Alain Delon égérie des Smiths : l’histoire de la pochette de l’album culte “The Queen is Dead”
1986. Une année après la sortie de Meat is Murder, déjà éminemment culte, The Queen is Dead achève de sacraliser l’un des plus grands groupes d’indie pop anglaise de tous les temps : The Smiths. Y figurent pas moins que le Panic d’ouverture,...
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1986. Une année après la sortie de Meat is Murder, déjà éminemment culte, The Queen is Dead achève de sacraliser l’un des plus grands groupes d’indie pop anglaise de tous les temps : The Smiths. Y figurent pas moins que le Panic d’ouverture, bien sûr, mais aussi Bigmouth Strikes Again, There is a Light That Never Goes Out (“To die by your side is such a heavenly way to die”, en VF : “Mourir à tes côtés serait la plus céleste manière de mourir”) ou encore I Know It’s Over au bord des larmes, plus tard repris par Jeff Buckley, qui savait repérer les hymnes éternels.
Les dix pistes témoignent sans exception de l’alliance alors quasi parfaite entre le verbe de Morrissey et les mélodies de Johnny Marr, donnant naissance à un romantisme à la fois exalté et mélancolique.
Un (sex)symbole détourné
Autre élément de dévotion à The Queen is Dead : sa pochette, baignant dans des tons verts et surmontée, en lettres roses, du nom des Smiths et du titre du disque. Fidèle au penchant de Morrissey pour les acteurs beaux gosses, de James Dean à Jean Marais, elle représente Alain Delon, tête renversée, yeux clos. Ayant été suffisamment traitée pour valoriser son visage et ses mains, cette image est tirée du dénouement du film L’Insoumis, d’Alain Cavalier. Sorti en 1964, alors que Delon est au sommet de sa gloire et de sa beauté, il explique comment un soldat français désobéit aux ordres durant la guerre d’Algérie, d’abord sur le champ de bataille qu’il déserte, puis lors d’un kidnapping d’une avocate qu’il décide finalement de libérer contre la volonté de ses commanditaires, des membres de l’OAS. Conflits de loyauté, coups de feu, course-poursuite, romance interdite, et une fuite qui ne peut trouver d’issue que dans la mort.
Le casting est solide (Delon, franchement magnifique, Léa Massari, Maurice Garrel), la musique superbe, signée par Georges Delerue, et on doit la photographie au neveu de Jean Renoir, Claude Renoir. Mais le procès pour atteinte à la vie privée intenté par une avocate du FLN ayant été, comme l’amoureuse de Delon dans le film, kidnappée par l’OAS, vaut au film d’être censuré de presque 30 minutes. De quoi orienter son réalisateur, Alain Cavalier, vers un chemin plus accessible durant quelques années… avant de revenir très fort avec un superbe film sur Thérèse de Lisieux, couronné au Festival de Cannes en 1986 – quelques semaines avant la parution dans les bacs du troisième album des Smiths.
De la foi en l’amour (aussi douloureux soit-il, surtout lorsqu’il s’agit d’être homosexuel sous Thatcher, comme le confesse Morrissey) à la sainte piété carmélite, de l’idylle au trépas, d’un culte à un autre, The Queen is Dead et L’Insoumis contribuent à sublimer l’iconographie delonienne, immortalisant l’acteur avant ses dérives familiales et politiques… Contacté par The Smiths, il avait d’ailleurs donné son accord pour l’utilisation de son image sur la pochette de The Queen is Dead, tentant toutefois de faire changer le titre de l’album afin de ne pas trop contrarier les parents Boulogne – sans succès auprès de l’implacable Morrissey, qui n’allait pas se priver d’un jeu de mots à peine crypto-gay autour d’un symbole du glamour hétéro !