6 albums folk à écouter pour passer un bel automne

Bert Jansch – Bert Jansch (1965) Bert Jansch n’a que 22 ans quand il met en boîte son 1er album éponyme, en 1966. Né en 1943, deux ans après Bob Dylan, ses notes et ses motifs de guitare, instrument qu’il maniait avec une certaine virtuosité,...

6 albums folk à écouter pour passer un bel automne

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Bert Jansch – Bert Jansch (1965)

Bert Jansch n’a que 22 ans quand il met en boîte son 1er album éponyme, en 1966. Né en 1943, deux ans après Bob Dylan, ses notes et ses motifs de guitare, instrument qu’il maniait avec une certaine virtuosité, ont fait leur œuvre, se retrouvant pompés ci et là chez Led Zep ou encore Neil Young, qui tirera de l’immense Needle of Death – chanson définitive sur les ravages de l’addiction qui ne soigne rien – la non moins immense The Needle and the Damage Done (Harvest, 1972), s’en inspirera pour le titre Ambulance Blues (On The Beach, 1974) et la reprendra même sur le poignant A Letter Home (2014), mis en boîte avec le pote Jack White. Son fingerpicking unique, ses lignes mélodiques, font de Jansch, l’Écossais, une référence absolue de l’épure, que sa voix accidentée et à part achèvera de graver dans les mémoires folk.

Album : Bert Jansch (Sanctuary Records)

Joanna Sternberg – I’ve Got Me (2023)

“Bonjour, mon nom est Joanna. Je suis une personne qui chante des chansons, écrit des chansons, dessine, joue différents instruments de musique et regarde ce que la majorité des gens considérerait comme beaucoup trop la télé.” C’est ainsi que Joanna Sternberg, singer/songwriter made in New York City, se présente sur sa page Bandcamp. I’ve Got Me, sorti cette année chez Fat Possum, est son deuxième album (le 1er, Then I Try Some More, date de 2019) et renferme douze chansons précieuses, à dominante folk, mises en boîte avec Matt Sweeney (compagnon de route de Will Oldham et Cat Power) Folk ? Ne devrait-on pas plutôt dire anti-folk ? C’est qu’on les imagine bien chantées sur la scène du Sidewalk Cafe à la fin des années 90, ces chansons, ce haut lieu de pratique de l’open-mic où se croisaient Jeffrey Lewis et les Moldy Peaches (entre autres). Confessions de poche, lettres d’amour désespérées, douleur inimaginable, joies éphémères, Joanna met tout dans ce disque ludique et grave, aux couleurs d’un New York éternellement automnal. Le songwriting est un art, Sternberg en fait un art majeur.

Album : I’ve Got Me (Fat Possum Records)

Myriam Gendron – Not So Deep As A Well (2014)

Et dire que Myriam Gendron n’a même pas 40 ans. La Québécoise, native d’Ottawa, Ontario, enregistre Not So Deep As Well (pressé et publié pour la 1ère fois en Europe le 17 novembre, via Basin Rock Records) seule chez elle, sur du matériel rudimentaire, un peu à la manière d’un Bruce Springsteen époque Nebraska (1982). Les morceaux qui constituent ce 1er album sont des mises en chanson de la poétesse américaine Dorothy Parker, décédée en 1967. “J’ai réalisé après que j’étais capable d’écrire mes paroles. J’ai eu envie d’essayer. Mais je ne trouve pas que c’est forcément une forme de création supérieure. Certaines de mes adaptations m’ont donné plus de mal”, dévoilera-t-elle au média canadien La Presse en 2022, après la sortie de son troisième album, Ma délire – Songs of love, Lost & Found (2021). Gendron plongeait alors dans les racines des musiques folk et traditionnelles – “la folk music, ce sont des chansons que l’on tient toujours de quelqu’un d’autre”, dixit Bob Dylan – dont la caractéristique 1ère est la transmission, pour livrer des interprétations et réinterprétations d’une pureté totale, sensibles et indatables au Carbone 14. Si vous ne versez pas une larme face à cet océan d’éternité, c’est que votre âme est déjà dévastée. John Fahey likes this.

