Anika est de retour avec “Change” (et ça valait le coup d’attendre)

Surgie de nulle part ou presque, ayant travaillé auparavant comme promotrice de concerts de rock indé, puis comme journaliste politique freelance, Anika – du haut de ses 23 ans, à l’époque – s’est révélée au monde en tant que chanteuse et musicienne...

Anika est de retour avec “Change” (et ça valait le coup d’attendre)

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Surgie de nulle part ou presque, ayant travaillé auparavant comme promotrice de concerts de rock indé, puis comme journaliste politique freelance, Anika – du haut de ses 23 ans, à l’époque – s’est révélée au monde en tant que chanteuse et musicienne avec un 1er album stupéfiant, simplement intitulé Anika, et paru en 2010. À la suite d’un heureux enchaînement de circonstances, elle l’a conçu avec Geoff Barrow (membre fondateur de Portishead), Billy Fuller et Matt Williams – soit le groupe BEAK au complet. En quête d’une chanteuse pour son deuxième LP, le trio avait auditionné la jeune femme et, conquis par sa personnalité, avait décidé de plutôt se mettre à son service.

Gravitant entre postpunk squelettique, dub fantomatique et pop atmosphérique, le disque, enregistré à Bristol en douze jours, sans overdubs, exprime une haute singularité, d’autant plus remarquable qu’il comprend seulement deux morceaux originaux. Les sept autres sont des reprises de chansons des sixties ou des seventies – notamment I Go to Sleep, joyau de Ray Davies plus scintillant que jamais.

Entendue chez Tricky ou avec Shackelton

D’une grande richesse au niveau de la texture sonore, l’ensemble déploie une beauté spectrale rendue plus ensorcelante encore par la voix profonde, aux accents gutturaux, d’Anika. Par la suite, elle a posé sa voix si reconnaissable sur divers morceaux d’autres artistes (Lonely Dancer de Tricky en 2020, par exemple), et enregistré un album fascinant (Behind the Glass, 2017) avec l’intrépide musicien électronique anglais Shackleton.

Anglo-allemande ayant élu domicile à Berlin il y a une douzaine d’années, nimbée d’un halo de mystère, Annika Henderson s’est rapidement imposée comme une nouvelle Nico à de nombreuses oreilles. Si le rapprochement se comprend et semble difficilement évitable, il tend hélas à atténuer le caractère éminemment personnel de son univers musical – un caractère encore plus nettement affirmé sur son deuxième album solo, Change, qui arrive au cœur de cet été 2021, onze ans après le 1er. “Je n’avais pas effectué une telle coupure depuis dix ans, nous révèle Anika, jointe à Berlin via Skype. Avec la pandémie, j’ai dû rester à l’arrêt chez moi, avec tout ce temps inattendu supplémentaire à disposition.”

La majeure partie des chansons ont pris forme en mai 2020 lors d’une session d’enregistrement en solitaire aux studios Klangbild, à Berlin. Les compositions se sont construites à partir de motifs rythmiques et d’esquisses de progressions d’accords à la guitare. Quant aux paroles, elles ont été largement improvisées par Anika, qui a puisé dans ses journaux intimes, poèmes et autres textes. “Quand je sais que je vais bientôt travailler à la conception d’un album, j’écris tous les jours. Ça libère la tête, en activant l’inconscient, et ça rend les choses moins intentionnelles, plus honnêtes.”

L’album a été finalisé dans le home studio d’Anika en septembre 2020, avec le renfort de Martin Thulin, qui, ayant réussi à venir à Berlin, a réenregistré des parties de batterie et de guitare. Le travail d’assemblage s’est ainsi achevé en binôme.

Un vif sentiment d’inquiétude quant à l’état du monde

Au tout début, j’avais envie de retourner à Bristol pour collaborer à nouveau avec Geoff et Billy. À l’arrivée, je suis très contente de la manière dont le disque s’est conçu. Je pense aussi qu’il était important de le faire sans Geoff afin que je progresse par moi-même. J’en ai beaucoup parlé avec lui, il m’a vraiment soutenue et a accepté de sortir Change sur son label, Invada Records.”

Constitué à 100 % de matériau original, Change donne à entendre neuf morceaux sur lesquels Anika apparaît comme une auteure-compositrice-interprète en plein épanouissement. S’éloignant de son 1er album, elle explore ici avant tout le champ magnétique d’une krautpop rêveuse et aventureuse, savante et entêtante, proche de Vanishing Twin, dont Finger Pies et Rights offrent de parfaites illustrations.

Plus claire et légère, sa voix semble gagner en assurance et en nuances, prenant avec Nico davantage de distance. Particulièrement perceptible sur Naysayer, Sand Witches et Never Coming Back, un vif sentiment d’inquiétude quant à l’état du monde imprègne l’album. Y circule pourtant aussi un doux air d’optimisme, au travers de Wait for Something et de la chanson éponyme, ravissante ode acidulée au changement.

Il est beaucoup question de la période incertaine que nous vivons actuellement dans l’album. J’étais très isolée pendant la pandémie et j’ai beaucoup réfléchi. Je me suis attachée à faire le tri – que ce soit dans mes affaires, mes pensées ou ma musique. Oui, je pense que cette expérience a vraiment changé ma manière de voir les choses, elle m’incite à les aborder d’une meilleure façon, en cherchant à agir plutôt qu’à réagir.”

Change (Invada Records/PIAS). Sortie le 23 juillet

Retrouvez en exclusivité la playlist d’Anika sur lesinrockuptibles.fr