Arctic Monkeys, Phoenix, Idles… On était au Bilbao BBK Live 2023

Dans le cadre fantastique d’un plateau de montagnes basques qu’on rejoint en serpentant lentement autour du mont Cobetas, la 17ème édition du BBK Live, du 6 au 8 juillet, a tenu toutes ses promesses. À Bilbao (Espagne), on a vu le meilleur...

Arctic Monkeys, Phoenix, Idles… On était au Bilbao BBK Live 2023

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Dans le cadre fantastique d’un plateau de montagnes basques qu’on rejoint en serpentant lentement autour du mont Cobetas, la 17ème édition du BBK Live, du 6 au 8 juillet, a tenu toutes ses promesses. À Bilbao (Espagne), on a vu le meilleur du rock anglais et des artistes indéboulonnables, l’événement se faisant en outre place forte de la musique hispanophone. Récit de ces trois jours de festival.

Dry Cleaning, violence contenue

Alors que la plupart des spectateurs en étaient à monter leur tente de camping, c’était la prestation idoine pour lancer les hostilités sous un ciel plus que menaçant. Entre la prestation hantée d’un Tom Dowse gesticulant prêt à s’électrocuter sur sa guitare comme le Beef de Phantom of the Paradise et les tacles au corporatisme de la sempiternelle scène Firestone qui leur faisait face, Dry Cleaning, tout en violence contenue, nous met aisément le pied à l’étrier. La bande londonienne, travaillant son post-punk rêche et rectiligne, amène à l’extase un public qui s’enivrera jusqu’au pogo.

Desire, simulacres et simulations

Juste le temps d’essuyer une averse diluvienne, d’entendre l’hymne de festival (bon gré mal gré) Midnight City de M83 et de jeter une oreille à HAAI sur l’une des scènes club du festival, et nous voilà revenu au point de départ pour voir les rejetons d’Italians Do It Better. Si la prestation a des allures de pétard mouillé au regard d’un public plutôt amorphe ou lui préférant la musique de Florence + the Machine, le disco-ésotérisme de Desire séduit à grand renfort de jeu référentiel : des reprises de New Order ou Kylie Minogue, des appels du pied au film noir et au giallo, une certaine influence de Madonna couplée à un playback inaugural qu’on aurait bien entendu dans Mulholland Drive.  

The Chemical Brothers, la bête humaine

Après un live de Fever Ray qui nous laisse froid ou sur le cul, sans que l’on sache vraiment se décider, les Chemical Brothers avaient pour mission d’accompagner les festivaliers jusqu’au bout de la nuit. Pari remporté haut la main – ne serait-ce qu’en termes de décibels : un son à réveiller les morts. Mais au-delà du mur du son réduit en miettes, le show millimétré des deux faux frangins en forme d’autoroute à tubes et d’animation à faire rougir le Michel Gondry période Daft Punk a tout d’un highlight du weekend (notons que le réalisateur a signé plusieurs clips du groupe mancunien). Si on regrettera sa forme un brin poussiéreuse et bourrine qui lui donne des faux airs de Futuroscope (le futur de notre passé), reste un set à l’hédonisme sans borne. Un concert qui finira de nous achever avant celui de la vénézuélienne Arca qui, malgré ses fondations prometteuses, nous fera ployer sous le coup de la fatigue. Une question de survie qui n’empêchera pas quelques pincements au cœur.

Maria Escarmiento, hyperpopstar

BBK Live, jour 2. Avec pour simples connaissances quelques écoutes distraites et une vague intuition, on se dirige vers la scène Firestone qui accueille Maria Escarmiento. La foule gargantuesque, au regard de la petitesse de la scène, indique que le BBK Festival s’est définitivement trompé sur les proportions que prendra le show délirant de la madrilène. Chassant sur les terres de l’hyperpop, la bachata, le reggaeton ou l’eurodance, la musique Y2K de Maria se fait témoin de la vitalité de la scène espagnole après Dinamarca ou 8kitoo.

