À Paris, un agent la juge "indécente" en jupe, une enquête interne ouverte
SEXISME - Elle l’a vécu “comme une vraie violence”. Mardi 6 avril, Julie, une jeune femme de 27 ans, est interpellée par un homme se présentant comme un agent de la mairie de Paris qui, en la voyant assise près d’un parc, a jugé sa position...
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SEXISME - Elle l’a vécu “comme une vraie violence”. Mardi 6 avril, Julie, une jeune femme de 27 ans, est interpellée par un homme se présentant comme un agent de la mairie de Paris qui, en la voyant assise près d’un parc, a jugé sa position “indécente” au vu de sa tenue. L’incident, raconté par la jeune femme sur Twitter, a fait réagir jusqu’à la mairie qui a lancé une enquête interne.
La scène se déroule un peu après midi. Julie Henches profite du soleil à proximité d’un parc du 20e arrondissement. Elle porte une jupe et des collants noirs, elle est assise par terre, les genoux relevés vers sa poitrine. “Je n’avais pas les jambes écartées, je n’étais pas en tailleur. J’étais assise par terre, au soleil, j’étais au téléphone…”, explique la jeune femme au HuffPost.
tout à l’heure j’étais assise par terre en jupe avec un collant, les genoux relevés (je précise parce que c’est important) et là j’avise un type qui se plante à quelques mètres de moi et qui me regarde fixement d’un air agressif ⬇️
— la vraie julie (@juliehenches) April 6, 2021
Elle constate au bout d’un moment qu’un homme la fixe “d’un air agressif”. “J’ai cru que c’était un gros lourd, parce que c’est un type qui m’a regardé de façon appuyée, de haut en bas, en insistant sur mon entrejambe. Il était visiblement posté à un endroit - le seul endroit je pense - où il pouvait apercevoir un peu de... de je ne sais pas quoi parce que j’étais en collant noir”, ironise-t-elle.
Elle interpelle alors l’individu, qui justifie son regard déplacé en déclarant à la jeune femme que “assise comme ça, elle est indécente’”. Julie, déterminée à ne pas céder, lui demande s’il est membre des forces de l’ordre. L’homme répond par l’affirmative et se présente comme un agent de la police municipale parisienne.
“En tant que femme, on ne sait pas forcément si notre parole va être entendue par la police”
Sauf que cette police n’a pas encore été déployée dans la capitale et Julie en est bien consciente. Elle apprendra par la suite que l’homme est un agent des parcs et jardins de la ville, chargé de la sécurité. Après un 1er échange tendu avec la jeune fille, il promet de revenir, vêtu cette fois de son uniforme et avec des collègues.
À ce moment-là, Julie reconnaît avoir eu peur: “Il m’a parlé de façon très violente et très agressive d’emblée. Je lui répondais sur le même ton pour ne pas fuir, mais je n’étais pas dans l’escalade. Lui oui, et à un moment il s’est vraiment rapproché de moi et je me suis demandé s’il n’allait pas en venir aux mains.”
“Le fait qu’il me dise qu’il est de la police, qu’il va revenir avec son uniforme et qu’il va appeler des collègues, c’est flippant parce qu’en tant que femme, on ne sait pas forcément si notre parole va être entendue par la police.”
En l’occurrence, les forces de l’ordre appelées ne mettront pas sa parole en doute - en dépit de l’agent qui accuse la jeune femme d’exhibitionnisme. Elles finiront par déclarer que l’attitude de l’agent n’est “pas une réponse appropriée”.
Toutefois, Julie tient à souligner que “la 1ère réaction des policiers n’a pas vraiment été de dire qu’il s’était mal comporté”. “Leur 1ère réaction a été de me dire ‘D’accord, j’entends mademoiselle. Mais est-ce que vous comprenez que peut-être il trouvait que ce n’était pas très approprié, peut-être qu’il voulait vous protéger parce qu’il pensait que votre position pouvait attirer le regard…’ Quand j’ai entendu ça, j’avais l’impression qu’ils étaient complices ou qu’ils essayaient de protéger leur collègue”, se souvient Julie.
Mais, nous explique-t-elle, “je voulais m’entendre dire par ses collègues que son comportement n’était pas normal. Je leur ai demandé s’ils étaient en train de légitimer son comportement. Et là, quand ils ont entendu cette question, ils se sont rétractés et m’ont dit que non”. L’agent à l’origine de l’histoire, “très énervé”, a été éloigné par les forces de l’ordre pendant l’explication. Julie “n’a pas eu d’excuses” de sa part.
Former les agents de la ville aux violences et harcèlements sexistes
La jeune femme se dit satisfaite de la réponse de la police. Mais l’histoire, racontée sur Twitter, provoque vite une pluie de réactions indignées. Vingt-quatre heures après, son tweet a été relayé près de 6000 fois, faisant réagir jusqu’aux adjoints de la maire Anne Hidalgo qui ont pris contact avec la jeune femme.
Le maire du 20e Eric Pliez a lui condamné “fermement les propos et actes” de l’agent incriminé. “La gravité de ces comportements intolérables entraînera sans délai les actions nécessaires”, a-t-il affirmé.
Nous condamnons fermement les propos et actes d’un agent cet après-midi dans notre arrondissement.
— Eric Pliez (@EricPliez) April 6, 2021
La gravité de ces comportements intolérables entraînera sans délai les actions nécessaires.
Nous échangeons avec la personne qui en a été victime et lui réitérons notre soutien.
Une enquête interne a été ouverte sur ces faits qui “ne sont pas acceptables”, nous confirme la mairie de Paris. La procédure habituelle suivra son cours et si les faits sont avérés, l’agent risque un blâme ou, dans le pire des cas, une révocation.
L’équipe municipale a également assuré à Julie que l’accent mis depuis deux ans sur la formation aux violences sexistes et sexuelles de la future police municipale, sera renforcé. Emmanuel Grégoire, 1er adjoint d’Anne Hidalgo, a même émis l’idée que l’histoire de Julie devienne un “cas d’école” enseignée pendant ces fameuses formations, nous apprend la jeune fille. “D’une façon générale, il y a une nécessité de former tous les agents de la ville - aussi bien les futurs policiers municipaux que les agents en tout genre - au harcèlement”, insiste la mairie, contactée par Le HuffPost.
“Je pense que ce qui m’est arrivé n’est pas un cas isolé, que ce sont des choses qui se passent partout, tout le temps. On fait encore en sorte que les femmes ne se sentent pas légitimes dans l’espace public. Ça montre le besoin de formation au niveau de toutes les institutions”, soupire Julie, qui juge cependant “rassurante” la réaction rapide de la mairie. “J’ai l’impression qu’il y a eu une réponse proportionnée pour l’instant et j’espère que ça va donner suite.”
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