Affaire du petit Grégory: Le corbeau identifié grâce à la stylométrie?
JUSTICE - Un rapport de stylométrie visant à identifier un ou des corbeaux auteurs de lettres anonymes a été versé au dossier d’instruction de l’affaire Grégory Villemin, dont le meurtre reste irrésolu depuis 36 ans, a-t-on appris ce vendredi...
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JUSTICE - Un rapport de stylométrie visant à identifier un ou des corbeaux auteurs de lettres anonymes a été versé au dossier d’instruction de l’affaire Grégory Villemin, dont le meurtre reste irrésolu depuis 36 ans, a-t-on appris ce vendredi 23 avril de source judiciaire. Selon nos confrères de 20 Minutes, il incriminerait Jacqueline Jacob, la grande-tante du petit garçon, qui aurait notamment rédigé la lettre de revendication du meurtre.
“Je confirme le versement de cette expertise stylométrique au dossier”, a indiqué à l’AFP, sans confirmer l’information du quotidien gratuit sur les conclusions du rapport, le procureur général de Dijon Thierry Pocquet du Haut-Jussé.
La stylométrie, déjà utilisée dans les tribunaux américains mais pas français, étudie le vocabulaire, les structures syntaxiques, la longueur des phrases... afin de déterminer l’auteur d’un texte. Cette expertise a été réalisée en Suisse et vise à identifier le ou les corbeaux qui avaient écrit des lettres anonymes menaçant les parents du petit Grégory, retrouvé à 4 ans pieds et poings liés dans la Vologne, dans les Vosges, le 16 octobre 1984. Ces lettres ont ainsi pu être comparées à des écrits commis par différents protagonistes de l’affaire, tels que des lettres d’amour et des cartes postales.
Une méthode qui laisse de nombreux protagonistes circonspects
Une méthode qui fait d’ailleurs enrager l’avocat de Jacqueline Jacob, Frédéric Berna, joint par 20 Minutes. “Les précédents rapports en graphologie ont proposé des conclusions totalement différentes”, s’agace-t-il. “Si on veut opposer les charlataneries, on peut le faire mais cela ne va pas nous approcher de la vérité. Je n’ai pas accès à ce rapport, mais si on a effectivement comparé les lettres du corbeau avec une pauvre carte postale d’une quinzaine de mots, c’est encore plus de la foutaise que ce que je pensais!”
Confirmant le versement au dossier de l’expertise, François Saint-Pierre, un des avocats des parents de Grégory, Christine et Jean-Marie Villemin, s’est montré très circonspect. “Nous restons extrêmement prudents quant à l’interprétation qui peut être faite de ce rapport et aux conséquences qui pourraient en être tirées”, a-t-il mis en garde auprès de l’AFP. Dans le rapport de 178 pages, précisent encore les journalistes de 20 Minutes, pas moins de cinq corbeaux seraient identifiés, ce qui accréditerait la thèse d’un meurtre commis par une ”équipe”, la piste que privilégient les enquêteurs.
Le quotidien Le Parisien avait affirmé en décembre que le nouveau rapport d’expertise avait permis d’identifier une personne, sans la nommer. À l’époque, déjà, les avocats de plusieurs protagonistes de l’affaire avaient fustigé le recours à cette méthode.
Une affaire récemment relancée
En 2017, des expertises en graphologie, qui elles analysent les écritures manuscrites, avaient attribué une lettre de 1983 à Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory. Elle et son mari Marcel avaient été mis en examen mais cette procédure a été annulée en mai 2018 pour vice de procédure. Les époux ont une nouvelle fois nié, dans un entretien à la presse locale en janvier, être les corbeaux. La défense du couple Jacob a récemment qualifié de “fumisterie” le nouveau rapport d’expertise stylométrique, avant même d’en avoir vu les conclusions.
L’affaire Grégory, instruite à la cour d’appel de Dijon, a été récemment relancée, la justice ayant accepté en janvier de nouvelles expertises ADN demandées par Christine et Jean-Marie Villemin.
Il s’agit en particulier de recherches en “ADN de parentèle”, méthode qui permet de relier une empreinte génétique avec d’autres, issues de la même parenté, afin d’en vérifier la conformité avec celles présentes dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). La méthode “parentèle” a permis de résoudre ces dernières années plusieurs “cold cases” (affaires classées), notamment le dossier Élodie Kulik, violée et assassinée en 2002.
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