“Aftersun” : le plus beau film du festival récompensé à Deauville
Cette année, une ligne thématique très claire parcourait une partie des films découverts en compétition, avec une prédominance pour des personnages féminins en souffrance ou inaptes. Dans la chronique Stay Awake, deux frères sacrifiaient une...
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Cette année, une ligne thématique très claire parcourait une partie des films découverts en compétition, avec une prédominance pour des personnages féminins en souffrance ou inaptes. Dans la chronique Stay Awake, deux frères sacrifiaient une partie de leurs rêves de jeunes hommes pour préserver une mère suicidaire. Peace in the Valley voyait une femme, endeuillée par la mort brutale de son mari, réapprendre à vivre. En fermant son récit par la naissance future d’un enfant, le film diffusait quelque chose d’une doxa puritaine sur le supposé sauvetage des femmes par la maternité. Inspiré d’une histoire vraie, The Silent Twins mettait en scène, de son côté, deux jumelles noires et muettes. Troué de séquences animées destinées à mettre en images l’imaginaire foisonnant des deux petites écrivaines de génie, le film balayait vite ce qui, pourtant, en constituait la part la plus intéressante (un rapport au monde uniquement appréhendé par le prisme de la fiction) et manquait cruellement d’empathie pour ces âmes-sœurs rivales, impossible à approcher.
Un autre film de la compétition explorait lui aussi ce type de rapports amour-haine, mais sur une tonalité teen bien plus douce et délicate. Récit initiatique et film de vacances, Over/Under décrivait sur plusieurs années l’éloignement progressif de deux amies à mesure que l’une d’entre elles, victime de harcèlement scolaire, embrassait une hyper-sexualisation comme seul salut possible. En fin de festival, Blonde, biopic consacré à Marilyn Monroe, parachevait avec suffisance ce panorama torturé et trash du féminin. Adapté du best-seller de Joyce Carol Oates, le film d’Andrew Dominik est un parfait et antipathique film-bourreau tout entier dirigé vers la démonstration obscène d’une virtuosité boursouflée et pubarde, maltraitant une héroïne réduite à l’état de victime.
De très belles découvertes
Au milieu de cette 1ère vague décevante, un film aura su reconduire un stéréotype pour mieux le déconstruire. Organisé autour de la rencontre entre une jeune fille de 17 ans, délaissée par les sien·nes (mère et ami·es), et un homme de 34 ans, Palm Trees and Power Lines ausculte avec habilité et intelligence les mécanismes d’emprise maquillés en histoire d’amour. La qualité du film, récompensé du Prix du Jury, est de ne faire aucun mystère de la dangerosité sous-jacente qu’appelle cette rencontre, sans la condamner vraiment ou la sanctifier pour décupler le vertige de la révélation. Une réussite grâce, sans doute, à cette grande promiscuité que tisse la cinéaste Jamie Dack avec son héroïne et à la finesse d’observation de ses états contraires, de sa lucidité tout aussi bien que de cette contamination malade que peut recouvrir ce que l’on croit être le sentiment amoureux.
Après une Caméra d’Or à Cannes, War Pony de Gina Gammell et Riley Keough – âpre chronique sociale et portrait de deux jeunes garçons issus d’une tribu amérindienne du Dakota du Sud -, reçoit également les honneurs du même jury, présidé par Arnaud Desplechin, ainsi que ceux du Jury de la révélation, présidé cette année par Élodie Bouchez.
Enfin, le Grand Prix et le Prix de la Critique reviennent très justement au plus beau film de cette 48e édition. Présenté à la Semaine de la Critique, Aftersun de Charlotte Wells est un éblouissement qui ne dit pas son nom, force tranquille de ses films qui terrassent sans traquer les larmes. Été 1990, quelque part sur la côte turque : un père (Paul Mescal, nouveau visage mélancolique irlandais révélé par la série Normal People) et une fille (Frankie Corio) passent de paisibles vacances et s’apprivoisent dans un quotidien tranquille, qui ne répond à rien d’autre qu’à un écoulement lent et apaisé des jours, non loin du bel ennui du Somewhere de Sofia Coppola. Évocation impressionniste du souvenir d’un disparu, le 1er long métrage de Charlotte Wells est un bouleversant film de fantômes et de réminiscences, qui étreint le cœur d’une très profonde mélancolie.
Retrouvez l’intégralité du palmarès ici.