Album : Not So Deep As A Well (Basin Rock)

Nick Drake – Pink Moon (1972)

La vie de Nick Drake aura duré le temps d’une bourrasque, charriant dans son sillage son lot de feuilles mortes. Décédé le 25 novembre 1974 à l’âge de 26 ans d’une overdose (on boucle la boucle entamée avec le Needle of Death de Bert Jansch), l’Anglais aura eu le temps d’enregistrer trois albums, dont le légendaire Pink Moon, célèbre – par ailleurs – pour sa pochette déprimée et surréaliste, que l’on croirait de Salvador Dalí, signée Michael Trevithick, un pote de la frangine de Drake. Isolé, retenu prisonnier par une dépression carabinée qui aura finir par avoir sa peau, le jeune Nick préfigure le mal-être et le destin tragique de nos héros de l’Americana-folk des années 90 (on pense à un certain Elliott Smith). Que dire, sinon que Pink Moon ne s’est pas franchement bien vendu à sa sortie, et qu’il est aujourd’hui un idéal à atteindre pour tout musicien cherchant l’improbable équilibre entre symphonie grandiose et épure ascétique. Car ici, tout est beau, du frottement des cordes de sa guitare acoustique jusqu’aux silences qui ponctuent cet album qui nous plonge instantanément dans une torpeur toute singulière et que l’on se plait à revisiter régulièrement. Pink Moon, comme une évidence.

Album : Pink Moon (Island Records)

Sibylle Baier – Colour Green (2006)

Colour Green de Sibylle Baier est sorti en 2006, mais les chansons qui le composent ont été enregistrées au début des années 70, chez elle, à la manière de Myriam Gendron. Ils sont nombreux, ces derniers temps, les musiciens à mentionner l’influence de ce disque de l’artiste américaine d’origine allemande, également comédienne, sur leur travail. Et notamment Helena Deland, qui vient de publier avec Goodnight Summerland, le plus beau disque folk de cette année 2023. Il faut dire qu’il y a dans ces 14 artefacts, venus d’un temps qui n’existe pas, toute la beauté de l’existence, et ses affres aussi. Comparée à Leonard Cohen (il y a quelque chose dans le phrasé, notamment sur le bouleversant I Lost Something In the Hills), Sibylle Baier a ce truc qui semble dire que le monde a arrêté de tourner, l’anomalie étant qu’on est toujours là. Témoignage d’un portion de vie, cartes postales mélancoliques, aquarelles pastel, photographie sépia d’une mystérieuse jeune femme dont on ne perçoit pas le visage dans son ensemble, Colour Green est ce disque dont on ne percera jamais le mystère, et qui s’écoutera encore et encore, jusqu’à épuisement du stock des forces vitales de la planète.

Album : Colour Green (Orange Twin Records)

Ty Segall – Sleeper (2013)

En 2013, Ty Segall a seulement 26 ans et compte déjà cinq albums solo dans les pattes – sans causer des collaborations extérieures, de ses disques avec les potes Mikal Cronin et Tim Presley et ceux de ses groupes précédents. Après avoir ratissé en long et large toutes les nuances de fuzz et extirpé le garage-rock à tendance psychédélique de ses mauvaises habitudes revivalistes, le Californien débranche sa Fender et sort la guitare acoustique, le temps d’un recueil de dix chansons beau et triste à pleurer à la fois. Il y est question de deuil, de haine, de perte. La voix de Ty, atteinte, engourdie, à bout parfois, traverse ce disque folk sous tension, faussement minimaliste et dépouillé. Dépouillé, oui, mais à condition de ne pas trop le secouer, au risque de prendre un sceau de morgue sur la tronche. L’album est désormais culte, même si son caractère crépusculaire et à part dans la discographie du kid d’Orange County, exemplaire et frénétique, lui conférait déjà ce statut dès sa sortie. Pour en prendre la mesure, il faut écouter Hello, Hi (2022), sorti l’année dernière : un album lumineux, parfait négatif de Sleeper, intranquille certes, mais écrit et composé dans un état d’apaisement, avec lequel Ty Segall revenait à la guitare acoustique après l’avoir longtemps délaissée.

Album : Sleeper (Drag City)