Arctic Monkeys, Lizzo, Queens of the Stone Age… On était à NOS Alive 2023

Pour sa quinzième édition, le slogan du festival NOS Alive (“La meilleure programmation. Toujours”) n’était pas forcément approprié sur le papier, au vu de son line up quelques peu daté au 1er abord (Red Hot Chili Peppers, The Black Keys, Queens...

Arctic Monkeys, Lizzo, Queens of the Stone Age… On était à NOS Alive 2023

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Pour sa quinzième édition, le slogan du festival NOS Alive (“La meilleure programmation. Toujours”) n’était pas forcément approprié sur le papier, au vu de son line up quelques peu daté au 1er abord (Red Hot Chili Peppers, The Black Keys, Queens of the Stone Age…).

Heureusement, les têtes d’affiches rock mais aussi pop internationales n’étaient vraisemblablement pas malheureuses de venir jouer le temps d’une escapade portugaise. Ce qui a fait le plaisir d’un public revenu en nombre pour l’un des rendez-vous les plus appréciés de l’été lisboète, pourtant pas avare en festivals excitants. Tour d’horizon des concerts les plus attendus et des découvertes les plus stimulantes.

Jeudi 6 juillet

Throes + The Shine, déferlante hybride

Après s’être tranquillement assoupi devant la performance sans ferveur de The Black Keys sur la grande scène NOS, la décharge kuduro-rock aux penchants électroniques de Throes + The Shine aura été salutaire du côté de la bien nommée scène WTF Clubbing. Le trio luso-angolais originaire de Porto a très rapidement prouvé qu’il n’était pas venu faire de la figuration, pendant que les têtes d’affiche étrangères rameutait l’essentiel des festivalier·ères. Par leur énergie incandescente et leur proposition hybride particulièrement au point, Throes + The Shine a très rapidement obtenu l’adhésion d’une foule enjouée et grandissante au fil des minutes. Il n’aura d’ailleurs fallu que dix petites minutes pour que le MC angolais Mob Dedaldino électrise les festivalier·ères présent·es en fendant l’assemblée en deux afin d’y répandre sa bonhommie communicative sur l’imparable Balança. Le trio ne laissera que de très rares moment de répit, avant d’asséner un nouvel uppercut que nous ne sommes pas prêt d’oublier.

Red Hot Chili Peppers, enthousiasme adolescent

Pour leur 1ère date en terres lusitaniennes depuis 2017, Anthony Kiedis et les siens ont été accueillis à bras ouverts et l’ont bien rendu. Après une entrée en matière tonitruante marquée par une longue intro instrumentale de Can’t Stop, où s’est illustré John Frusciante par un solo inspiré, la bande californienne a déroulé une setlist plutôt équilibrée de 16 morceaux, entre hits obligatoires et titres moins convaincants issus de leurs derniers albums. Si Kiedis – paré d’un impayable haut en filet vert fluo – s’est révélé mutique avec ses fans venu·es en nombre et arborant les couleurs du groupe, ses compagnons ont été moins avares, à l’image du bassiste Flea appelant à “profiter pleinement de l’instant” depuis la grande scène, éclairé par la lune le long du passage maritime d’Algés. Devant un public clairement acquis à la cause, les Red Hot n’ont pas eu à forcer leur talent d’entertainers, sans pour autant bouder leur plaisir de retrouver le Portugal et son fervent public. Cette 1ère journée de NOS Alive se clôt sur Under The Bridge et Give It Away. L’essentiel est assuré.

Vendredi 7 juillet

Idles, punk sans ménagement

Pour leur sixième visite au Portugal, Idles n’a pas hésité à faire rugir son exutoire punk avant même le coucher du soleil, le tout à base de chansons engagées à leur manière et d’hymnes dans lesquels le groupe défend de sérieuses revendications avec un humour tout britannique. Justement, “Fuck the King” aura été la phrase clé de ce concert, qui, répétée une deuxième fois, a incité le public à la reprendre à son compte, en solidarité avec l’hilarant Joe Talbot qui s’est incliné devant le public portugais, avant de vociférer la chanson “antifascisteRottweiler., clôturant le martèlement rock d’un peu moins d’une heure. Joe Talbot, bandeau sur le front façon look tennisman des années 1970-1980 à la Björn Borg et chemise imbibée de sueur, quitte la grande scène avec ces mots : “Nous sommes Idles, nous avons été à chier, vous avez été géniaux.” Le groupe de Bristol s’est assurément fait de nouveaux adeptes pour leur retour à NOS Alive, où ils avaient joué il y a quatre ans sur la scène secondaire.

Lizzo, pop fière et libératrice

À 35 ans, l’artiste de Détroit arrive à NOS Alive avec le bagage de plus d’une décennie, d’abord dans un carcan hip-hop, puis en s’épanouissant dans un R&B de plus en plus vitaminé, extraverti et grandiloquent. “Est-ce ma 1ère fois au Portugal ? Probablement”, s’interroge-t-elle vers la fin d’un show aussi maîtrisé qu’amusant, composé de 17 chansons principalement issues de ses albums les plus réussis, Cuz I Love You de 2019 et Special de 2022. Un show où il y avait encore de la place pour des lectures et des signatures de pancartes pour les jeunes fans, entonner un joyeux anniversaire, adresser des messages d’empowerment et même entamer une reprise du Yellow de Coldplay – c’est dire. À la fin de l’heure, Lisboa est définitivement renommée en Lizzoboa, rebaptisée par la popstar américaine.

