Agathe Bessard : « Les Jeux c’est la seule retombée médiatique pour le skeleton »

La skeletoneuse Agathe Bessard s’est vue refuser son quota individuel qu’elle avait obtenu pour partir à Pékin. Elle aurait pu être la 1ère femme à représenter la France aux Jeux Olympiques dans son sport. Mais la jeune femme de 22 ans compte...

Agathe Bessard : « Les Jeux c’est la seule retombée médiatique pour le skeleton »

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La skeletoneuse Agathe Bessard s’est vue refuser son quota individuel qu’elle avait obtenu pour partir à Pékin. Elle aurait pu être la 1ère femme à représenter la France aux Jeux Olympiques dans son sport. Mais la jeune femme de 22 ans compte prouver à sa fédération qu’elle a sa place parmi les meilleures. Rencontre.

Le skeleton, Agathe Bessard l’a commencée enfant, car son papa dirigeait l’unique piste nationale à La Plagne. Elle a tout fait depuis quelques mois pour faire causer de son petit sport, presque inconnu en France :  cagnotte en ligne, passage dans de nombreux médias. Mais cela n’aura pas suffit pour qu’elle réalise son rêve olympique. Malgré la frustration et l’incompréhension, la Plagnarde nous donne rendez-vous dans quatre ans, en Italie.

Vous avez déclaré que les minimas de la Fédération française étaient trop élevés. Savez-vous pourquoi ils ont mis la barre aussi haut ?

Agathe Bessard : Je n’ai pas de raisons exactes mais en ce moment je sais que la politique du sport français c’est des médailles ou rien. Donc je pense qu’ils étaient un peu obligés d’avoir des minimas assez hauts, j’étais au courant dès le début de saison de ce que je devais réaliser. Mais ce n’était pas forcément cohérent dans tous les sports. On voit certains athlètes, en ski de fond par exemple, qui n’ont pas fait une seule coupe du monde cet hiver et qui partent pour Pékin. Et c’est un sujet qui fait souvent débat, mais sur le circuit du skeleton, personne n’a compris cette décision. Ça fait du bien de se sentir soutenue, de voir que je ne suis pas seule.

 

« Pour le moment il n’y a qu’une piste, à La Plagne, et on est seulement trois en compétition et moins de 10 licenciés… »

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Pour vous, le sport français fait-il les bons choix lorsqu’on sait que certains pays remplissent leurs quotas avec des athlètes sans grande expérience pour leur en donner ?

Je pense qu’il y a un juste milieu à trouver : de dire qu’on envoie pas quelqu’un aux Jeux pour l’envoyer. Si c’est la fin de sa carrière, on sait qu’il n’a aucune chance plus tard. Mais par contre si c’est un.e jeune athlète, qui a du potentiel, des chances de performer dans le futur, je ne vois pas pourquoi on le priverait d’une 1ère expérience olympique. 

Agathe Bessard

Agathe Bessard – @IBSF

En skeleton, êtes-vous la seule dans ce cas-là ?

Mon quota a été donné à la Suède qui a également refusé le quota. On est donc deux à avoir vu notre quota refusé pour la même raison.

Les sports de glisse sur glace sont peu développés en France. Pensez-vous qu’une participation aux Jeux pourrait donner envie à des jeunes de se lancer dans ces sports à sensation ?

Les Jeux, c’est la seule vraie retombée médiatique pour le skeleton. C’est une grande aide pour tous les sports. Donc forcément si le skeleton passe à la télé et qu’il y a une représentante française ça peut donner des idées. Se dire qu’en France ça existe. Que les gens puissent se dire « il y a des clubs donc je peux peut-être essayer de les contacter ». Pour le moment il n’y a qu’une piste, à La Plagne, et on est seulement trois en compétition et moins de 10 licenciés…

« Je n’ai jamais caché à personne que j’étais pas du tout médaillable à Pékin. »

Vous avez été bronzée à Lillehammer lors des JOJ 2016. Que vous a apporté cette expérience pour la suite ?

C’était mon 1er podium donc forcément ça reste un de mes plus beaux souvenirs de carrière. Et c’était un peu la découverte de ce que sont les Jeux, même si tout est extrêmement réduit. Mais c’était vraiment une super expérience. 

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Vous avez déjà participé à deux championnats du monde, pensez-vous que vous auriez eu votre place à Pékin ?

Je n’ai jamais caché à personne que j’étais pas du tout médaillable à Pékin. Il n’y avait aucun doute là-dessus. Après je serais partie avec mon entraîneur qui n’avait pas pu être présent sur le test event en octobre et on aurait forcément fait un travail plus qualitatif. Donc on aurait pu faire un beau résultat même sans jouer le podium, peut-être une 15e place.

Qu’allez-vous faire pour vous remettre en marche ? Quels sont vos prochains objectifs à court et long terme ?

Maintenant je ne fais plus grand chose. Je suis rentrée à La Plagne. D’abord, c’est du repos et ensuite quand j’aurais la tête de retourner à l’entraînement j’y retournerai mais uniquement pour faire des descentes plaisir. Sans pression, sans rien. Cette année c’était ma dernière année junior et ensuite c’est continuer la progression qu’on a entamé cette saison et mettre en place tout ce qu’il faut pour que dans 4 ans on soit performants. Mais il faut voir si la fédération souhaite s’engager avec moi. Je veux repartir sur une vraie olympiade avec un projet, j’espère très solide qui peut nous amener à faire un gros résultat aux prochains jeux. Sinon il faudra que je me pose des questions. 

« Ça m’a servi à couvrir les frais de ma saison et à faire découvrir mon sport et mon parcours. »

Après cette énorme désillusion, qu’attendez vous de votre Fédération ? 

J’attends une aide. La saison financière que j’ai faite, je ne peux pas le refaire. Une saison entière à ma charge c’est pas possible. J’attends d’eux de voir ce qui est possible de mettre en place pour avoir un soutien financier. Et voir ce qu’on peut faire pour avoir un vrai projet avec un entraîneur que je n’aurais pas besoin de payer moi-même.

Vous vous attendiez à autant de participation pour votre cagnotte ?

Au début, je ne savais pas trop où on allait, si ça allait marcher ou pas. Et quand on a vu l’ampleur qu’elle prenait, ça a vraiment été une grande surprise. C’était vraiment bien, ça m’a servi à couvrir les frais de ma saison et à faire découvrir mon sport et mon parcours. J’ai de plus en plus de personnes qui me suivent donc ça fait plaisir. Et tous les messages de soutien que j’ai reçu après ma non-sélection, ça fait chaud au cœur. Même si je suis déçue que tous ceux qui ont participé restent sur leur faim.

Propos recueillis par Constance Vignaud

Crédits photo : ISBF

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L’article Agathe Bessard : « Les Jeux c’est la seule retombée médiatique pour le skeleton » via @ Les Sportives.