Abus sexuels, santé mentale: Simone Biles montre que le sport de haut niveau n'est pas à la hauteur

Coup de théâtre, Simone Biles, considérée comme la plus grande gymnaste de tous les temps, quitte le concours général des JO de Tokyo pour “faire ce qui est bon pour elle et se concentrer sur sa santé mentale”.Séisme, en mai 2021, Naomi Osaka...

Abus sexuels, santé mentale: Simone Biles montre que le sport de haut niveau n'est pas à la hauteur

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La gymnaste Simone Biles, de l'équipe des États-Unis, regarde son équipe aux barres asymétriques à la suite de son retrait de la compétition après n'avoir concouru qu'au saut, lors de la finale féminine par équipe des JO de Tokyo au centre de gymnastique Ariake, le 27 juillet 2021 à Tokyo, au Japon. (Photo by Laurence Griffiths/Getty Images)

Coup de théâtre, Simone Biles, considérée comme la plus grande gymnaste de tous les temps, quitte le concours général des JO de Tokyo pour “faire ce qui est bon pour elle et se concentrer sur sa santé mentale”.

Séisme, en mai 2021, Naomi Osaka quitte Roland-Garros en pleine compétition pour prendre soin de sa santé mentale.

En juin 2021, la tenue des play-offs de Jeep Elite en France est suspendue au préavis de grève des joueurs de basket, qui demandent une meilleure prise en compte de leur santé, de leur état de fatigue et une meilleure représentation dans les instances dirigeantes.

Nous le savons tous, les intérêts économiques en jeu dans le système du sport de haut niveau font des dégâts, des dégâts humains nombreux et souvent passés sous silence.

Simone Biles a connu son 1er épisode dépressif en 2018 après avoir révélé avoir été victime d’abus sexuel par l’ancien médecin de l’équipe américaine Larry Nassar, comme 120 autres gymnastes qui ont porté plainte et se sont officiellement portées partie civile.

 

La priorité donnée aux performances et la pression des enjeux médiatiques et économiques ont permis à ce prédateur d’agir en toute impunité, le nombre de ses victimes étant estimé entre 265 et 500.

 

L’excellent documentaire: “Team USA: scandale dans le monde de la gymnastique” diffusé sur Netflix montre comment la priorité donnée aux résultats, aux performances et la pression des enjeux médiatiques et économiques ont permis à ce prédateur d’agir en toute impunité, le nombre de ses victimes étant estimé entre 265 et 500. Le PDG de la Fédération Steve Penny, trop occupé à “développer sa marque”, a réduit les victimes et leurs familles au silence pendant des années; il a installé un système d’oppression et de violences physiques et mentales à l’encontre de ces jeunes, voire très jeunes sportives, système orchestré par Bela et Martha Karolyi, anciens entraîneurs de l’équipe Roumaine sous l’ère Ceausescu.

Pour Naomi Osaka, elle se résigne à quitter Roland-Garros devant l’intransigeance des dirigeants, majoritairement des hommes, qui malgré la présentation d’un certificat médical l’obligent à assister aux conférences de presse, sources d’épisodes majeurs d’anxiété pour elle. Les commentaires se déchaînent, “au prix ou elle est payée”, elle doit plier, se soumettre. Son choix de se mettre en retrait du circuit professionnel est un coup de tonnerre et sa prise de parole sur les questions de santé mentale, sujet majeur mais éminemment tabou dans ce milieu et plus largement dans nos sociétés, résonne comme une loi du silence qui se brise.

Mêmes réactions indignées et violentes face au mouvement de grève des joueurs de basket-ball de Jeep Elite, “au prix au ils sont payés”, “ils scient la branche sur laquelle ils sont assis”. Or le mouvement était suivi par des joueurs de tous les clubs concernés et les revendications n’étaient que le reflet de notre époque: une meilleure prise en compte de la santé globale des humains et une gouvernance plus participative. L’argent est utilisé à nouveau comme un argument de mise sous silence et de soumission. On te paye tu fais ce qu’on te demande, cela équivaut à réduire les personnes à l’état de marchandises.

 

Il est urgent de se réaligner avec la charte de l’Olympisme dont le “but est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine.”

 

Les joueurs ont finalement obtenu une meilleure représentation dans les instances dirigeantes, ce qui est un sujet majeur dans toutes les fédérations et dans toutes les instances nationales et internationales.

Alors c’est vrai, les JO et les grandes compétitions nous font rêver, elles nourrissent notre combativité et le goût du dépassement de soi, mais là aussi de grandes transformations sont à conduire pour remettre l’humain, la santé, la diversité, la mixité et nos écosystèmes au cœur de leur fonctionnement.

Il est urgent de se réaligner avec l’article 2 de la charte de l’Olympisme dont le “but est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine.”

Il faut toujours garder en ligne de mire cette orientation que cette machine folle du capitalisme patriarcal débridé nous fait perdre de vue trop souvent.

 

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