Arctic Monkeys, dandys barbants

Le groupe anglais était la tête d’affiche de la deuxième journée de NOS Alive 2023 et a donné un concert satisfaisant, dirons-nous, pour les milliers de personnes amassées devant la grande scène. Le show a surtout péché par le manque d’ambition de sa setlist et un enchaînement ne permettant jamais de décoller vraiment. Tout au long du concert, l’attention se portait sur Alex Turner qui, soit par sa voix, soit par sa posture désormais maniérée, venue d’un autre âge et frisant par moments le ridicule, incarnait ce qu’il reste de l’image d’une rockstar au XXIe siècle. Alternant majoritairement entre les tubes rugueux de leurs débuts et les ballades du récent The Car sorti en 2022, leur présence sur scène s’est terminée sans magie avec I Bet You Look Good On The Dancefloor et R U Mine, accompagnés d’un épais brouillard que certain·es ont essayé de dissiper avec des pogos d’adieu, sans succès. La curiosité de la soirée réside dans cette idée d’intercaler la bande de Sheffield entre Lizzo et Lil Nas X, au public bien plus jeune et pop, pour un résultat peu concluant.

Lil Nas X, fourre-tout pop

Dernier à passer sur la grande scène en ce deuxième jour de festival, l’artiste américain de 24 ans – propulsé du jour au lendemain pop star grâce à son tube Old Town Road en 2019 – s’est fait attendre pour son 1er concert portugais. Après quarante minutes de retard pour peaufiner l’installation de sa scénographie XXL, la performance de l’icône pop rap, pur fruit de son époque, a été marquée par la sollicitation de ses danseurs, d’animaux de scène et d’imprévus, comme une déchirure dans son pantalon en début de show. Le concert a duré moins d’une heure mais a pourtant été coupé parun entracte. Au son des chansons de Rihanna, les danseurs ont offert une performance de haute volée avec des mouvements de danse issus du voguing. Peut-être pour anticiper l’extravagance à venir : Lil Nas X est revenu sur scène avec un string bleu vif et des cornes de taureau. Sur scène comme sur disque, Lil Nas X s’affirme dans l’industrie musicale sans craindre les préjugés, ce qu’il avait déjà prouvé lorsqu’il avait révélé son homosexualité il y a près de cinq ans, tout en se hissant au sommet des charts du monde entier.

Samedi 8 juillet

Queens of the Stone Age, généreuse désinvolture

C’est peu de temps avant le crépuscule que Queens of the Stone Age s’est emparé de la grande scène, devant une foule visiblement plus clairsemée que la veille pour Arctic Monkeys – il était l’heure de reprendre quelques forces pour les festivalier·ères. Qu’importe, Josh Homme a excellé dans l’irrévérence et a fait preuve de gratitude envers celleux qui, haut et fort, ont chanté et dansé sur les titres comme Smooth Sailing, If I Had a Tail et Make It Wit Chu, ce qui leur a valu de nombreux “obrigado” de la part de l’Américain. En l’espace d’une bonne heure, le groupe composé de Josh Homme, Troy Van Leeuwen, Dean Fertita, Michael Shuman et Jon Theodore n’a présenté que deux chansons de leur œuvre la plus récente In Times New Roman…, à savoir Carnavoyeur et Emotion Sickness, optant plutôt pour une jouissive rétrospective dans leurs précédents albums et des grands succès d’une carrière musicale déjà bien remplie.

Rina Sawayama, rage féministe

Dotée d’un redoutable registre vocal notamment dans les notes aiguës, Rina Sawayama a totalement conquis le public par sa présence conquérante sur scène et son attitude affirmée. Dotée d’un charisme magnétique presque glaçant, Rina Sawayama est une figure pop pour le moins étonnante. Avec d’innombrables influences sonores de Britney Spears à Lady Gaga, Rina oscille aussi parfois entre un son pop électronique et du rock qui tire un peu plus vers le penchant “heavy”. Quelque part entre les vibrations rock et la pop plus mainstream, l’artiste n’a pourtant pas encore une identité artistique très claire et assumée. Ce qui n’enlève rien à sa performance live – mettant au diapason ses danseuses et musiciennes – parmi les plus impressionnantes que l’on ait vues sur la scène secondaire. Son show enlevé aux chorégraphies élaborées prouve que la chanteuse nippo-britannique mérite amplement d’occuper des scènes de plus grande ampleur dans un avenir proche.

Branko, communion lusophone à Lisbonne

Juste après le show cinématographique de Rina Sawayama, c’était du côté de la scène Heineken qu’il fallait rester pour clore cette 15e édition du festival, en présence du pilier de la scène afro-électronique lisboète João Barbosa alias Branko. Le producteur et DJ – membre fondateur des Buraka Som Sistema, très rare groupe portugais à s’être exporté à l’international (jusque sur la scène de Coachella) ces quinze dernières années – a offert une sublime prestation célébrant la diversité culturelle de Lisbonne et du monde lusophone. Avec quelques inédits dont le remuant Agenda en collaboration avec le rappeur ghanéen Bryte, sorti le jour même pour l’occasion, Branko a aussi invité la jeune chanteuse brésilienne BIAB à venir interpréter leur morceau en commun doux comme un nuage, Nuvem. Après une heure intense à suer aux sons des morceaux phares de ses deux derniers albums, Nosso en 2019 et OBG et 2022, Branko a convié une bonne partie de son public à venir le joindre pour un closing exaltant et multiculturel, parfaitement à l’image de la scène afro-club qui sévit depuis de nombreuses années à Lisbonne. Il n’y a avait pas meilleure manière de dire au revoir à NOS Alive 2023. Até para o ano!