Après sa mort, Michel Fourniret emporte ses macabres secrets avec lui
SECRETS - Michel Fourniret est décédé ce lundi 10 mai à l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale de la Pitié-Salpêtrière à Paris à l’âge de 79 ans. Il y était hospitalisé depuis le 28 avril, a annoncé le procureur de Paris Rémy Heitz à...
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SECRETS - Michel Fourniret est décédé ce lundi 10 mai à l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale de la Pitié-Salpêtrière à Paris à l’âge de 79 ans. Il y était hospitalisé depuis le 28 avril, a annoncé le procureur de Paris Rémy Heitz à l’AFP.
Le tueur en série emporte avec lui de nombreux secrets après avoir souvent dérouté la justice en quarante ans d’un parcours criminel qui lui a valu le surnom d’“ogre des Ardennes”.
Condamné à la perpétuité incompressible en mai 2008 pour le meurtre de sept femmes, puis à nouveau à la perpétuité dix ans plus tard pour un assassinat crapuleux, le tueur n’en avait pas fini avec la justice. Il était encore mis en examen pour les disparitions ou les meurtres de plusieurs femmes, sur lesquels enquêtait la juge d’instruction parisienne Sabine Kheris.
Des corps jamais retrouvés
Mais avec sa mort, certaines affaires pourraient ne jamais révéler tous leurs secrets. C’est le cas de la disparition d’Estelle Mouzin. En mars 2020, Michel Fourniret avait fini par reconnaître sa responsabilité dans la disparition de la petite fille en 2003 en Seine-et-Marne à l’âge de 9 ans.
C’est son ancienne épouse Monique Olivier qui avait donné relancé les investigations fin 2019, en accusant Michel Fourniret d’avoir enlevé, violé et tué la fillette tout en contredisant son alibi.
Mais depuis, les problèmes de mémoire du tueur ont compliqué la tâche des enquêteurs. En dépit de nombreuses fouilles engagées avec force moyens dans les Ardennes, le corps d’Estelle n’a pas été retrouvé à ce jour.
D’autres affaires resteront probablement mystérieuses. Le 16 novembre 2018, Michel Fourniret avait été condamné à la perpétuité, par la cour d’assises des Yvelines, pour l’assassinat de Farida Hammiche. Jean-Pierre Hellegouarch, ex-compagnon de cellule de Fourniret, lui avait demandé en 1988, par l’intermédiaire de sa femme Farida Hammiche, de récupérer un “trésor” de lingots d’or enterré dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis (Val-d’Oise) par une équipe de braqueurs, le célèbre “gang des postiches”. Pour garder le magot, Fourniret avait tué la jeune femme. Avec cet argent, il s’était acheté notamment le château du Sautou, dans les Ardennes.
Son ex-épouse, Monique Olivier, avait elle écopé de 20 ans de réclusion dans cette affaire. Le corps de Farida Hammiche n’a, lui non plus, jamais été retrouvé.
Un ego “absolu”, “pervers” et “insupportable”
Quelques mois plus tôt, Fourniret avouait les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, entre 1988 et 1990 dans l’Yonne. Le corps de la deuxième n’a jamais été retrouvé non plus.
En décembre dernier, il a été mis en examen dans un quatrième dossier, celui de la disparition, en 1993 dans l’Orne, d’une femme de 29 ans, Lydie Logé.
Des années après les faits, les aveux de Michel Fourniret avaient relancé l’espoir d’élucider certains “cold cases”, des dossiers de disparitions au long cours dans lesquels son implication avait été évoquée et sur lesquels les enquêteurs planchaient, analyses d’ADN à l’appui.
Décrit par l’expert psychiatre Daniel Zagury comme “le tueur en série français le plus abouti”, le meurtrier a souvent joué au chat et à la souris avec les enquêteurs.
Me Didier Seban, qui défend plusieurs proches de ses victimes, cause de véritable “bataille” avec l’accusé “pour en savoir plus”, s’étonnant de “l’ego absolu de ce personnage”, “absolument pervers, absolument insupportable”.
Comme le rappelle Le Point, “plusieurs empreintes génétiques prélevées sur des effets de Fourniret sont toujours en cours d’analyse après avoir été rapprochées d’une vingtaine d’affaires de meurtre ou d’enlèvement non élucidées, partout en France”. Mais Michel Fourniret ne sera plus là pour y répondre.
À voir également sur Le HuffPost: L’avocat de Fourniret réclame “la sérénité des débats” dans l’affaire Mouzin