2022 vue par Kevin Parker : “Comme s’il n’y avait pas eu d’interruption”
À titre personnel, comment s’est déroulée ton année 2022 ? Bien mieux que la précédente, et on ne cause même pas de 2020 ! Chaque année où l’on est actif et où l’on peut profiter de la vie sans être bloqué chez soi est une bonne année… Une...
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À titre personnel, comment s’est déroulée ton année 2022 ?
Bien mieux que la précédente, et on ne cause même pas de 2020 ! Chaque année où l’on est actif et où l’on peut profiter de la vie sans être bloqué chez soi est une bonne année… Une fois que j’ai recommencé à tourner, c’est comme s’il n’y avait pas eu d’interruption. C’est impressionnant de voir comment l’être humain peut être résilient… Avec Tame Impala, j’ai voyagé comme ça n’avait pas été le cas depuis longtemps, aux États-Unis, en Europe et en France. J’ai été ému de retrouver Paris.
En effet, tu étais de passage pour le festival Rock en Seine, le 27 août dernier…
Sans doute ma date préférée de 2022. Pour des raisons tant artistiques que personnelles, Paris tient une place particulière dans mon cœur. Tame Impala s’était déjà produit à Rock en Seine, mais cette fois, notre show était plus efficace du point de vue scénique, sans pour autant nuire à la spontanéité du public.
Quel est le concert qui t’a le plus marqué en 2022 ?
Celui des Arctic Monkeys, à Pula, en Croatie. Très esthétique, mais d’une autre manière que le nôtre. Ça m’a rappelé que les concerts n’avaient pas forcément besoin de lasers couleur arc-en-ciel !
En effet, il y avait beaucoup de lasers arc-en-ciel dans le live de Rock en Seine…
Cette scénographie reflète ce qui m’a obsédé en 2022 : l’art issu des intelligences artificielles – quelle que soit la manière dont on le nomme. J’ai travaillé sur des visuels qui s’animent et se réinventent, telles des vidéos traduisant les mots que tu prononces.
En résulte un mélange fascinant de photographie et de peinture à l’eau… comme un rêve très étrange. L’art créé par l’intelligence artificielle propose des œuvres inédites, qu’un homme ne pourra jamais faire puisque ce n’est littéralement pas humain, et c’est indéniablement percutant.
L’IA va jouer un grand rôle dans la stimulation visuelle de ces prochaines années. Et ce n’est qu’une question de temps avant qu’un ordinateur soit capable de faire une pop song plus catchy que celles imaginées par les êtres humains. Bref, c’est bientôt la fin d’une ère… Cela paraît sombre, façon Terminator, mais c’est basé sur ce que j’ai constaté ces derniers mois.
As-tu toujours été passionné d’arts plastiques ?
Toujours, mais uniquement lorsqu’il s’agit de les raccorder à un propos précis – dans mon cas, celui de la musique. Je n’aurais jamais eu assez de confiance en moi pour me concentrer seulement sur l’aspect visuel. Cependant, les arts constituent un outil de communication très personnel. À travers une mélodie ou une vidéo, je explique la société qui m’entoure : comme je la vois, ou comme les autres la voient aussi. Tu as vu Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze ?
“Envisager le monde du point de vue de quelqu’un d’autre, c’est un but que j’ai moi-même cherché à atteindre”
Oui… Quand un marionnettiste découvre un souterrain menant directement au cerveau de John Malkovich. Une forme de mise en abyme entre réalité et fiction…
Exactement ! Ce film m’a toujours intrigué, depuis la 1ère fois que je l’ai vu. Envisager le monde du point de vue de quelqu’un d’autre, c’est un but que j’ai moi-même cherché à atteindre, en m’appuyant sur les simulations, les drogues ou les émotions… The Slow Rush [le dernier album de Tame Impala] traite de ce sujet, via l’expérimentation du temps…
En 2022, on t’a également entendu sur un single de Gorillaz, New Gold. Comment s’est déroulée la rencontre avec Damon Albarn ?
C’était notre 1ère rencontre, mais nous avons immédiatement été connectés. Quelque part entre optimisme et désespoir, nos visions existentielles se rejoignent : on a la volonté de tirer le meilleur de ce monde calamiteux. Pendant deux jours, à Malibu, on a travaillé un peu dans tous les sens, mais le résultat était très tangible. Plus que de simplement collaborer, nous avons avant tout partagé notre créativité. Fait suffisamment rare pour que ces 48 heures passées avec Damon fassent partie de mes sommets de 2022 !
Tu fais désormais partie des égéries Celine… Qui l’aurait cru ?
Surtout pas moi ! Pendant longtemps, l’allure vestimentaire ne me semblait pas importante. Elle pouvait même m’angoisser, de peur de paraître trop habillé. Or, depuis que j’entretiens cette relation avec Celine, j’ai réalisé que la mode pouvait m’offrir un nouveau moyen d’expression. J’adore la veste à fleurs que je portais à Rock en Seine, tout comme une autre entièrement recouverte de pierreries que j’ai mise pour notre concert au Hollywood Bowl.
Au début, je n’étais pas du tout partant, car je suis du genre à balancer par terre tout ce qui me tient chaud. Ma femme a insisté, j’ai tenté. Et en effet, même si la veste était assez lourde, je me suis senti démuni le lendemain sans elle. Je m’étais habitué à ce costume, qui, finalement, me ressemblait suffisamment pour que je ne sois pas déguisé. Sur scène, il faut trouver l’équilibre entre le fait d’être soi-même et un autre…
Sur le portrait publié ici, tu poses d’ailleurs pour Hedi Slimane. Sur quoi vous entendez-vous ?
On se voit peu : nos rythmes sont différents, je passe beaucoup de temps en Australie, mais j’ai tout de suite compris qu’Hedi était réellement intéressé par la musique. Même s’il travaille pour une marque déjà existante, il est très indépendant. En cela, je me sens proche de lui.
On suit notre petit bonhomme de chemin, sans regarder ce que font les autres en parallèle. Je suis, par exemple, incapable de causer de mes influences, de mes lectures, même si tout le monde me dit que je devrais être passionné par tel ou tel essai de philo. Alors que je lis peu, tout mon temps passe dans la composition, l’écriture, les arrangements, la production… La musique, c’est ma philosophie.
Quelle était ta meilleure raison de devenir musicien, et qui reste valable aujourd’hui ?
Si j’ai commencé à faire de la musique, c’était pour aller mieux. Parce que mon esprit voulait s’enfuir de mon enfance, assez pénible… La musique a été à la fois mon échappatoire et ma thérapie. Et c’est toujours le cas.