À Albertville, le projet d'une école privée musulmane fait polémique
RELIGION - Une école privée musulmane privée sera-t-elle construite à Albertville (Savoie)? Alors que le tribunal administratif de Grenoble a obligé le maire d’Albertville (Savoie) à autoriser sa construction, le préfet de Savoie Pascal Bolot...
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RELIGION - Une école privée musulmane privée sera-t-elle construite à Albertville (Savoie)? Alors que le tribunal administratif de Grenoble a obligé le maire d’Albertville (Savoie) à autoriser sa construction, le préfet de Savoie Pascal Bolot s’est élevé contre le projet de construction ”démesuré” et “séparatiste”, souhaitant un appel contre le jugement qui l’a autorisée, dans une entrevue au quotidien Le Dauphiné Libéré de ce dimanche 11 avril. La veille, Laurent Wauquiez avait demandé son soutien à Emmanuel Macron pour empêcher l’installation de l’école.
Vendredi, le tribunal administratif a autorisé la construction de l’école de 400 élèves dans la ville de 20.000 habitants à l’initiative de la Confédération islamique Millî Görüs (CIMG), proche de la Turquie. Il a donné deux mois à la mairie pour délivrer le permis de construire, estimant que les motifs avancés par la mairie, portant notamment sur les places de stationnement, n’étaient pas recevables.
Dans une tribune publiée vendredi par Le Figaro, le maire (sans étiquette) Frédéric Burnier-Framboret, a vivement regretté cette décision, dont il pense faire appel. Il s’est dit “démuni” pour “contrer l’installation d’associations ou d’entreprises pilotées par des puissances étrangères, qui favorisent une cristallisation identitaire au cœur de nos territoires”.
Le recours au Code de l’urbanisme était “le seul moyen législatif” à sa disposition pour s’opposer à la construction de cette école, a-t-il fait valoir auprès de l’AFP.
Une école ni “islamiste” ni “turque”
Avec le projet d’accueillir 400 élèves, l’établissement serait “de nature à mettre en péril les classes, voire les écoles” d’Albertville, qui en accueillent aujourd’hui environ 1200. Un projet de moindre envergure “aurait pu être discuté” mais l’édile dit avoir reçu “une fin de non-recevoir” de la CIMG.
Cette association est aussi à l’origine d’un projet de mosquée à Strasbourg, pour laquelle la municipalité écologiste a voté le 22 mars le “principe” d’une subvention de plus de 2,5 millions d’euros, s’attirant de très vives critiques du gouvernement. L’école en projet à Albertville “ne peut qu’inciter au communautarisme”, a estimé le maire. Il précise qu’elle s’installerait à côté d’une mosquée gérée par l’antenne locale de CIMG, avec laquelle il assure avoir “de bonnes relations”.
Les propos du maire sont “aussi tendancieux qu’inexacts”, a rétorqué Fatih Sarikir, président de CIMG France, dans un communiqué transmis vendredi soir. L’école qu’il souhaite construire “ne sera ni “islamiste” ni “turque” mais “une école confessionnelle hors contrat comme il y en a déjà tant en France, la plupart catholiques ou juives”, ajoute-t-il en espérant que son établissement pourra passer sous contrat après le délai légal de cinq ans.
Laurent Wauquiez enjoint Macron d’empêcher la construction
Au lendemain de la décision judiciaire, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est adressé au président de la République à travers une lettre, relayée par Le Dauphiné, afin de lui demander d’intervenir en faveur de l’élu et d’“empêcher l’installation de cette école”. “L’école serait un établissement hors contrat, dont l’orientation consistera très clairement à promouvoir des valeurs qui ne sont pas celles aujourd’hui de la République”, a-t-il écrit.
Et d’évoquer le projet de loi sur le séparatisme, rappelant que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait “lui-même désigné Millî Görüs comme étant des “ennemis de la République”. “J’en appelle à vous pour que ce sujet soit tranché. Pour que nous sortions des hypocrisies où, d’un côté, il y a de grands textes de loi et, de l’autre côté, une réalité qui s’impose aux élus locaux et qui les prive de toute possibilité d’action de lutte contre le communautarisme”, a-t-il encore plaidé, ajoutant qu’il “serait dramatique qu’au sein même de notre pays, le Président de la République soit impuissant à faire respecter les principes qu’il a lui-même posé comme ligne directrice pour notre pays”.
Le préfet de Savoie Pascal Bolot soutient le maire
Ce dimanche, le préfet de Savoie Pascal Bolot a, lui aussi, indiqué soutenir le maire, estimant que le positionnement de l’association est “séparatiste” dans une entrevue au Dauphiné Libéré. “Ce projet relève sans ambiguïté d’une logique séparatiste: c’est une école privée islamique qui revendique sa prise de distance avec le système éducatif français. Comme partout ailleurs, la CIMG n’entend pas ouvrir cette école sous la forme d’un établissement sous contrat. Ses responsables entendent l’inscrire dans une union européenne des écoles musulmanes créée à leur propre initiative, ce qui est une manière d’échapper aux contingences nationales”, explique le préfet.
Projet d'école privée musulmane à Albertville: le préfet de la Savoie soutien le maire #DauphineLiberehttps://t.co/X5ZkcDi5rF
— Le Dauphiné Libéré #dauphinelibere (@ledauphine) April 11, 2021
“On ne peut pas, en France, tolérer des établissements où on tient école de contre-République. C’est le devoir du maire et de l’État de ne pas accepter ce type d’initiative qui participe à un processus d’archipélisation de la société française”, juge-t-il, rappelant que la CIMG a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France.
Le préfet estime également que le projet n’est “pas acceptable, sur la forme, parce qu’il est démesuré”. “Albertville, c’est 19.000 habitants, 1500 écoliers. Là, on a une école confessionnelle qui prévoit de capter 400 élèves (...) On a un risque de bouleversement de la carte scolaire (...) On a un risque d’accélération de fermeture de classes et de différer des investissements pour des écoles de la République à Albertville”.
Pour toutes ces raisons, le préfet “souhaite que la commune fasse appel de la décision du tribunal administratif”, disant que “des motifs, en droit, devraient permettre de faire obstacle à l’exécution de ce jugement de 1ère instance”.
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