Une étape cruciale du déconfinement pour le milieu de la restauration, même si un secteur n’a pas attendu ce moment pour connaître un essor de taille: celui des caves à vin.
Les cavistes ont connu une hausse de 10 à 20% de leurs ventes en cette période de Covid, selon Nathalie Viet, secrétaire générale du syndicat des cavistes professionnels, contactée parLe Parisien. En mars, le groupe Nicolas observait de son côté une augmentation des ventes de 20 à 25%.
“Entre les confinements, et notamment l’été dernier, j’ai constaté une évolution positive, avec beaucoup plus d’affluence que les autres années. On a également super bien tourné pendant les fêtes de fin d’année”, se réjouit Mathieu, gérant d’une cave à vin en Occitanie. Il estime que ses ventes sur une année ont grimpé de 15 à 20%.
Nouvelle clientèle, meilleur panier moyen
Noémie Lavigne est directrice de “La Vinothèque”, à Bordeaux. De son côté, la boutique “physique” n’a pas profité de l’essor conjoncturel, car elle se situe dans un quartier touristique, où la grande majorité des autres commerces étaient fermés sur de longues périodes. En revanche, la boutique en ligne, un site bien implanté dans le milieu depuis plus de dix ans, devrait connaître une hausse des ventes de 25 à 30% cette année.
Même son de cloche chez Nicolas Pettier, responsable des “Caves de Joseph” à Rennes, un lieu resté ouvert en tant que commerce essentiel, qui estime avoir “moins souffert de la crise que d’autres commerces”. Tous semblent faire les deux mêmes constats: une nouvelle clientèle s’est rendue dans les caves à vin; et le panier moyen a augmenté.
“On a une bonne clientèle d’établis, mais on a touché un peu plus les 18-25 ans, qui se sont peut-être rendu compte de l’importance d’avoir des commerces de proximité. Le panier moyen a augmenté et s’est diversifié. On a par exemple dû renouveler nos ‘vins de copains’, ceux qui se situent dans une fourchette de 5 à 15 euros”, explique Nicolas Pettier.
“Après chaque annonce gouvernementale, on constatait des commandes plus volumineuses”, fait remarquer Noémie Lavigne. “Dans les paniers, on note des vins qui sortent de l’ordinaire, et davantage de mixité. On en a d’ailleurs profité pour aller chercher d’autres références et dénicher de nouvelles étiquettes”, poursuit la directrice.
Repas à la maison
L’une des raisons permettant d’expliquer ces constats réside évidemment dans la fermeture des bars et des restaurants, obligeant les consommateurs désireux de se retrouver à organiser des repas chez eux. “Lorsque l’on a une commande de livraison de 24 bouteilles un vendredi soir, notre client ne nous cache pas qu’il organise une fête à neuf ou dix, admet Baptiste. Mais il ne faut pas les blâmer. La plupart du temps, ce sont des soirées à six maximum”, explique Baptiste Léger, caviste chez Nicolas dans le XVIIIe arrondissement de Paris, contacté par Le Parisien.
“La plupart des gens passent leurs repas de fête entre amis, en famille, chez eux, et vu qu’on est tous à consommer à la maison, je pense qu’ils ont besoin de retrouver la variété qu’on a au resto. Ils en ont profité pour goûter des vins différents, car la découverte fait partie du plaisir”, abonde Noémie Lavigne.
Autre facteur ayant pu entrer en jeu:le budget. Les Français ont épargné plus de 85 milliards d’euros rien qu’entre mars et juillet 2020, soit entre le 1er confinement et les 1ères semaines du déconfinement qui a précédé les vacances d’été. L’Insee estime de son côté l’épargne brute des ménages français en 2020 à près de 318 milliards d’euros. Soit presque plus de 100 milliards en un an. Et quand on a l’habitude de dépenser une partie de ce budget dans les bars et restaurants, pourquoi ne pas se tourner vers les cavistes restés ouverts? “On a eu plus d’affluence l’été dernier du fait que les Français sont moins partis à l’étranger. Et vu qu’ils sont restés plus longtemps que d’habitude chez eux, ils avaient un peu plus d’argent à dépenser”, note Mathieu.
Un 19 mai attendu
Selon lui, les caves à vin ont également profité de l’effet “commerces de proximité”. “J’ai rencontré de nouvelles personnes, qui n’étaient jamais venues chez le caviste auparavant, et j’ai fait de nouveaux clients. Avec toutes les campagnes pour les commerces de proximité, peut-être que les consommateurs ont eu une certaine prise de conscience et se sont rendus chez le caviste du coin”, suggère-t-il.
Alors, après cette année étrangement exceptionnelle, comment envisagent-ils les réouvertures du 19 mai? Théo Pourriat, cofondateur de Septime à Paris, semble n’attendre que ça. Et pour cause, la cave à vin qui accompagne le restaurant bien connu du XIe arrondissement de la capitale n’a pas connu le même essor que ses consœurs. “On a découvert qu’on était considéré comme un bar à vin plutôt que comme une cave, et l’année n’a pas du tout été bonne. Seuls les habitués venaient nous voir pour nous soutenir”, regrette-t-il. Alors pour ce 1er jour de réouverture, ils ont installé une terrasse à l’extérieur de la cave: “on l’attend avec impatience, ça a été long”, indique-t-il.
Contrairement à lui, Mathieu fait part de sa principale inquiétude, à savoir que les Français délaissent la cave à vin pour se consacrer à nouveau aux terrasses. “Je pense qu’on risque de retrouver le même mode de consommation qu’avant la crise, mais j’espère que l’évolution restera positive, et que la nouvelle clientèle va se fidéliser”, tempère-t-il.
Mais globalement, cette étape du confinement semble aussi attendue par les cavistes que par l’ensemble de la population. “On l’attend avec impatience pour la boutique”, affirme Noémie Lavigne. “Bien sûr, il existe le risque que les gens aillent dans les bars plutôt que chez nous. Mais avec le retour des beaux jours et les barbecues, il y en aura pour tout le monde!”
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