À Jersey, cet Anglais réplique à “l’invasion” des pêcheurs français

JERSEY - Sous la surveillance de deux navires de la Royal Navy, des dizaines de bateaux de pêche français ont convergé ce jeudi 6 mai au matin devant le port de la capitale de l’île anglo-normande de Jersey, pour protester contre les conditions...

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JERSEY - Sous la surveillance de deux navires de la Royal Navy, des dizaines de bateaux de pêche français ont convergé ce jeudi 6 mai au matin devant le port de la capitale de l’île anglo-normande de Jersey, pour protester contre les conditions de pêche imposées aux marins français après le Brexit.

Ils étaient attendus de pied ferme par un habitant bien décidé à rejouer une bataille navale miniature. Depuis les remparts du château d’Elizabeth, ce membre du groupe de reconstitution de la milice de Jersey a tenté de dissuader les marins de bloquer en tirant des balles à blanc avec son mousquet, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Cette arme à feu au long canon était utilisée aux XVIe et XVIIe siècles, notamment lors de la “Bataille de Jersey” du 6 janvier 1781, la dernière tentative des Français pour s’emparer de l’île britannique qui s’était soldée par une défaite et la mort de près de 90 soldats français.

Ce jeudi matin, ce membre du groupe de reconstitution de la milice de Jersey paraissait pourtant bien seul face à l’impressionnante armada française de 70 bateaux qui verrouillait l’entrée du port de Saint-Hélier dès 7h00, comme vous pouvez le revoir avec cette animation générée grâce aux balises GPS des bateaux.

 

Un cargo contraint de rester à quai

Les pêcheurs français sont partis dans la nuit depuis les côtes normandes et bretonnes. “C’est incroyable d’avoir réussi à réunir tout ce monde-là”, s’est réjoui Camille Lécureuil, venu de Carteret (Manche), évoquant “au moins 70 bateaux” dont une quinzaine de Bretons. “Un cargo, le Commodore Goodwill, veut sortir et tout le monde a l’air décidé à l’empêcher de sortir”, a-t-il décrit. Le navire en question assure une liaison avec Jersey et Guernesey pour le transport du fret.

“On ne bloque pas vraiment. On est tous à l’extérieur du port”, a précisé Ludovic Lazaro, pêcheur de Granville (Manche). “Mais le capitaine du port de Jersey ne veut pas laisser sortir le cargo s’il y a du monde dans le coin. Il veut que tout le monde soit parti.”

Selon une source militaire française, “la situation est globalement très calme”. “Les consignes de ne pas bloquer l’intérieur du port sont suivies” pour l’instant par les pêcheurs français, a précisé cette source à l’AFP. Les pêcheurs doivent regagner leur port d’attache en début d’après-midi. “C’est un mouvement pacifique, il n’y a pas lieu que ça dégénère”, a souligné Camille Lécureuil. “Trois bateaux de pêche de Jersey sont venus nous soutenir”, a-t-il ajouté.

Deux navires britanniques dans la zone

À quelques miles de là, deux navires de la Royal Navy, le HMS Severn et le HMS Tamar, ont été déployés pour “surveiller la situation”, selon un porte-parole du ministère de la Défense britannique, évoquant “une mesure strictement préventive en accord avec le gouvernement de Jersey”.

Ces “manœuvres” britanniques “ne doivent pas nous impressionner”, a déclaré à l’AFP le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune. Deux patrouilleurs français ont été envoyés non loin, selon les autorités maritimes françaises.

Mardi, Annick Girardin, a affirmé que la France était prête à recourir à des “mesures de rétorsion” si les autorités britanniques continuaient à restreindre l’accès des pêcheurs français aux eaux de Jersey. Devant l’Assemblée nationale, elle a fait allusion à des répercussions éventuelles sur le “transport d’électricité par câble sous-marin” qui alimente l’île depuis la France.

Le Brexit en toile de fond

Selon Paris, le Royaume-Uni a publié vendredi une liste de 41 navires français, sur 344 demandes, autorisés à pêcher dans les eaux de Jersey, mais cette liste s’accompagne de nouvelles exigences “qui n’ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant” dans le cadre de l’accord sur le Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles, en vigueur depuis le 1er janvier dernier.

Une délégation de pêcheurs français devait rencontrer un ministre de Jersey jeudi matin sur un bateau britannique devant le port de Saint-Hélier, a indiqué un pêcheur à l’AFP.

“Un bateau qui pêchait l’année dernière à Jersey (...) peut pêcher cette année”, a assuré jeudi matin sur France Inter Gregory Guida, ministre assistant de l’Environnement et des Affaires étrangères de Jersey.

“Considérant les difficultés, ce que nous sommes prêts à faire, c’est discuter directement avec les pêcheurs. Ils ont tous notre numéro”, a-t-il ajouté en fustigeant “une énorme bureaucratie”. Actuellement, les demandes de licences de pêche doivent passer par les gouvernements français et britannique et par la Commission européenne.

Dans l’émission Good morning Britain, sur la chaîne de télévision ITV, Don Thompson, président de l’Association des pêcheurs de Jersey, a reproché jeudi aux pêcheurs français de vouloir “pêcher sans contrainte dans nos eaux, tandis que nos bateaux sont soumis à toutes sortes de conditions sur la quantité (de poisson) qu’ils peuvent pêcher, là où ils le peuvent.” Il serait “extrêmement injuste” que le gouvernement “capitule devant cela”, a-t-il ajouté.

À voir également sur Le HuffPost:Sur les bateaux de pêche, l’impossible distanciation sociale face au Covid-19