2 jihadistes qui voulaient commettre un attentat en 2017 à Marseille renvoyés aux assises
TERRORISME - Ce 18 avril 2017, cinq jours avant la présidentielle, l’antiterrorisme en est convaincu, il vient de déjouer un attentat d’ampleur, potentiellement contre un meeting de Marine Le Pen à Marseille. Quatre ans après, un duo jihadiste,...
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TERRORISME - Ce 18 avril 2017, cinq jours avant la présidentielle, l’antiterrorisme en est convaincu, il vient de déjouer un attentat d’ampleur, potentiellement contre un meeting de Marine Le Pen à Marseille. Quatre ans après, un duo jihadiste, dont un as de la dissimulation qui se jouait des services européens, est renvoyé aux assises.
Au terme d’investigations avec les polices belge et allemande, les Français Clément Baur et Mahiedine Merabet, 28 et 34 ans aujourd’hui, doivent comparaître pour “association de malfaiteurs terroriste” criminelle.
Le dossier, fruit d’une cyber-infiltration et d’une vaste surveillance téléphonique, est devenu emblématique pour l’antiterrorisme qui le cite régulièrement pour défendre son accès aux “fadettes”, menacé par la récente jurisprudence européenne.
Plus de 3,5 kilos d’explosif
Même Clément Baur est conscient de son importance lui qui, une fois emprisonné, se vantera au parloir “d’être impliqué dans le ‘deuxième plus gros attentat déjoué en France’”, après celui de Reda Kriket, condamné en avril dernier à 24 ans de réclusion criminelle pour un projet en 2016.
Ce mardi d’avril 2017, à cinq jours de la présidentielle, alors que les services de sécurité des candidats sont sur les dents, Baur et Merabet sont arrêtés à Marseille. Dans leur appartement, la DGSI découvre “plus de 3,5 kg de TATP”, explosif artisanal prisé des jihadistes. Une partie est prête à l’emploi, une autre sèche sur des étagères, 250 grammes sont déjà dans une salière avec une mèche pour constituer une grenade.
Selon l’ordonnance de mise en accusation du 23 juillet consultée par l’AFP, sont saisis plusieurs armes, des munitions et des supports numériques comprenant notamment la photographie d’une mise en scène: une tablette affiche une vidéo du groupe État islamique (EI) montrant des enfants blessés, près du journal Le Monde avec François Fillon en Une, des armes, et des dizaines de munitions disposées de manière à écrire “la loi du talion”.
L’un des suspects se défend en évoquant une “passion” pour la chimie
Au cours de l’instruction, Merabet, délinquant multirécidiviste de Roubaix, conteste tout projet d’attentat, invoquant sa “passion pour la chimie” et un projet de revente du TATP. Il admet toutefois avoir envisagé “un petit coup d’éclat” avec la salière de TATP près du meeting de Marine Le Pen, prévu le lendemain. Avant de se raviser, assure-t-il.
Le jeune homme était fiché S depuis sa radicalisation en prison, notamment après avoir partagé début 2015 la cellule d’un homme incarcéré quelques mois sous une fausse identité de réfugié du Daghestan, en Russie: Clément Baur.
Si Merabet est, au cours de l’enquête, “flou” et “ambigü”, selon le juge, son compère Baur, qui a appris le russe et l’arabe en autodidacte au cours de son enfance, assume pour sa part plus franchement son appartenance idéologique à l’EI. Il reconnaît avoir évoqué avec son complice un projet meurtrier, mais affirme y avoir renoncé, assurant n’avoir sérieusement envisagé que des “dégâts matériels” sur une “cible institutionnelle”, en représailles aux frappes en Syrie.
La sonorisation de ses parloirs sera plus fructueuse: haine de la France des “croisés”, des “130 porcs qui écoutent de la musique” au Bataclan. “Quand je vais sortir (...) je vais me faire exploser inch’Allah!”, lance-t-il un jour. Selon l’ordonnance, la radicalisation de ce Niçois remonte à l’adolescence et à sa conversion à l’islam, vers 2007, au contact d’islamistes tchétchènes.
Le procès n’aura pas lieu avant 2022
Les enquêteurs sont convaincus qu’au cours de son sinueux parcours, il fréquenta la cellule terroriste de Verviers en Belgique, celle d’Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 en France (131 morts), mais aussi qu’il fut en contact en Allemagne avec Anis Amri, l’auteur de l’attentat au camion sur le marché de Noël de Berlin en 2016 (12 morts).
Le juge relève que Clément Baur “tient Merabet pour responsable de l’échec de leur projet terroriste” car il s’est fait piéger en parlant avec des agents cyber-infiltrés et “qu’il regrette encore en fin d’instruction” l’échec du projet terroriste allégué.
“Nous réfléchissons avec Clément Baur à interjeter appel de cette ordonnance de renvoi”, ont indiqué ses avocats, maîtres Charlotte Cesari et Jérôme Susini. Mes David Apelbaum et Romain Ruiz, avocats de Mahiedine Merabet, “réservent leurs déclarations pour la cour”.
Sur les bancs des assises doivent figurer dix autres hommes soupçonnés à des degrés divers d’avoir accompagné Baur et Merabet dans leur projet sans forcément connaître leur objectif précis mais en fournissant transport, cache, armes ou munitions. L’audience ne pourra se tenir avant 2022, compte-tenu du calendrier très chargé des procès aux assises pour terrorisme, dont celui des attentats du 13-Novembre à partir de septembre.
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