Affaire Sarah Halimi: un des experts défend ses conclusions

JUSTICE - C’est une décision qui fait polémique. La Cour de cassation a confirmé mercredi 14 avril l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, tout en entérinant le caractère antisémite...

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L'entrée de la Cour de Cassation le 16 juillet 2014, à Paris.

JUSTICE - C’est une décision qui fait polémique. La Cour de cassation a confirmé mercredi 14 avril l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, tout en entérinant le caractère antisémite du crime.

Une décision qui ne remet pas en cause l’hospitalisation psychiatrique du meurtrier, fort consommateur de cannabis depuis l’adolescence, ordonnée par la justice. Mais elle signifie qu’il n’y aura pas de procès, ce qui a suscité déception et colère de représentants de la communauté juive.

Dimanche 18 avril, dans une entrevue au Figaro, Emmanuel Macron a notamment dit souhaiter un changement de la loi pour que l’abolition du discernement causé par une prise de stupéfiants n’exonère pas de sa responsabilité pénale.

“Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors ‘comme fou’ ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale. Sur ce sujet, je souhaite que le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi”, a déclaré le chef de l’État.

“Son crime était antisémite”

Dans une entrevue à Marianne, l’un des experts psychiatres à avoir examiné le tueur de Sarah Halimi, Paul Bensussan, en mai et juin 2018, estime bien que “le crime était celui d’un fou”. “Mais son crime était antisémite, car dans son délire, il assimilait les juifs au démon”, ajoute-t-il.

“La problématique était ici le rôle possiblement déclencheur du cannabis”, ajoute l’expert psychiatre. L’existence de délires induits par le cannabis est parfaitement établie et leur séméiologie est très comparable à celle présentée par Monsieur Traoré au moment des faits, estime-t-il.

“Mais les taux sanguins de THC retrouvés chez lui étaient faibles à modérés (peu compatibles avec une consommation massive récente) et les idées délirantes ont persisté longtemps après l’arrêt de l’intoxication (...).”

Le cannabis, un “co-facteur et non la cause”

Pour Paul Benssuan, le cannabis n’a été “qu’un co-facteur et non la cause” de son geste. “Nous avons donc conclu à l’irresponsabilité pénale, tout simplement parce qu’elle s’imposait techniquement ”, précise-t-il.

Dans son entrevue, l’expert psychiatre juge toutefois ”évident que la consommation de cannabis, sur un terrain fragile, a pu être précipitante. Mais pour affirmer qu’elle en a été l’unique cause, il faudrait être certain que Monsieur Traoré, s’il ne consommait plus jamais de cannabis, ne délirerait plus jamais. Ce que nul ne sait, hormis peut-être les psychiatres traitants qui en ont la charge depuis quatre ans”.

Le 4 avril 2017, Kobili Traoré, 27 ans, de confession musulmane, avait fait irruption chez sa voisine de 65 ans, Lucie Attal aussi appelée Sarah Halimi, et l’avait rouée de coups aux cris de “Allah Akbar”, en récitant des versets du Coran, avant de la jeter par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville.

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