Alain Juppé reconnaît les carences de la France au Rwanda

POLITIQUE - Il était le chef de la diplomatie française pendant le génocide au Rwanda. Dans une longue tribune publiée par Le Monde ce mercredi 7 avril, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995, reconnaît que la France n’en...

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POLITIQUE - Il était le chef de la diplomatie française pendant le génocide au Rwanda. Dans une longue tribune publiée par Le Monde ce mercredi 7 avril, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995, reconnaît que la France n’en a pas fait assez pour éviter le massacre des Tutsi.

“Nous n’avons pas compris qu’un génocide ne pouvait supporter des demi-mesures”, explique celui qui dit avoir porté, “pendant plus de trente ans” la “blessure de n’avoir pas réussi à empêcher cette terreur.”

“Le rapport met en évidence de nombreuses défaillances, erreurs et fautes des autorités françaises depuis 1990”, reconnaît Alain Juppé, en référence aux conclusions, accablantes pour la France, du rapport Duclert, remis le 26 mars dernier à Emmanuel Macron. Sa tribune est publiée à l’occasion des commémorations du 27e anniversaire du génocide, où plus de 800.000 personnes furent exterminées dans des conditions atroces entre avril et juillet 1994.

“Tout aurait dû être tenté pour les sauver”

“Face à l’horreur génocidaire, l’extermination des enfants, des femmes et des hommes pour la seule raison qu’ils étaient nés tutsi, tout aurait dû être tenté pour les sauver”, écrit encore celui qui fut le chef de la diplomatie du président socialiste François Mitterrand, au sein du gouvernement de cohabitation dirigé par Édouard Balladur.

Évoquant également un “acte de lâcheté internationale”, Alain Juppé convient que la France n’avait pas pris immédiatement conscience à l’époque “qu’un génocide submergeait le Rwanda”. 

“Nous n’avons pas imaginé que nos forces déployées pour assurer la protection de nos ressortissants, peu nombreuses au demeurant, auraient pu, à condition d’avoir le soutien des parachutistes belges, des commandos italiens, des marines américains présents au Burundi, tous associés aux Casques bleus, s’opposer aux tueurs, protéger les victimes”, poursuit l’ancien ministre, 1er responsable diplomatique à employer, en mai 1994, le terme de génocide pour décrire l’extermination des Tutsi. 

“Aucun autre acteur de la scène internationale n’a levé le petit doigt, ni l’ONU, ni l’Organisation de l’unité africaine, ni nos partenaires européens, ni les pays africains de la région, ni les États-Unis que nous n’avons eu de cesse de mobiliser”, regrette l’ancien maire de Bordeaux, en déplorant “la terrible solitude de la diplomatie française” à l’époque.

“Mais peut-on s’exonérer de ses responsabilités en invoquant la faillite des autres?”, s’interroge-t-il dans la foulée, avant de trancher: “sur la France pèse un devoir d’exemplarité qui l’honore et l’oblige à être au rendez-vous de l’histoire. Nous ne l’avons pas été comme nous aurions dû l’être.”

Alain Juppé avait déjà salué, au lendemain de sa publication, le rapport d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda. Un document “qui fait avancer la vérité”, selon ses mots, au moment où Paris ouvre d’importantes archives sur le sujet.

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