À Auschwitz, Castex s'en prend à ceux qui "travestissent l'histoire"
MÉMOIRE - Une lutte permanente. Le Premier ministre Jean Castex a réaffirmé ce jeudi 27 janvier le “combat” que mène la France contre l’antisémitisme, mais aussi contre ceux qui “travestissent l’histoire” de la Shoah, à l’occasion du 77e anniversaire...
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MÉMOIRE - Une lutte permanente. Le Premier ministre Jean Castex a réaffirmé ce jeudi 27 janvier le “combat” que mène la France contre l’antisémitisme, mais aussi contre ceux qui “travestissent l’histoire” de la Shoah, à l’occasion du 77e anniversaire de la libération des camps nazis allemands d’Auschwitz-Birkenau en compagnie de rescapés, collégiens et lycéens.
À dix semaines de la présidentielle française, et alors que les débats mémoriels imprègnent l’actualité, il était évident que la visite du Premier ministre, deux ans après celle de son prédécesseur Édouard Philippe, prendrait un tour politique. Et le message le plus direct fut délivré par un survivant d’Auschwitz, le chirurgien Elie Buzyn, désormais âgé de 93 ans, qui a fermement mis en garde la poignée d’adolescents présents dans la délégation contre les “extrémismes politiques, à droite et à gauche”.
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“Comme nous sommes à la veille des élections, je vous rappelle qu’en 1933, le chancelier Hitler est arrivé au pouvoir après de élections tout à fait démocratiques”, a lancé le père de l’ancienne ministre de la Santé. “Alors il faut bien réfléchir avant d’aller voter”, a-t-il encore exhorté les jeunes lauréats du Concours national de la résistance et de la déportation.
L’émouvant récit d’Elie Buzyn
Auparavant, dans un échange à bâtons rompus avec Jean Castex et des lycéens dijonnais à l’heure de la pause déjeuner, Elie Buzyn avait ému l’assistance en racontant son arrivée avec ses parents et sa sœur à Birkenau, lorsque “deux déportés s’étaient approchés” de lui et l’avaient enjoint de dissimuler son âge réel -15 ans alors- pour dire qu’il avait 17 ans.
Un conseil qui lui avait permis de franchir la macabre sélection effectuée dès la descente du train par le personnel nazi allemand du camp, comme quoi “la vie parfois tient à un mot”. “Sinon je serais parti en fumée en 1944″, a-t-il glissé aux adolescents suspendus à son récit.
Après avoir parcouru sous un ciel bas, dans le froid et la neige fondue, l’immense camp de Birkenau, puis visité les casernes en briques d’Auschwitz et effectué les gestes rituels de mémoire, Jean Castex a lui aussi distillé des messages.
Car le climat est inquiétant: une étude de l’Ifop, parue mercredi dans Le Parisien, a montré que 85 % des Français juifs, et 64 % de l’ensemble de la population, estiment que l’antisémitisme est un sentiment répandu en France. Et plus largement, les actes à motif antisémite ont atteint leur plus haut niveau sur dix ans en 2021 avec plus de dix incidents par jour dans le monde, selon un rapport publié lundi par l’Agence juive et l’Organisation sioniste mondiale.
“Combat permanent et absolument déterminé contre l’antisémitisme”
Dans ce cadre, “la République française, dans un combat permanent et absolument déterminé contre l’antisémitisme reste plus que jamais vigilante. Elle déploie et déploiera tous les moyens nécessaires pour le combattre”, a martelé le Premier ministre.
“Auschwitz est ‘une rupture dans l’Histoire de l’Humanité’ disait Simone Veil. Ce qu’il s’est passé ici nous oblige à tout jamais. La barbarie et les ressorts qui y conduisent doivent toujours nous trouver en travers de leur chemin. C’est la condition même de notre Humanité”, a encore souligné le Premier ministre.
Auschwitz est "une rupture dans l’Histoire de l’Humanité" disait Simone Veil.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) January 27, 2022
Ce qu’il s’est passé ici nous oblige à tout jamais. La barbarie et les ressorts qui y conduisent doivent toujours nous trouver en travers de leur chemin. C’est la condition même de notre Humanité. pic.twitter.com/JTtgq5K3s1
En petit comité, Jean Castex a aussi fustigé ceux qui remettent en cause la responsabilité de l’État français dans la déportation, en allusion aux propos du candidat d’extrême droite Éric Zemmour, qui voit dans le maréchal Philippe Pétain un “sauveur” des Juifs.
“Ce débat historique et politique est tranché”, a balayé le chef du gouvernement. “Après vous avez toujours des gens qui contestent”, “travestissent l’histoire”, et “il faut les combattre avec la dernière énergie”, a plaidé Jean Castex. “C’est un combat juridique, mais c’est d’abord un combat politique, idéologique, une vision de la société et de l’humanité”, a insisté le Premier ministre.
Soulignant que le révisionnisme avait toujours existé (“l’enveloppe change mais pas le fond”), le chef du gouvernement a aussi voulu “rappeler ce à quoi ces postures politiques peuvent conduire”. “Ça finit toujours mal”, a-t-il averti.
“Le régime de Vichy doit être condamné pour toujours”
Présentant à Jean Castex une salle du pavillon français d’Auschwitz, dans laquelle il expose un millier de photos d’enfants assassinés, l’avocat Serge Klarsfeld, dont le père Arno fut aussi tué à Auschwitz, a enfoncé le clou devant les adolescents: “le régime de Vichy doit être condamné pour toujours”.
Le camp d’Auschwitz-Birkenau, situé dans le sud-est de la Pologne alors occupée par les nazis du Troisième Reich d’Adolf Hitler, a fonctionné entre juin 1940 et janvier 1945.
Quelque 1,1 million de personnes, dont une immense majorité de juifs de différents pays européens, y ont péri, exterminées dans des chambres à gaz ou mortes de faim et d’épuisement. Il a été libéré par l’Armée rouge le 27 janvier 1945.
De son côté, Emmanuel Macron a ravivé jeudi soir la flamme sous l’Arc de Triomphe à Paris aux côtés de deux rescapés de la Shoah. Dans une vidéo postée jeudi par l’Élysée, Emmanuel Macron insiste sur la nécessité de “ce travail de mémoire et d’humanisme” sur l’Holocauste.
Ne rien oublier. Ne rien céder.
— Élysée (@Elysee) January 27, 2022
Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. pic.twitter.com/eZF7SPUytF
“Nous le devons en particulier aux jeunes générations: pour que jamais ne soit oubliée la mémoire de la Shoah, pour que jamais ne soit répétée l’atrocité de notre histoire, pour qu’aucun jeune Européen ne puisse l’ignorer”, insiste-t-il. Car “l’ignorer c’est prendre le risque de laisser certains faire réapparaitre les discours du pire, de laisser revenir les vents mauvais”.
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