4 pistes pour que l’industrie musicale ne laisse plus les femmes sur la touche

Depuis le déferlement de MeToo en 2017 et de MusicToo, qui a secoué le secteur musical en 2020, les musiques actuelles voient émerger de multiples dispositifs œuvrant pour une plus juste représentation du travail des femmes, quel que soit leur...

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Lola Frichet

Depuis le déferlement de MeToo en 2017 et de MusicToo, qui a secoué le secteur musical en 2020, les musiques actuelles voient émerger de multiples dispositifs œuvrant pour une plus juste représentation du travail des femmes, quel que soit leur métier au sein de l’industrie. Dans un rapport de 2021, le ministère de la Culture indiquait que seules 9 % des femmes ont accès aux postes de direction les plus élevés dans les établissements publics du spectacle vivant.

Mewem, un accompagnement sur mesure

“Souvent, au bout d’un an, les femmes sont bloquées dans leur évolution par manque de moyens ou de confiance en soi”, explique Rachel Cartier, présidente de Mentoring Program for Women Entrepreneurs in Music Industry (Mewem), et par ailleurs responsable éditoriale France de Deezer. Lancé en 2018 à Bordeaux, avec une antenne à Paris, et notamment financé par le Centre national de la musique (CNM), ce dispositif à destination des entrepreneures du secteur musical promeut le mentorat en binôme.

Chaque année, entre janvier et juin, douze femmes mentorent chacune une candidate avec un projet en cours de construction. Parmi celles de 2023 : Élodie Haddad, manageuse de Flavien Berger et de Bonnie Banane, ou Émilie Urbansky, directrice de l’image chez Sony. Mewem convie aussi ses jeunes mentorées à six rendez-vous annuels. Au programme, cette année : l’entrepreneuriat et la santé mentale, la construction d’un business plan ou encore les discriminations au travail.

En quatre éditions, une cinquantaine de femmes ont bénéficié de l’accompagnement privilégié de Mewem. “Ma volonté, c’est d’aller plus loin, explique Rachel Cartier. En plus du mentorat, on veut garder dans notre réseau les femmes dont on n’a pas retenu la candidature. On les ajoute à notre newsletter, on les invite à des événements. On veut continuer à les inspirer et les inciter à repostuler.

Le répertoire précieux de Majeur·e·s

De son côté, l’annuaire en ligne Majeur·e·s, créé en mai dernier, recense plus d’un millier de professionnel·les de l’industrie musicale, qu’elles ou ils soient musicien·nes, attaché·es de presse ou encore chargé·es de production. Partenaire de Spotify, gratuit et accessible à tous·tes, ce répertoire en mixité choisie s’adresse avant tout aux femmes, aux personnes trans et non binaires, qui peuvent se créer un profil public en affichant leurs coordonnées et leurs compétences.

“Le but de Majeur·e·s n’est pas d’être un annuaire parisiano-centré

Les hommes, eux, ont seulement la possibilité de se connecter et de contacter des profils publics sans apparaître sur le site. Comme les annuaires spécifiques Bandshe (pour les professionnel·les du live) ou Connect’Her (ciblant dans le même esprit les musiques électroniques), “le but de Majeur·e·s n’est pas d’être un annuaire parisiano-centré”, souligne Caroline Decroix, cheffe du projet avec Alice Deleporte.

Avant de rappeler que ce répertoire a été initié par shesaid.so, une association londonienne alliant féminisme et musique, présente dans dix-huit pays, dont la France et ses antennes à Toulouse, Lyon, Grenoble, Strasbourg, Paris et région parisienne, Rennes, Vannes, Nantes, Bordeaux, Marseille. Caroline Decroix : “Majeur·e·s, c’est un hub, et on veut jouer ce rôle de passeuses.”

Loud’Her, un réseau et des ateliers

Valoriser l’interconnaissance est aussi l’axe fort de Loud’Her. L’association, fondée en 2017 à Lille, qui agit dans la région Hauts-de-France, organise régulièrement des rencontres ouvertes aux femmes du secteur musical pour identifier leurs besoins et envies artistiques. En découlent des ateliers ciblés pour apprendre à mixer, connaître ses droits ou encore questionner la maternité dans le milieu musical.

“Ces rendez-vous uniquement entre femmes, personnes trans et non binaires permettent plus de liberté dans les échanges et facilitent les rencontres”, précise Élise Vanderhaegen, membre de la direction de Loud’her jusqu’à juin dernier et désormais directrice du Grand Mix, la salle de concerts de Tourcoing. 

“On sait qu’elles sont là. Maintenant, il faut les accompagner et créer une synergie”

Parmi ses actions phares, Loud’Her organise des Blam (pour “Badass Ladies Arranging Music”). Le but ? Réunir dix musicien·nes des Hauts-de-France dans une salle pendant quatre jours pour créer un concert. Les deux 1ères résidences ont eu lieu en 2020 au Grand Mix, puis en 2022 à La Grange à Musique à Creil.

Lors du 1er appel à candidature, quatre-vingt-dix artistes ont postulé. “Un chiffre fort”, commente Élise Vanderhaegen. Avant d’ajouter : “On sait qu’elles sont là. Maintenant, il faut les accompagner et créer une synergie.” C’est d’ailleurs à l’issue d’un Blam que le groupe Nûr a vu le jour. “Là, on a moins de temps car on est toutes bénévoles”, explique Nine Jacquet, membre active de Loud’her, qui a bénéficié d’un contrat à durée déterminée l’année dernière. “On va réduire la cadence mais on a ouvert plein de réseaux”, lance-t-elle, confiante. À Oignies, près de Lille, la salle du 9-9bis s’apprête à organiser son propre Blam pour 2023. Preuve que ces initiatives essaiment de plus en plus.

Les musiciennes sur scène avec More Women on Stage

“Il faut montrer aux femmes qu’elles ont leur place”, lâche Lola Frichet, bassiste du groupe rock Pogo Car Crash Control et initiatrice du mouvement More Women on Stage, lancé en 2021 avec des stickers collés sur les murs des salles de concert. Inscrit avec des bandes de scotch blanc sur la basse de Lola,
qu’elle brandit sur scène, le slogan “More women on Stage” a été récupéré par de nombreux·ses musicien·nes.

En juin 2022, le mouvement a célébré la 1ère édition de son festival, avec une programmation majoritairement féminine à l’Olympic Café à Paris. Il s’apprête à investir Petit Bain en juin 2023 pour une seconde salve. 

Au bout du fil, Lola déroule les projets prévus cette année : la tournée More Women on Stage traversera six villes de France et de Belgique pour des concerts et des ateliers avec des professionnel·les de la région. À Paris, au Hasard Ludique, un cycle de masterclass sur la pratique instrumentale débutera avec la bassiste et contrebassiste Laure Sanchez, collaboratrice de Disiz.

Fin 2022, Lola a ouvert un site pour vendre des T-shirts noirs à l’effigie du mouvement, arborant aussi le slogan “More Women Backstage” en soutien aux techniciennes du secteur musical. Les 500 ventes financeront bien entendu les actions menées par More Women on Stage. Lola Frichet conclut : “On n’est pas là pour faire une marque mais pour montrer notre engagement.”