« À quoi ça tient une carrière ? » Les féminines de Saint-Étienne face aux conséquences de la Covid
Léo Soron est un habitué du stade Geoffroy Guichard. Membre des Ultras, il soutient les Verts de Saint-Étienne (ASSE) à chaque rencontre. Depuis 2014, il suit également les féminines du club qui évoluent en deuxième division. Touché par la...
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Léo Soron est un habitué du stade Geoffroy Guichard. Membre des Ultras, il soutient les Verts de Saint-Étienne (ASSE) à chaque rencontre. Depuis 2014, il suit également les féminines du club qui évoluent en deuxième division. Touché par la situation de ces joueuses privées de championnat depuis un an, Léo Soron a pris sa plume pour écrire aux Sportives.
À quoi ça tient une carrière ? On a tous cet ami promis à une brillante carrière mais fauché dans son élan par une grosse blessure, c’est le triste destin de beaucoup de joueurs… Mais connaissez-vous le destin de Morgane Martins ? Cette joueuse de l’ASSE qui ne peut plus jouer au foot depuis six mois parce qu’il a un peu trop plu à Yzeure l’année dernière ?!
Retour en arrière. Le 1 mars 2020, alors que l’ombre de la Covid se fait de plus en plus pesante, l’ASSE, leader du championnat de deuxième division féminine, doit se déplacer a Yzeure pour le compte de la 16ème journée de championnat. Pourtant, ce match n’aura jamais lieu en raison des conditions climatiques qui ont rendu le terrain impraticable. Ou parce que personne n’avait envie de s’embêter à organiser un match de football féminin, je vous laisse seul juge. Les Havraises, dauphines des Vertes, en profitent pour prendre la tête du championnat !
La suite, on la connaît, le championnat est mis en pause et ne reprendra jamais. La FFF décide de valider le classement sur la base d’un prorata entre match joué et point pris. À ce petit jeu, c’est le Havre qui termine 1er et file rejoindre l’élite. Aucune des actions entreprises par l’ASSE n’aboutira et les Vertes repartent pour une nouvelle saison en D2. Saleté de météo !
La saison 2020/2021 des Vertes débute idéalement : six matchs joués, six victoires, aucun but encaissé. Malheureusement, aucun spectateur n’aura profité de ce spectacle, l’ASSE ayant décidé de faire jouer les filles à huis-clos. Logique dans un contexte de crise sanitaire, mais à cette époque, les hommes et les autres clubs féminins pouvaient évoluer devant une jauge de 5 000 personnes. Quoi ? Les filles seraient une nouvelle fois mises de coté ?!
Le pire est à venir
Mais qu’importe, le pire reste à venir. La 7ème journée ne sera jamais jouée, le championnat est une nouvelle fois mis en pause en raison du virus et, une nouvelle fois, il ne reprendra pas ! Cet arrêt soulève de nombreuses questions :
– Pourquoi le championnat de deuxième division féminine est stoppé alors que les trois 1ères divisons masculines n’ont pas connu d’arrêt ?
– Pourquoi le championnat de deuxième division féminine est arrêté alors que ceux du handball ou du basket qui se jouent en salle ont pu reprendre ?
Quand on rejoint l’ASSE, on rejoint un club ambitieux qui vise à rejoindre l’élite à court terme. Les joueuses n’ont jamais cessé de s’entraîner, elles utilisent les mêmes installations, le même équipement, les mêmes vestiaires que leurs homologues masculins mais ne peuvent pas disputer une compétition. Comment rebondir après deux saisons avec si peu de matchs officiels ? Pour certaines d’entre elles, ce sont les JO qui s’éloignent, pour d’autres c’est une fin de carrière qui se rapproche, pour toutes du temps perdu. On pense notamment à Cheyenne Shorts, qui voyait sa venue en France comme une opportunité – tu causes.
Dans un contexte financier très difficile, où de nombreux clubs cherchent à réduire leurs dépenses, comment justifier de l’intérêt d’avoir une équipe féminine à qui l’on refuse le droit de monter en 1ère division et de jouer ? Pendant ce temps, le championnat de 1ère division féminine n’a jamais connu d’arrêt, les Havraises sont dernières avec 5 points en 16 matchs mais elles jouent, ont la visibilité nécessaire pour que leur gardienne Constance Picaud soit appelée en équipe de France et puisse continuer sa progression.
Alors, à quoi ça tient une carrière ? À pas grand-chose…
Tribune signée Léo Soron.
Crédits photo : AS Saint-Étienne
L’article « À quoi ça tient une carrière ? » Les féminines de Saint-Étienne face aux conséquences de la Covid via @ Les Sportives.