Phoenix, la leçon

Après une étape obligatoire pour attraper les papes du slacker rock, Pavement, dont on partagera les classiques avec le show ambient Malibu, on fonce sur la main stage. Le feu brûle, l’eau mouille et Phoenix fait de bons concerts épisode 5173. Devant une impressionnante marée humaine acquise à sa cause mais amputée de sa scénographie fétiche, la bande de Thomas Mars se montre sous son plus beau jour durant ce BBK. Celui d’un groupe en pleine possession de ses moyens pouvant se permettre de prendre tout le monde de court en débutant les hostilités avec son plus grand tube (Lisztomania), et ce sans mettre en danger son statut de tête d’affiche. Un show qu’on sait pensé jusque dans ses moindres recoins mais qu’on ne peut s’empêcher de trouver en tout point parfait.

Jamie XX, le dancefloor

Malgré une prestation hantée en diable, The Murder Capital, quintet punk de Dublin, peine à tenir la dragée haute face au rouleau compresseur The Blaze. Fast forward donc jusqu’à la prestation de Jamie XX pour laquelle on sacrifiera celle toute aussi électrique du groupe de punk espagnol La Élite. Toujours accompagné par son dispositif de caméras immersives permettant de faire entrer organiquement la danse dans son live, l’Anglais délivre un set d’une précision imparable dont on regrette seulement que le (I Know There’s Gonna Be) Good Times inaugural dure plus longtemps qu’une simple introduction en forme de note d’intention. Le dancefloor idéal pour clôturer cette seconde journée.

070 Shake, la reina

Interrompant une dispute entre deux spectateurs en bord de scène et les obligeant à se réconcilier en une étreinte, quelques cris percent dans la foule : “Reina! (La reine !)” Un moment qui capture à merveille le mélange d’envie d’en découdre et d’amour qui traverse le concert de la rappeuse du New Jersey. Réclamant d’un même mouvement pogos et câlins entre les morceaux, celle qu’on associe désormais aux synthés vrombissants du producteur Mike Dean s’est montrée sous son meilleur jour pour entonner ses tubes Guilty Conscience, The Pines ou le final en forme de passage obligé : Ghost Town. La parfaite rampe de lancement de cette dernière journée de festival.

Arctic Monkeys, la cure de jouvence

Autrement moins muséifiée qu’elle nous était apparue l’année passée à Rock en Seine mais toujours aussi poseuse, la bande d’Alex Turner, visiblement dans un bon jour, s’est fendue d’un show dantesque (près de deux heures de concert). Piochant dans sa désormais pléthorique discographie passée à la moulinette Tranquility Base Hotel & Casino du meilleur effet, Arctic Monkeys déjoue la plupart des pièges de la tête d’affiche en pilotage automatique. D’aucuns reprochaient au frontman de trop en faire, de pousser la caricature du crooner à l’américaine jusqu’à la migraine mais le vernis seventies de la prestation d’AM donne toute la saveur d’un show qu’on aurait pu envisager beaucoup plus prévisible. C’est finalement dans ce magnétisme surjoué que repose encore la force des singes de Sheffield. En un axiome : crooner est tout ce qu’il reste à Alex Turner pour ne pas céder aux sirènes du stadium rock.

Idles, en héros

N’en déplaise à Saul Adamczewski, leader de Fat White Family, Idles est toujours un putain de groupe. Affublé d’un bandeau à la McEnroe, Joe Talbot a conduit sa troupe pour probablement livrer, dans les derniers instants, le meilleur concert de cette édition. Abrasif, tendu mais aussi insurrectionnel et hédoniste en diable comme un chant antifa repris en cœur par un stade de foot, le rouleau compresseur d’Idles offre les plus beaux moments de communion du festival : mosh-pits en vagues harmonieuses (Danny Nedelko) et hurlements de supporters devenus chorale (Mother), le public fait corps. Une leçon d’engagement (au sens physique et politique) qui avait débuté en fanfare avec le slam du guitariste Mark Bowen dès le second morceau du set. Un moment de bravoure parfait pour clôturer le festival.