"Appel à témoins" sur M6 relance le débat sur l'implication d'Apple dans la justice
TÉLÉVISION - 340. C’est le nombre de coups de fil qu’a reçus le 1er numéro de l’émission de M6 “Appel à témoins”, ce lundi 7 juin. Mais même si le chiffre est conséquent, le programme présenté par Julien Courbet et Nathalie Renoux aurait souhaité...
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TÉLÉVISION - 340. C’est le nombre de coups de fil qu’a reçus le 1er numéro de l’émission de M6 “Appel à témoins”, ce lundi 7 juin. Mais même si le chiffre est conséquent, le programme présenté par Julien Courbet et Nathalie Renoux aurait souhaité recevoir un appel de l’entreprise Apple, qui n’est hélas pas venu.
De quoi s’agit-il? De l’enquête sur la disparition d’un jeune garçon de 15 ans, Lucas Tronche. Fugue ou enlèvement? Personne ne sait. Cependant, ce qu’on sait, c’est que le jeune homme aurait utilisé son téléphone portable, un iPhone, pour faire des recherches ou participer à des discussions sur des messageries instantanées avant le drame.
L’aide du fabricant du smartphone pourrait être décisive dans l’enquête, a-t-on rappelé au cours de l’émission. “Nous avons sollicité Apple Monde mais nous n’avons eu aucun élément, a indiqué sur le plateau Éric Bérot, le chef de l’Office central pour la répression des violences aux personnes. Si des gens d’Apple France ou Apple Monde nous regardent, nous sommes preneurs.”
Ses propos ont suscité de nombreuses interrogations sur les réseaux sociaux, comme l’illustre la réaction de l’internaute ci-dessous. Pourquoi l’entreprise ne veut-elle pas prêter main forte?
Donc on apprend que Apple France et Apple monde ont refusé de collaborer avec la justice française et les policiers pour que ces derniers puissent accéder aux données du téléphone de Luca Tronche. Je suis sans voix on cause d’une disparition d’un gamin de 15 ans !! #AppelATemoins
— A (@valdo1369) June 7, 2021
Pas une 1ère
Cela peut surprendre, mais ce n’est pas la 1ère fois que la question apparaît. Aux États-Unis, la firme de Cupertino a, par exemple, refusé d’essayer de déverrouiller les deux téléphones de Mohammed Alshamrani, un homme qui, au début du mois de décembre 2019, a abattu trois hommes de la marine en Floride.
Contactée par l’administration de Trump, la marque avait immédiatement envoyé les données stockées sur ses serveurs et notamment les sauvegardes iCloud. “Nous avons répondu promptement à chaque requête, en partageant nos informations avec le FBI [...], précisait l’entreprise dans un communiqué. Cela a représenté plusieurs giga-octets d’informations que nous avons fournies aux enquêteurs. À chaque fois, nous avons répondu avec toutes les données dont nous disposions.”
Pour ce qui est des données conservées sur les téléphones, rien en revanche. D’après Apple, il lui était impossible de contourner le code de déverrouillage. La seule solution, celle de réinitialiser le matériel, impliquait une suppression totale de toutes les données.
Un outil de médiatisation efficace
Comme les États-Unis, plusieurs pays demandent à Apple depuis de nombreuses années de modifier ses logiciels pour permettre à la justice, en cas de besoin, d’entrer dans le téléphone d’un individu. Rien n’indique si cela pourrait concerner les anciens téléphones, comme les futurs. Ceci étant, Apple s’y est toujours refusée, indiquant que “de telles portes dérobées peuvent aussi être exploitées par ceux qui menacent notre sécurité nationale et la sécurité des données de nos clients”.
Ce lundi, l’entreprise n’a pas contacté le numéro mis à disposition dans “Appel à témoins” et l’on ne sait donc toujours pas si elle ne veut pas fournir les informations ou si elle ne peut pas. La justice française l’espérait pourtant. “Il faut avoir conscience de la limite de nos moyens, constate pour Éric Maurel, procureur de la République de Nîmes en charge de l’affaire Lucas Tronche, interrogé par Le HuffPost. Lorsque tout a été essayé et qu’en dépit de tout cela nous n’arrivons plus à avancer, il ne faut se priver de rien dans l’espoir que quelque chose évolue positivement.”
“Parmi toutes les pistes que l’on peut explorer lorsqu’une enquête dure, on a recours à l’appel à témoins, l’outil de la médiatisation, qui a pu montrer son efficacité. C’est pour ça qu’on a décidé de participer à cette émission, a indiqué la commissaire de police Lola Menahem. C’est évidemment complémentaire à tout ce qu’on a déjà fait auparavant.” Rien n’est perdu. Le numéro non surtaxé (0800 10 11 21) et l’adresse mail (appelatemoinsM6@interieur.gouv.fr) sont accessibles jusqu’au 14 juin.
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