“355” de Simon Kinberg : attention, nanar en vue
Quelqu’un a oublié d’éteindre Hollywood en partant un vendredi soir, et quand on a rouvert lundi matin, la machine avait pondu un film toute seule dans le week-end. Ce film, c’est 355 : un actioner de supermarché sorti d’on ne sait où sinon,...
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Quelqu’un a oublié d’éteindre Hollywood en partant un vendredi soir, et quand on a rouvert lundi matin, la machine avait pondu un film toute seule dans le week-end. Ce film, c’est 355 : un actioner de supermarché sorti d’on ne sait où sinon, donc, du rêve d’un algorithme qu’on aurait laissé intégrer à son code des ingrédients courants de l’entertainment contemporain.
Quelques postures “badass”, deux-trois règles de scénario, une poignée de décors de carte postale prêts à l’emploi pour blockbuster milieu de gamme (une capitale européenne à rues pavées, une mégapole asiatique dystopique, un souk oriental), des regards censément pénétrants, des répliques censément cinglantes, des twists censément renversants, le tout régurgité sous une forme maladroitement organisée, mais vraisemblablement sans un humain au bout pour venir vérifier si ça fonctionne.
Pilotage automatique
Le plus drôle ou le plus triste, c’est que cette écriture en pilotage automatique vient investir un genre auquel la notion même de produit de série déshumanisé sied assez mal : le film de bande au féminin, qui a fait florès ces dernières années que ce soit par l’écriture originale (Les Veuves, une réussite) ou le gender swap de franchises masculines (Ocean’s 8, bien raté mais avec un carton à la clé), et qui ici atteint donc déjà sa vitesse de croisière, en tout cynisme. La conquête des emblèmes du divertissement patriarcal apparaît désormais comme un sous-produit comme un autre, un régime d’écriture et de promo auquel il est bien malheureux de voir ces actrices superstars faire mine d’adhérer, se prêtant sans la moindre conviction à l’exercice en délivrant leurs petites punchlines d’empowerment comme de tristes éléments de langage, ou comme on passe à la pointeuse.
Ne reste qu’à espérer que cela se verra tout de même un peu, puisque personne n’a essayé d’écrire, de diriger (des actrices bafouillent carrément, ou manquent de se vautrer – on fait une deuxième prise, ou on vise directement Nanarland ?), de filmer (mention spéciale aux chorés de combat, option douze plans par seconde et bruitages de VHS de kung-fu), et que le résultat ressemble logiquement moins à du Soderbergh qu’à une bessonade du dimanche après-midi.
355 de Simon Kinberg en salle le 5 janvier