Après l'agression sexuelle de Pierre Ménès, d'autres archives accablantes

AGRESSION SEXUELLE - Les images étaient sous notre nez depuis le début. Pourtant, c’est seulement depuis la diffusion du documentaire “Je ne suis pas une salope, je suis journaliste”, sur Canal+ ce dimanche 21 mars, qu’elles sont de nouveau...

Après l'agression sexuelle de Pierre Ménès, d'autres archives accablantes

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En 2016, Jean-Michel Maire embrasse la poitrine d'une invitée, sans son consentement, sur le plateau de l'émission de Cyril Hanouna,

AGRESSION SEXUELLE - Les images étaient sous notre nez depuis le début. Pourtant, c’est seulement depuis la diffusion du documentaire “Je ne suis pas une salope, je suis journaliste”, sur Canal+ ce dimanche 21 mars, qu’elles sont de nouveau commentées, critiquées et dénoncées. 

Ce lundi 22 mars, c’était d’abord une séquence montrant Pierre Ménès embrasser de force Francesca Antoniotti dans “Touche Pas à Mon Sport” en 2016. Invitée tout comme le journaliste sportif sur le plateau de “TPMP”, la première concernée a assuré ne pas avoir vécu cette scène, sur le moment, comme une agression, mais plutôt comme une humiliation.

Dans une seconde vidéo diffusée dans l’émission de Cyril Hanouna, on voit le journaliste sportif, accusé d’avoir soulevé la jupe de Marie Portolano devant le public, se défendre de tout sexisme.

“Mon côté rebelle”

Quand la réalisatrice du documentaire lui demande s’il le referait aujourd’hui, le chroniqueur lui répond: “ben oui”. “Il faut aussi prendre les gens comme ils sont, j’étais embauché parce que je suis un personnage, estime-t-il. [...] C’est sûr que si t’étais un mec j’aurais pas soulevé ta jupe. C’est mon côté un peu rebelle. Moi si je peux plus chambrer une meuf, parce que c’est une meuf, c’est insupportable.”

Comme l’a rappelé la porte-parole du ministère de l’Intérieur dans la foulée, “embrasser quelqu’un de force, lui ‘attraper les fesses’ sur un plateau télé, dans les transports, au travail, quel que soit le contexte, est considéré comme une agression sexuelle”. Ce type de comportement est passible de cinq ans d’emprisonnement. 

Hélas, le cas de Pierre Ménès n’est pas isolé, ni inédit. Comme l’ont fait remarquer de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, la télévision française compte un certain nombre de séquences similaires où, dans l’hilarité générale, une femme se fait agresser. 

Un traumatisme

En 2006, c’est ce qui est arrivé à Cécile de Ménibus, sur le plateau de l’émission “La méthode Cauet”. Alors qu’elle tente de se défendre, l’acteur Rocco Siffredi l’empoigne, l’embrasse, lui touche les fesses et mime un acte sexuel. Le tout, sans son accord. “Vas-y Rocco, sors ta quéquette”, crie un animateur, sous les applaudissements du public et de ses confrères.

L’agression a traumatisé Cécile de Ménibus. “Quand [Rocco Siffredi] te dit bonjour, il a une érection, il faut le savoir, ce qui est déjà super désagréable, a-t-elle expliqué à Télé Loisirs. Il dit traiter les femmes correctement, ce qui est absolument faux, il a fait un truc horrible à Florence Foresti pendant la même émission. Surtout, ce qu’il a fait après, c’est que quand on était en coulisses, il fait 1,90m et il m’a attrapée au cou et il m’a fourré sa langue dans la bouche. Il a fallu que j’appelle la sécurité. C’est tout ce que je déteste. C’est du viol, en fait. Ni plus ni moins du viol.”

Quelques années plus tard, en 2011, c’est au tour d’Isabelle Moreau d’être victime. Alors qu’il arrive sur le plateau du “Canal Football Club”, pour sa centième, Pierre Ménès, encore lui, s’approche de la journaliste et l’embrasse sur la bouche, sans rien lui demander.

