À Europe 1, ces personnalités s'opposent à la mainmise de Bolloré

MÉDIAS - Patrick Cohen, Anne Sinclair, Pascale Clark, Bertrand Chameroy, Nicolas Poincaré... D’anciennes et d’actuelles voix d’Europe 1 se sont rassemblées ce mercredi 30 juin devant les locaux de la radio situés dans le 15e arrondissement...

À Europe 1, ces personnalités s'opposent à la mainmise de Bolloré

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MÉDIAS - Patrick Cohen, Anne Sinclair, Pascale Clark, Bertrand Chameroy, Nicolas Poincaré... D’anciennes et d’actuelles voix d’Europe 1 se sont rassemblées ce mercredi 30 juin devant les locaux de la radio situés dans le 15e arrondissement à Paris, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

L’événement organisé par la société des rédacteurs d’Europe 1 avait pour but d’alerter l’opinion sur la mainmise croissante de Vincent Bolloré sur la radio et sa volonté d’établir des passerelles avec CNews présentée comme une chaîne d’opinion et plus d’information. Une des raisons qui avait d’ailleurs poussé la rédaction à faire grève pendant cinq jours mi-juin.

Devant le siège de Lagardère News, Patrick Cohen, présentateur emblématique de la station a pris la parole face à la foule d’environ 200 personnes. “Le modèle qui est en train de gagner aujourd’hui est celui qui cherche à produire non pas de l’information et de la connaissance, non pas du lien social, mais au contraire à créer des controverses, des fractures”, a dénoncé celui qui est également membre de la société des rédacteurs. 

Dans l’assemblée, d’autres figures emblématiques de l’antenne comme Olivier de Rincquesen. La voix historique d’Europe 1 de 1971 à 1996 a dénoncé “la déliquescence des programmes qui s’est accélérée”, pointant du doigt la ”responsabilité de l’actionnaire actuel”.

Des journalistes de BFM TV et France Inter présents

D’autres personnalités étaient également présentes comme Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières ou l’économiste Julia Cagé. Des journalistes d’autres rédactions ont aussi pris part au rassemblement, à l’image de Patrick Sauce, grand reporter à BFM TV. “On se dit: ‘les prochains c’est qui?’ Nous étions nombreux de BFM TV à manifester avec les copains d’Itélé en 2016. Là on manifeste devant Europe 1. On ne sait pas où on manifestera notre soutien la prochaine fois, mais ça peut être pour nous et c’est une crainte de tous les instants”, estime-t-il.

De son côté, Claude Askolovitch (France Inter) se dit préoccupé par le management par la peur déjà dénoncé par les syndicats de la radio. ”Qu’Europe1 qui était une radio moderne décide par la volonté de ses actionnaires d’être plus à droite, je peux le regretter, je peux ne pas être indifférent, mais ça ne me regarde pas. Ce qui me regarde c’est la manière dont on traite les gens”, explique au HuffPost celui qui présente la revue de presse de la matinale de France Inter. “Ce n’est pas dans les prérogatives d’un actionnaire ni d’un manager de se montrer brutal. Des centaines de salariés ont connu au cours des dernières années cette brutalité qu’est en train de subir la rédaction d’Europe 1″.

Pascale Clark charge Roselyne Bachelot

Au même moment se tenait l’assemblée générale à Lagardère qui officialisait sa transformation en société anonyme. Un changement plus que symbolique puisqu’il a entraîné pour Arnaud Lagardère la perte de son pouvoir absolu, actant l’entrée en force de Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, au conseil d’administration. 

Pour Pascale Clark, ce mercredi 30 juin marque l’entrée du loup dans la bergerie. ”Aujourd’hui il se passe quelque chose de très important, mais qui nous concerne peu: des gens très puissants très riches sont en train de décider de nous en fait. Nous, on n’a pas beaucoup de pouvoir, on sait déjà que sans le dire Vincent Bolloré est en train de prendre le contrôle de cette radio pour en faire une espèce d’appendice radiophonique de CNews (...) C’est peut-être un baroud d’honneur (ce combat, ndlr), peut-être le dernier″.

Celle qui a été poussée vers la sortie début juin, après seulement un an sur la station regrette le désintérêt du ministère de la Culture pour ce sujet de la préservation de l’indépendance des rédactions.

”C’est une affaire qui concerne ce pays, ce ne sont pas juste les journalistes entre eux qui essayent de se sauver. On sait bien que quand les médias sont autant concentrés et qu’il y a visiblement un projet politique d’extrême droite ça devrait concerner tout le monde. Les politiques sont inexistants depuis le 1er jour (de la mobilisation, NDLR). Roselyne Bachelot, je crois bien qu’elle est en charge de la Communication, après elle ne l’a pas beaucoup prouvé. C’est incroyable. On ne lui demande pas de s’engager, mais au moins qu’elle s’intéresse et qu’elle s’exprime.”

“On aimerait que les politiques s’emparent -au-delà d’Europe 1- du sujet de l’indépendance des rédactions”, ajoute de son côté Olivier Samain délégué syndical SNJ, qui comprend toutefois que cela puisse être délicat et mal interprété, surtout à l’approche de la campagne présidentielle.

L’intersyndicale d’Europe 1 réfléchit d’ores et déjà à d’autres actions à mener pour alerter l’opinion sur la situation actuelle que rencontre la radio. D’autant que le cas Victor Dhollande n’a pas été réglé ce mercredi. Ce journaliste avait été sanctionné par la direction après une altercation avec un membre des RH qui enregistrait en cachette une réunion des salariés. Une affaire qui avait été à l’origine de la 1ère grève de l’histoire d’Europe 1.

 À voir également sur Le HuffPost: Les “sorties de route” de CNews bientôt sur Europe 1 ?