5G et santé: l'Anses estime que les risques sont "très peu probables" aujourd'hui

SCIENCE - C’était un rapport très attendu. Après des mois de débats politiques et de moratoires sur la question du déploiement des antennes 5G, l’Anses a rendu public ce mardi 20 avril son rapport sur l’exposition aux ondes liées à la technologie...

5G et santé: l'Anses estime que les risques sont "très peu probables" aujourd'hui

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Quel est l'impact des ondes de la 5G sur la santé? Un rapport de l'Anses de 241 pages fait le point.

SCIENCE - C’était un rapport très attendu. Après des mois de débats politiques et de moratoires sur la question du déploiement des antennes 5G, l’Anses a rendu public ce mardi 20 avril son rapport sur l’exposition aux ondes liées à la technologie 5G et les risques pour la santé.

241 pages techniques et compliquées, que l’on peut résumer ainsi: “des risques nouveaux sont très peu probables en l’état actuel des connaissances”, a déclaré Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses.

Pour autant, les experts de l’agence de la sécurité sanitaire recommandent également, en conclusion, de multiplier les mesures en situation réelles, de mieux évaluer les expositions maximales possibles lors des installations d’antennes, ou encore de réaliser plus d’études sur les nouvelles fréquences utilisées par la 5G.

Une conclusion très paradoxale en apparence, qui peut être comprise de deux manières. Les anti-ondes brandiront le principe de précaution pour demander de nouveaux moratoires sur le déploiement de la 5G. Les autres rappelleront qu’aucun risque n’existe et qu’il faut arrêter de jouer à se faire peur. La réalité est un peu plus nuancée et a trait aux caractéristiques de la 5G.

Un long débat et un consensus scientifique sur les ondes

Pour comprendre, il faut rappeler que ce débat est tout sauf récent. En 2012, lors du déploiement de la 4G, les élus écolos utilisaient déjà les mêmes arguments qu’aujourd’hui. L’adoption massive des 1ers téléphones portables avait entraîné les mêmes craintes.

En dix ans, l’Anses a publié une dizaine de rapports sur l’impact sanitaire des champs électromagnétiques. Tous vont dans le même sens: “Les conclusions de l’agence depuis de nombreuses années sont qu’il n’y a pas d’effet avéré sur la santé au niveau d’exposition auquel on est confronté. Les seuls effets que l’on peut voir ont lieu uniquement sur des niveaux d’exposition très élevés”, rappelle Olivier Merckel.

C’est également ce que nous résumaient plusieurs chercheurs que nous avions interrogés en juillet dernier. “Il n’existe aucune expérience sérieuse montrant que les radiofréquences soient mutagènes”, explique Jean-François Doré, directeur de recherche émérite à l’Inserm, qui a dirigé des rapports de l’Anses et travaillé avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à ce propos. “Il n’y a pas de preuve directe dans les études épidémiologiques chez l’homme faisant un lien entre exposition aux ondes et augmentation du risque”.

“Cela fait plus de 50 ans qu’on étudie les radiofréquences et il n’y a jamais rien eu de solide, de concret”, rajoute Hervé Cadiou, spécialiste du champ magnétique chez les animaux à l’université de Strasbourg. “Beaucoup d’articles scientifiques montrent des effets, mais de très faibles ampleurs et pas toujours reproductibles. Si vous courez, vous transpirez, cela a un effet, mais vous ne mettez pas votre vie en danger”, explique Yves Le Dréan, chercheur à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail de l’Inserm.

“Si on analyse les articles témoignant d’un effet, on a du mal à les classer en fonction des fréquences, des modulations, de la puissance...” “Il y a également beaucoup d’études mal réalisées, avec souvent des artefacts”, des faux positifs en quelque sorte, précise Hervé Cadiou.

Ce que change la 5G

Alors pourquoi tant de questions et tant de pages d’expertises sur la 5G, si rien ne prouve que les précédentes générations ne semblent pas nocives? D’abord, car l’absence de preuve n’est pas une preuve de l’absence. Il n’est donc jamais mal de continuer à vérifier.

Mais aussi car la 5G change quelque peu la donne, ou plutôt la fréquence. Pour faire simple, jusque là, les ondes utilisées par nos smartphones et autres objets connectés utilisent des fréquences allant jusqu’à 2,4 GHz. La 5G va utiliser ces fréquences, mais pas que. Dans un 1er temps va être déployée une bande à 3,5, puis à 26 GHz. Et effectivement, sur ces fréquences particulières, il y avait jusqu’alors très peu de données scientifiques fiables.

C’est notamment sur ces questions qu’a planché l’Anses. Pour la bande à 3,5 GHz, l’exposition sera en réalité très proche de ce que l’on connaît actuellement, selon les 1ères études et simulations de l’agence. “Au global, on va passer de 1,3 à 1,7 V/m”, explique Alicia Torriglia présidente du groupe de travail 5G. Cela peut sembler important, mais il faut rappeler que la valeur limite d’exposition est de 36 V/m. “On en est loin”. Au vu des différentes analyses réalisées, il est donc “peu vraisemblable que le déploiement de la 5G constitue un nouveau risque pour la santé”, précise l’experte.

Alors, pourquoi recommander plus de mesures, d’études, d’analyses? Car il existe encore quelques zones d’ombres pour cette technologie vendue comme révolutionnaire. D’abord, l’absence de risque avéré ne fonctionne qu’avec le niveau d’exposition classique, que l’on connait déjà. Or, la 5G doit, selon ses apôtres, permettre d’échanger encore plus de données. Entre nous, entre objets. Et qui dit plus de données dit plus d’ondes. C’est notamment sur ce point qu’il convient de continuer à analyser la situation, note l’Anses.

Reste également un point encore nébuleux: quel est l’impact des fréquences de 26 GHz? Théoriquement, cette bande sera notamment utile pour la communication entre objets connectés, ou pour faciliter l’accès à internet au sein de bâtiments, dans des zones bien spécifiques. Mais il n’existe aujourd’hui aucune donnée scientifique... car il n’existe quasiment pas d’antennes fonctionnant sur cette fréquence. D’où la nécessité pour la science de continuer à scruter de près ces nouvelles fréquences.

En clair, la 5G ne semble pas aujourd’hui plus dangereuse que la 4G ou que les générations précédentes. L’inconnu réside toutefois dans le futur de la 5G et le monde ultra connecté qu’elle promet.  

À voir également sur Le HuffPost: En Angleterre, les vaches testent la 5G