À 23 ans, je suis étudiant et j'habite à Paris... chez mes parents - BLOG

master. Je vis encore chez mes parents, car je n’ai jamais ressenti le besoin pressant de m’échapper. J’habite sur Paris, je ne paie pas de loyer, je m’entends bien avec ceux qui m’ont mis au monde. Tout ce qu’il y a de plus confortable." data-caption="J’entame...

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J’entame ma 1ère année de a href=master. Je vis encore chez mes parents, car je n’ai jamais ressenti le besoin pressant de m’échapper. J’habite sur Paris, je ne paie pas de loyer, je m’entends bien avec ceux qui m’ont mis au monde. Tout ce qu’il y a de plus confortable." data-caption="J’entame ma 1ère année de master. Je vis encore chez mes parents, car je n’ai jamais ressenti le besoin pressant de m’échapper. J’habite sur Paris, je ne paie pas de loyer, je m’entends bien avec ceux qui m’ont mis au monde. Tout ce qu’il y a de plus confortable." data-rich-caption="J’entame ma 1ère année de master. Je vis encore chez mes parents, car je n’ai jamais ressenti le besoin pressant de m’échapper. J’habite sur Paris, je ne paie pas de loyer, je m’entends bien avec ceux qui m’ont mis au monde. Tout ce qu’il y a de plus confortable." data-credit="Patrick Chu via Getty Images" data-credit-link-back="" />

ÉTUDIANTS - Samedi soir. Minuit. Je viens de terminer mon service. J’en assure trois dans la semaine. Additionnés, cela revient à 15 heures. En fin de mois, ça fait un petit paquet de fric. Je bosse dans une crêperie de quartier, dans le 15e arrondissement de Paris. Là où j’ai toujours vécu. Une fois rentré, je retrouve mes parents à qui je explique ma journée puis file dans ma chambre pour me libérer l’esprit, avant d’éteindre les lumières. À bientôt 23 ans, je n’ai encore jamais déménagé. Et même si la vie d’adulte pointe de plus en plus le bout de son nez, avec tout ce qu’elle engage, quitter le cocon familial ne me fait pas peur. Au contraire. C’est quelque chose qui, au fond de moi, me fait de l’œil, mais pour le moment, j’attends patiemment.

J’entame ma 1ère année de master. Je vis encore chez mes parents, car je n’ai jamais ressenti le besoin pressant de m’échapper. J’habite sur Paris, je ne paie pas de loyer, je m’entends bien avec ceux qui m’ont mis au monde. Tout ce qu’il y a de plus confortable. Dans mon entourage amical, il y a celles et ceux qui, comme moi, ont toujours vécu à Paris et habitent encore chez leurs parents. Et il y a les autres qui ont déjà pris leur envol.

Vous avez envie de expliquer votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!

Quitter Paris pour Paris, quel intérêt?

Ils ne viennent pas de la capitale. Ou alors s’entendaient mal avec leurs parents. Le plus souvent, leurs études les ont obligés à s’installer seul ou en coloc”. C’est super cool évidemment, et je suis persuadé que ça me plairait aussi. Mais dans mon cas, quitter Paris pour Paris, mis à part pour renforcer mon indépendance, je ne vois pas vraiment l’intérêt. Ce serait comme abandonner sa Mercedes pour acheter une autre Mercedes, mais… d’occasion. Beaucoup plus crade, et aussi plus vieille, avec des frais d’entretien bien plus élevés (désolé, je n’aime pas les voitures, mais ça cause à tout le monde).

Quelles sont les raisons qui poussent certain·e·s adultes à rester vivre chez leurs parents ou grands-parents ? Une étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) s’est intéressée à ce phénomène.

Avec mes potes, j’ai parfois la sensation d’être dans un épisode de Friends, celui où les différences de moyens financiers de chacun fissurent le groupe, pourtant soudé. Il y a ceux qui vivent et ceux qui survivent. Ceux qui ont les moyens et ceux pour qui le fric est un frein. Ça empêche parfois les seconds d’aller boire un verre, les oblige à préparer leur bouffe pour chaque repas plutôt que de se faire un resto, les retient d’aller au ciné ou d’acheter un bouquin. Bref, ça les maintient dans un état d’angoisse constante. Ça les prive d’une vie étudiante pleinement jouissive et ne leur facilite pas les études, qui deviennent un poids de plus… Et quand il s’agit d’organiser des vacances de fin d’année, alors qu’on en a tous et toutes besoin, on distingue réellement cette fissure. Le courant d’air mérité n’est pas pour tout le monde.

À Paris, 800 euros, l’appartement de 15 mètres carrés

Malgré ces dissemblances, on s’entraide. Je me prends assez peu de remarques sur le fait d’être toujours chez papa-maman. J’ai l’impression que c’est quelque chose de plus ou moins usuel pour notre génération. En tout cas dans une métropole comme Paris, où les loyers démesurés ont de quoi freiner les ardeurs. J’y ai déjà jeté un coup d’œil, intrigué. Ça m’a évidemment traversé l’esprit de m’échapper. Mais 800 euros pour quinze mètres carrés, vous ne voyez pas la douille ?

Et puis, être encore chez mes parents, c’est un gain de temps considérable, puisque je n’ai pas à penser à toutes les petites choses à côté. Je peux me concentrer sur mes études, tout en consacrant du temps à des activités extérieures et à du travail personnel. Avoir un petit boulot sans être confronté aux galères de la vie indépendante me permet d’être financièrement stable et aisé. Au moins, mes parents n’ont pas à me filer d’argent de poche.

Je profite tout en mettant de côté

À ce niveau, je sais me gérer. J’ai la chance de pouvoir mettre de côté et de ne jamais être dans le rouge. Niveau sorties, j’enchaîne concerts, cinémas, expositions et verres dans les bars sans trop de soucis. Je fais rarement gaffe. Passionné de musique et de littérature, j’achète régulièrement CD et livres. Je suis également en mesure de m’offrir des tatouages quand j’en ai envie et un nouveau casque quand le mien se pète. Un putain de privilège quand on est étudiant.

Quand Lana est arrivée à Paris, elle a eu du mal à trouver un appartement décent… Alors, en attendant, elle est allée vivre chez une amie: "Ma rentrée étudiante, c’est squattage de canap’".

Le but ici n’est pas d’exhiber mon confort de vie (tout est relatif, je ne roule pas sur l’or, loin de là), mais plutôt d’essayer de comprendre ce qui pousse les jeunes adultes à quitter le nid de plus en plus tard, et de voir à quel point ces disparités entre étudiants influent sur la manière qu’a chacun d’appréhender aussi bien les études que la vie en général.

Je me sais privilégié, je profite de mon confort. Mais un jour, je partirai (encore heureux), et autant dire que j’attends ce moment autant que je l’appréhende. Ce jour-là, je serai prêt. Et j’essaierai encore de vivre. Non pas de survivre comme certains de mes potes.

Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

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