Agnès Varda mise à l’honneur sur Netflix
Le Bonheur (1965) À l’ombre des arbres en fleurs, Agnès Varda peint l’image du bonheur du couple que compose François et Thérèse en compagnie de leurs deux jeunes enfants. Mais au sortir de l’été, ce tableau de famille aux touches renoiriennes...
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Le Bonheur (1965)
À l’ombre des arbres en fleurs, Agnès Varda peint l’image du bonheur du couple que compose François et Thérèse en compagnie de leurs deux jeunes enfants. Mais au sortir de l’été, ce tableau de famille aux touches renoiriennes se ternit rapidement par l’adultère que commet François. Si le personnage trompe sa femme, ce n’est pas dans une logique de combler un vide, sa démarche s’inscrit plutôt dans la perspective d’une source de joie supplémentaire, croyant même que l’amour qu’il éprouve pour Émilie renforcera celui qu’il ressent pour Thérèse. Dans ce tableau clair-obscur, Varda propose une réflexion personnelle sur les nuances de la vie et de la vie de couple.
Cléo de 5 à 7 (1962)
Pour son deuxième long métrage, Agnès Varda suit, en temps réel avec une liberté formelle, les flâneries mélancoliques de Cléo, une jeune chanteuse, interprétée par Corinne Marchand, qui arpente les rues de Paris en attendant les résultats d’une analyse médicale. À mesure de son errance, le personnage, hantée par la mort, va chercher du réconfort auprès de son amant, puis d’un musicien, et enfin d’un soldat qui, comme elle, est en danger de mort. L’Incroyable modernité du film vaudra à Agnès Varda d’être l’une des 1ères femmes à concourir pour la Palme d’or au Festival de Cannes de 1960.
Sans toit ni loi (1985)
L’expressionisme de Varda trouve sa grâce en 1985, lorsqu’elle accompagne Sandrine Bonnaire tout juste âgée de 18 ans, en routarde et morte de froid, dans un périple en pleine campagne au bout de l’indépendance. Récompensé par un Lion d’or, le film met en scène les témoignages de gens qui ont croisé sa route, comme celui de cet éleveur de chèvres qui résume la situation de la vagabonde : “Elle fait le jeu d’un système qu’elle refuse. C’est pas l’errance, c’est l’erreur.”
Les Plages d’Agnès (2008)
Avec Les Plages d’Agnès, Varda signe un film-somme construit comme le voyage d’une vie dans lequel elle revient sur les plages qui ont marqué sa vie. “Si on ouvrait des gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages” déclare Varda au début du documentaire. Au milieu d’extraits de ses films, d’images et de reportages, la cinéaste se met en scène pour replonger dans le tréfonds de ses souvenirs. De sa maison d’enfance à Bruxelles, au port de Sète en passant par Los Angeles jusqu’à la rue Daguerre à Paris, mais aussi sa vie avec Jacques Demy, elle évoque tous les fantômes de son passé.
Les Glaneurs et la Glaneuse (2000)
Dans une société de consommation qui ne cesse de s’accroître, Agnès Varda s’arme, en 2000, de sa caméra DV pour offrir une réflexion poétique de la pratique des glaneurs modernes, cette activité de ramassage sur le sol de ce qui reste après la récolte. Partie d’un tableau du peintre Jean-François Millet représentant les glaneuses de blé d’autrefois, la pionnière de la Nouvelle Vague emprunte un trajet insolite, pour nous entraîner, dans le milieu rural et urbain, dans l’observation du geste. La caméra numérique lui permet à la fois de consolider sa rhétorique de la proximité guidée par sa liberté créatrice témoignant d’une démarche toujours innovante, et de réduire la distance entre une cinéaste d’aujourd’hui et les paysannes d’une peinture de Millet.
Les Cent et une nuits de Simon (1994)
Pour fêter le 100e anniversaire du cinéma, Agnès Varda choisit de réunir devant sa caméra, une pléiade d’acteurs et actrices ayant marqué de leur empreinte l’histoire du cinéma. Simon Cinéma, interprété par Michel Piccoli, personnage fantasque et métamorphe, métaphorise le 7e art à lui seul. Pour animer sa vieillesse confuse, l’ex-acteur, producteur et réalisateur engage alors une jeune cinéphile, Camille, jouée par Julie Gayet, et invite de nombreux visiteurs, des stars et un groupe de jeunes. Tel un patchwork aux allures surréalistes, Varda fait revivre les images et leur mémoire comme un hommage à un monde fait d’illusions.