À Fukushima, le Japon relâche de l'eau radioactive mais nos centrales aussi
FUKUSHIMA - 1,25 million de mètres cubes d’eau radioactive de la centrale de Fukushima seront déversés dans la mer a annoncé le 1er ministre Yoshihide Suga ce mardi 13 avril. La décision est reçue comme une nouvelle catastrophe écologique,...
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FUKUSHIMA - 1,25 million de mètres cubes d’eau radioactive de la centrale de Fukushima seront déversés dans la mer a annoncé le 1er ministre Yoshihide Suga ce mardi 13 avril. La décision est reçue comme une nouvelle catastrophe écologique, conséquence de l’accident de la centrale nucléaire endommagée par un tsunami le 11 mars 2011. Elle n’en est pas moins représentative d’une pratique courante dans l’industrie nucléaire: le rejet d’eau retraitée dans la nature.
En France, chaque année des centaines de milliers de mètres cubes d’eau faiblement radioactive sont également déversés par les centrales nucléaires.
À Fukushima, un déversement sur 30 ans
D’où viennent les volumes d’eau de Fukushima qui font la Une de l’actualité au Japon et à travers la planète? “Près de 170 mètres cubes d’eau sont quotidiennement injectés pour dans les réacteurs de la centrale” explique au HuffPost Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint en charge de l’environnement et de la santé à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN).
L’objectif? Refroidir le corium, c’est-à-dire la matière fondue issue de la fusion du coeur du réacteur, toujours dangereuse dix ans après l’accident. “Il faudra sans doute des années avant qu’il puisse être retiré” précise Jean-Christophe Gariel. Une fois déversée, l’eau de refroidissement est retraitée puis stockée.
Problème: la capacité maximale de stockage du site, près 1,37 de million de mètres cube, est en passe d’être atteinte. Il a alors été décidé de se débarrasser de cette eau dans l’océan. “Un processus qui prendra environ 30 ans” nous explique David Boilley, président de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO).
L’eau rejetée sera décontaminée de tous ses éléments radioactifs assure Tepco l’exploitant de la centrale, sauf un, le tritium. “Le risque sera très faible”, estime Jean-Christophe Gariel avec “des niveaux de radioactivité plus faibles que la radioactivité naturelle”.
Toutes les centrales nucléaires rejettent du tritium
Et aussi stupéfiant que cela puisse paraître dans le cas de l’accident de Fukushima, déverser de grandes quantités d’eau contenant du tritium fait en fait partie de la routine du fonctionnement des centrales nucléaires. “Toutes les installations nucléaires émettent des rejets liquides ou gazeux de tritium”, fait remarquer Jean-Christophe Gariel.
En effet, la centrale de La Hague déverse “en deux mois et demi” la quantité de tritium contenue dans l’ensemble du stock d’eau retraitée de Fukushima explique David Boilley. Le niveau de radioactivité des eaux contaminées de Fukushima s’élève à 860 térabecquerels quand la centrale de retraitement de la Hague a l’autorisation de déverser jusqu’à 18.200 térabecquerels de tritium, soit 21 fois plus.
En termes de volume d’eau, le site de la Hague rejette à lui seul près de 600.000 mètres cubes d’eau par an, l’équivalent de la moitié du stock d’eau de Fukushima, qui devrait lui être déversé sur une période de 30 ans.
“Vraisemblablement, indique Jean-Christophe Gariel, le niveau de radioactivité autorisé lors du déversement des eaux de Fukushima sera équivalent à celui d’une centrale nucléaire normale”.
Cependant, prévient Jean-Christophe Gariel, dans les dommages causés par le déversement des eaux radioactives de Fukushima, il faut également prendre en compte “la perception sociétale d’un rejet massif d’eau en mer. La préfecture de Fukushima a déjà beaucoup souffert de la catastrophe et il est tout à fait compréhensible que ses habitants réagissent négativement à ce déversement.”
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À voir également sur Le HuffPost: l’évolution de la centrale de Fukushima, 10 ans après la catastrophe