Dans la version initiale de son documentaire, Marie Portolano montre ces images à Isabelle Moreau sur une tablette. Les revoyant, celle-ci fond en larmes. La séquence a été coupée à “la demande de la direction des sports de Canal+” selon l’AFP, confirmant une information des Jours

Dans ce même documentaire, la réalisatrice confronte Pierre Ménès pour l’interroger sur la séquence de la jupe, dont elle a été victime. Lors de cet échange, que “TPMP” a finalement diffusé à l’antenne ce lundi, il affirme ne pas s’en souvenir et ajoute “ne pas comprendre pourquoi elle s’est sentie humiliée. Et d’ajouter: “ne plus pouvoir rigoler avec une femme, c’est ça, le sexisme”.

“J’ai fait une dépression”

Cinq ans plus tard, c’est Jean-Michel Maire, célèbre chroniqueur de Cyril Hanouna toujours en poste, qui embrasse la poitrine de Soraya Riffi, sans son consentement. La chaîne C8 est mise en demeure par le CSA. La victime, qui de prime abord avait défendu le journaliste de “TPMP”, a porté plainte contre lui en 2018, un an et demi après les faits. 

“Je reçois de nombreuses critiques, des menaces de mort, des allusions vraiment malsaines me concernant, a-t-elle confié au Figaro. C’est très dur à vivre à long terme aussi bien dans ma vie sociale que dans ma vie familiale. J’ai rencontré beaucoup de difficultés, j’ai fait une dépression.”

L’affaire fait beaucoup de bruit. Cyril Hanouna, lui, évoque un geste “regrettable”. C’est ce même Cyril Hanouna qui, hors antenne en 2016, prend la main de l’une de ses chroniqueuses qui a les yeux bandés, l’ancienne candidate de “Secret Story” Capucine Anav, pour la mettre sur ses parties génitales. La jeune femme comprend et retire immédiatement sa main.

“Il t’a mis la main sur son sexe?” lui demande une autre chroniqueuse, Isabelle Morini-Bosc. “Comme d’hab’ hein”, lui répond Capucine Anav, dans une séquence diffusée au cours d’une pastille ‘humoristique’ de Jean-Luc Lemoine. L’assemblée rit. Cyril Hanouna, le premier. Il “aime bien qu’on lui touche le zizi, ironise l’humoriste. Il dit que ça porte bonheur, surtout à lui.” Nouvelle explosion de rire. “Il est con ce mec”, continue le présentateur.

Ardisson et la culture du viol

Un an plus tard, toujours sur C8. Cette fois, ce n’est pas dans “TPMP”, mais dans l’émission de Thierry Ardisson “Salut Les Terriens”. Sur le plateau, Nolwenn Leroy est interviewée. Elle est en train de parler. Pendant ce temps, Laurent Baffie remonte la jupe de la chanteuse devant les caméras.

Elle le stoppe et plaque ses mains contre elle pour l’empêcher de continuer. “Faut du cul”, répète Laurent Baffie. À leurs côtés, Michel Fugain s’amuse de la situation. Thierry Ardisson ajoute: “C’est pour l’audience.” 

La situation n’est pas étrangère à l’animateur. Dans le documentaire “Chambre 2806: l’affaire DSK”, mis en ligne sur Netflix, au mois de décembre dernier, une scène peut en témoigner. Nous sommes en 2007, dans l’émission “93 Faubourg Saint-Honoré”. La journaliste et autrice Tristane Banon, alors âgée de 28 ans, raconte avoir été agressée sexuellement par Dominique Strauss-Kahn devant des invités amusés.

Au cours du repas filmé, la jeune femme revient sur son entrevue avec l’ancien chef du FMI. “Il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’ouvrir mon jean (...) Ça s’est fini très très violemment, on a fini par se battre”, raconte-t-elle, le sourire figé. “Ah j’adore. Tu es arrivé en col roulé, et tu repars en string”, lance Thierry Ardisson hilare. Cette scène, c’est l’exemple même de la culture du viol. Celles précédemment évoquées témoignent, elles, d’une banalisation des agressions sexuelles à la télévision française, une pratique aujourd’hui plus que jamais dénoncée.

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