À 21 ans, si ma dyslexie était diagnostiquée, je pourrais avancer - BLOG

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Quand j’ai fait ma journée d’appel, on m’a dit que j’étais sûrement a href=dyslexique et dysphasique. C’était la 1ère fois que j’entendais ces mots." data-caption="Quand j’ai fait ma journée d’appel, on m’a dit que j’étais sûrement dyslexique et dysphasique. C’était la 1ère fois que j’entendais ces mots." data-rich-caption="Quand j’ai fait ma journée d’appel, on m’a dit que j’étais sûrement dyslexique et dysphasique. C’était la 1ère fois que j’entendais ces mots." data-credit="elenaleonova via Getty Images" data-credit-link-back="" />

DYSLEXIE - Quand je lis, pour bien comprendre, il faut que je lise plusieurs fois. Quand j’écris, j’ai toujours le doute de savoir si c’est la bonne orthographe. En public, j’ai du mal à lire et à m’exprimer. Tous ces doutes, ça me bloque. Mes difficultés à lire et à écrire m’ont fait douter de mon avenir, de mon intelligence.

Au quotidien, je me prends beaucoup de réflexion de la part de mes proches. Surtout de mes grandes sœurs, elles aiment bien dire: “Alicia, elle comprend jamais rien.” Je sais qu’elles disent ça pour rire, mais moi je ne trouve pas ça très drôle. Moi, quand je ne comprends pas, ça m’angoisse, me stresse et m’énerve.

J’ai fait la sixième générale, puis on m’a changée d’école pour me mettre dans une classe pour les gens en difficulté, jusqu’à la troisième. Je me souviens encore de la réunion, ils ont dit à ma mère que j’avais un vrai problème avec certaines matières, qu’il était mieux pour moi que j’aille dans “une classe un peu spéciale”. C’était la SEGPA.

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Au début, je ne comprenais pas. Je pensais que c’était parce que je faisais des bêtises, que je bavardais trop. Après, je me suis rendu compte que ça m’aidait : on était moins d’élèves, c’était plus pratique pour se concentrer. Les profs travaillaient plus en individuel avec nous, les cours étaient plus faciles, on faisait de la pratique. Mais je n’avais pas de moments spéciaux pour progresser en lecture et écriture. Je n’en avais pas parlé, parce qu’au collège, je n’en avais pas conscience, je n’y pensais pas.

Avant ma journée d’appel, je ne connaissais pas la dyslexie

Mais j’y pense, depuis récemment. À 18 ans, en arrivant à l’E2C (école de la deuxième chance), je me suis rendu compte, en faisant des tests, de positionnement, que j’avais du mal à me concentrer, à écrire, à lire, ou à lire à voix haute. Dans le test de français, quand il fallait lire, la 1ère fois je ne comprenais pas, la deuxième fois non plus… Il me fallait plusieurs fois. On n’a pas eu le retour des textes, et ils ne m’ont pas parlé de mes difficultés. C’est moi qui ai réalisé par moi-même.

Ça faisait deux ans que je n’avais rien lu. J’ai arrêté l’école à 17 ans. Après mon CAP cuisine / agent polyvalent de restauration, j’ai directement travaillé pendant un an, au McDo. Le CAP, c’était beaucoup de pratique. On faisait des recettes, on préparait. Je connaissais les bases, les dosages, et ce sont plus des mots qu’un texte, comme une liste. Puis, au McDo, lire les commandes, c’était simple, parce que c’est pareil, ce sont des mots. Mais ce CAP, je ne l’avais pas voulu. Après le collège, on m’avait directement orientée vers ça, mais ce n’était pas ce que je voulais faire. J’aurais préféré travailler avec les personnes âgées. J’ai toujours voulu essayer ce genre de métier.

Quand j’ai fait ma journée d’appel, on m’a dit que j’étais sûrement dyslexique et dysphasique. C’était la 1ère fois que j’entendais ces mots. C’était après le test de français, le formateur m’a prise à part et m’a parlé de ça. Mais je ne comprenais pas à quoi ça correspondait, au collège on ne m’avait jamais dit ça.

Ça me handicape carrément. Avant de rentrer à l’E2C, j’avais postulé un peu partout pour trouver quelque chose, mais je n’avais pas été prise. J’avais fait un test pour être aide à la personne, mais je l’avais raté. C’était plein de questions sur le métier, alors que je ne le connaissais pas encore. À l’écrit.

J’aimerais arrêter de m’empêcher de faire des choses

Peu après mon entrée à l’E2C, j’ai eu un entretien pour être animatrice avec des enfants. Le responsable m’a appelé, il était super intéressé par mon profil, il avait adoré mon CV. Quand je suis allée à l’entretien, je suis arrivée trempée parce qu’il avait beaucoup plu. Donc je ne me sentais déjà pas très à l’aise. Je regardais en l’air, je demandais au responsable de répéter, je ne comprenais pas tout. Et surtout, j’avais vraiment du mal à me faire comprendre. À la fin, il m’a dit: “Je vous rappellerai.” Mais je n’ai jamais reçu aucun appel…

Heureusement, ça ne m’arrive plus ce genre de situation. À l’E2C, j’ai appris à bien préparer un entretien. On reçoit un véritable accompagnement, les formateurs me connaissent bien et s’adaptent à moi et à mes problèmes. Bientôt, je vais faire un stage en tant qu’animatrice auprès des personnes âgées, j’ai hâte!

Maintenant, j’aimerais arrêter de m’empêcher de faire des choses, j’aimerais avoir plus confiance en moi. Par exemple, j’ai toujours voulu faire du théâtre. Même si il y a trop de choses à lire, à apprendre par cœur… Peut-être que je pourrais demander à en faire à l’E2C?

Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

 

À voir également sur Le HuffPost: Pourquoi il faut arrêter de voir les personnes dyslexiques comme des personnes dysfonctionnelles?