Après l'année de Gaulle, Macron célèbre (plus prudemment) Mitterrand

POLITIQUE - Tout cela ne serait que pur hasard. L’Élysée le jure. Si, après le cycle commémoratif de “l’année de Gaulle”, Emmanuel Macron va poser les jalons ce vendredi 8 janvier de “l’année François Mitterrand” à l’occasion du 25e anniversaire...

Après l'année de Gaulle, Macron célèbre (plus prudemment) Mitterrand

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Emmanuel Macron lors de son déplacement à la CAF de Tours le 5 janvier 2021 (photo d'illustration).

POLITIQUE - Tout cela ne serait que pur hasard. L’Élysée le jure. Si, après le cycle commémoratif de “l’année de Gaulle”, Emmanuel Macron va poser les jalons ce vendredi 8 janvier de “l’année François Mitterrand” à l’occasion du 25e anniversaire de sa mort, c’est uniquement en raison d’une coïncidence de calendrier, le chef de l’État n’ayant pas pu choisir de remplir son mandat avec autant de dates “rondes” propices aux commémorations. Tout comme il n’aurait pas pu anticiper que deux de ses prédécesseurs disparaissent durant son quinquennat, Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing.

Ainsi, il serait inutile d’aller chercher une quelconque signification politique au déplacement que le président de la République effectue sur la tombe du premier président socialiste de la Ve République à Jarnac (Charente), où seront d’ailleurs présentes plusieurs figures du parti à la rose, de François Hollande à Ségolène Royal en passant par Olivier Faure. Toute interprétation de ce genre serait même “hors sujet” selon l’Élysée. “Le chef de l’État est dépositaire des legs de ses prédécesseurs”, souligne un conseiller de la présidence. Qui insiste: “il ne s’agit pas d’envoyer tantôt ici des clins d’œil aux électeurs de Mitterrand tantôt là à ceux de Gaulle. Tout cela n’a pas de sens”. 

″Éviter la captation d’héritage”

D’ailleurs, aucune prise de parole n’est prévue ce vendredi et le chef de l’État s’inscrira dans le déroulé traditionnel des cérémonies d’hommage qui se tiennent habituellement dans la ville natale de François Mitterrand: un dépôt de gerbe, une déambulation dans les rues et une visite de la maison qui a vu naître “Tonton”. Mais ce n’est pas le seul rendez-vous que le chef de l’État a fixé avec cette figure tutélaire de la gauche. L’Élysée indique qu’au moins deux autres dates sont prévues: le 10 mai, qui actera le 40e anniversaire de son élection, et le 9 octobre pour la 40e bougie de l’abolition de la peine de mort. 

Si l’entourage du chef de l’État veut ”éviter le soupçon de la captation de l’héritage”, on insiste tout de même et “en même temps” sur ce qui lie les deux hommes. “Emmanuel Macron se reconnaît en François Mitterrand l’européen, qui disait ‘le nationalisme c’est la guerre’”, admet-on à l’Élysée. Des proches du chef de l’État prennent eux moins de gants pour établir une filiation. “Il y a du Jupiter dans les deux présidents”, souffle à Europe 1 un sénateur proche des deux dirigeants. “Jupiter”, c’est d’ailleurs le nom donné au pupitre triangulaire et tricolore adopté par le chef de l’État depuis sa campagne de 2017, et qui le suit désormais dans tous ses déplacements comprenant une prise de parole. Un pupitre inspiré de celui de François Mitterrand. 

Si, malgré les dénégations de l’Élysée, ce cycle commémoratif semble bien être le pendant mémoriel du “en même temps” présidentiel, force est de constater que cette discrète récupération est sans commune mesure avec ce qui a été fait à l’égard du général de Gaulle. De l’incrustation de la croix de Lorraine dans le logo de la présidence de la République aux “gris-gris gaullistes” qui décorent son bureau en passant par les parallèles flagrants établis dans ses discours, Emmanuel Macron paraît plus tenté par la captation du père de la Ve République, encore plus dans un contexte où son quinquennat a achevé son orientation à droite.

D’autant qu’il y a un réel risque politique à célébrer trop fort François Mitterrand. “Le mitterrandisme est une référence” car “Mitterrand portait, comme il le disait, ‘le talisman’ de l’union. Sans elle, pas d’alternance possible”, souligne auprès de l’AFP François Hollande. Or, compte tenu du paysage politique actuel, l’émergence d’une force unique à gauche pourrait sérieusement inquiéter Emmanuel Macron dans la perspective de 2022. D’où cette prudence dans les éléments de langage élyséen, même si l’entourage présidentiel souligne à dessein “qu’une partie de la gauche n’est pas toujours à l’aise avec l’image de Mitterrand”. L’ensemble de la droite également.   

À voir également sur Le HuffPost: Pour ses vœux 2021, Macron avait opté pour un décor très giscardien