Andy Stott explore ses obsessions sur un ténébreux dernier album
Voilà déjà dix ans qu’Andy Stott erre sur les sombres rivages d’une dub romantique. Depuis 2011, avec le projet jumeau Passed Me By/We Stay Together, le producteur se fait le maître d’une musique électronique glaciale et déconstruite à souhait,...
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Voilà déjà dix ans qu’Andy Stott erre sur les sombres rivages d’une dub romantique. Depuis 2011, avec le projet jumeau Passed Me By/We Stay Together, le producteur se fait le maître d’une musique électronique glaciale et déconstruite à souhait, aux textures toujours minutieusement sabotées. Un travail d’orfèvre cultivant une esthétique sonore et visuelle du clair-obscur, à l’image de l’aura de Manchester (qu’Anton Corbijn cristallisait dans Control, son fataliste biopic sur Ian Curtis) où Stott est basé depuis ses débuts.
De retour avec son 1er vrai album en cinq ans, le producteur renoue ici avec la vocaliste Alison Skidmore, dont les murmures éthérés jalonnent ponctuellement sa musique. L’occasion pour le musicien de continuer à explorer ses obsessions sonores : lui qui incorpore timidement l’acoustique à ses productions synthétiques depuis plusieurs années (d’apocalyptiques souffles au cor ouvraient son album Faith in Strangers en 2014) semble finalement voir sa démarche aboutir.
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Nouveau souffle
Une approche qui a toujours plané sur le travail du producteur, plutôt spécialiste des synthétiseurs et boîtes à rythmes, mais qui trouve ici un nouveau souffle en se voulant au cœur de la conceptualisation de l’album. En communiqué, Stott explique justement s’être entêté à enregistrer des heures d’expérimentations instrumentales avant de se décider à livrer ce nouveau disque. Un processus créatif inédit, adopté après que le Britannique a mis de côté un album quasiment terminé (initialement annoncé pour 2020, à la sortie de son maxi It Should Be Us fin 2019) à la suite d’un drame personnel.
Résolument plus instrumental, Never The Right Time ne trahit pour autant pas la patte de Stott : les ténébreux échos caractéristiques du producteur restent légion, se mêlant aux lentes cordes et aux énergiques vents qu’il a apprivoisés avec brio. Une fraîcheur qui ne confond pas non plus un sens de la rythmique intact, fil rouge de sa discographie. Car il ne faut pas perdre de vue qu’il opère dans un registre particulièrement homogène depuis ses débuts, celui d’une orientation dite deconstructed club (ou post-club), dont il offre sur ce disque un de ses meilleurs ouvrages : le morceau Don’t Know How, aux subtils parasitages glitchés qui rappellent les débuts de Tim Hecker (Haunt Me, Haunt Me Do It Again, 2001).
Subtile réinvention
Autre réminiscence des habitudes du musicien : la détérioration des textures. La musique d’Andy Stott est encore (et surtout) des beats élastiques malmenés, qu’il prend un malin plaisir à saboter. À la manière d’un Nicolas Jaar qui acérait son tempo à grands coups de stridentes déformations sur la dernière compilation de son alias Against All Logic: 2017-2019 (parue l’an dernier), Stott continue de corrompre ses mélodies en donnant à ses synthétiseurs une inconsistance presque lo-fi.
Alors qu’on craindrait de le voir commencer à tourner en rond après dix ans à se produire en circuit fermé, Andy Stott prouve de nouveau que l’homogénéité de son travail est une force. En se réinventant avec assez de subtilité, l’artiste livre un nouveau sans-faute. Peut-être pas aussi efficace que son dernier essai (dont le titre New Romantic peut encore se considérer comme le hit du producteur), ce Never The Right Time prouve qu’il est toujours temps de se plonger dans la musique de Stott.