A (re)découvrir : Otar Iosseliani, le Tati géorgien

Ces cinq films permettent de découvrir l’univers doux rêveur d’Otar Iosseliani, cinéaste né en 1934 à Tbilissi qui réside et travaille en France depuis 1982, où il tourne notamment Les Favoris de la lune (1984), Adieu, planchers des vaches! (1999) ou...

A (re)découvrir : Otar Iosseliani, le Tati géorgien

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Ces cinq films permettent de découvrir l’univers doux rêveur d’Otar Iosseliani, cinéaste né en 1934 à Tbilissi qui réside et travaille en France depuis 1982, où il tourne notamment Les Favoris de la lune (1984), Adieu, planchers des vaches! (1999) ou Jardins en automne (2006). Quatre des films proposés ici ont été tournés en Union soviétique, le dernier en Italie.

Dans Aquarelle (1958), réalisé au sein de l’Institut soviétique de cinéma de Moscou dont il est l'élève, Iosseliani filme une petite famille pauvre qui découvre,dans une galerie de peinture, que leur misérable maison est devenue belle grâce à un aquarelliste de talent... Déjà, les dialogues n‘intéressent pas Iosseliani (le muet ou l’inintelligibilité des dialogues deviendront sa marque de fabrique jusqu’à aujourd’hui). Il a trouvé son style, qui fait évidemment penser à Tati, en plus dilettante. Il enchaîne en 1959 avec Le Chant de la fleur introuvable (Sapovnela) documentaire sur un vieil amateur de fleurs qui voit ses jardins écrasés par des tracteurs. Iosseliani semble surtout fasciné par les fleurs, qu'il filme patiemment dans des plans très composés. 

Top formaliste ! Pas assez réaliste !

Avril (1961) est le film de fin d’études de Iosseliani. Il met en scène la naissance d'un jeune couple dans un petit village traditionnel géorgien assez décrépit mais ravissant. Seul inconvénient : ses habitant·es semblent obsédé·es jusqu’au délire par la possession de meubles ! Bientôt, tout le monde s'installe dans des barres d'immeubles modernes, finit par se détester, cloîtré·e dans sa solitude et son ennui. Le bonheur n’est pas dans la société de consommation. Pourtant, ce style un peu surréaliste n’est pas du tout du goût des autorités soviétiques : trop formaliste ! Pas assez réaliste ! Il est interdit.

Iosseliani, trois ans plus tard, revient au cinéma par la porte du documentaire : dans La Fonte (1964), il filme les ouvriers fondeurs d’acier avec lesquels il a travaillé pendant quatre mois. Les conditions de travail sont très dures, l'équipement, rudimentaire. En voilà, du réalisme ! Mais avec malice, Iosseliani joue sur les bruitages et filme les travailleurs avec tendresse, dans leurs moments de pause. Ils se ressemblent tous (même moustache, même casquette). Ce sont des personnages de fiction, au fond.

>> A lire aussi : Notre grand entretien de 1997 avec Otar Iosseliani

Un petit monastère de Toscane, tourné en 1988 pour la télévision, encore un “documentaire”, montre non seulement la vie austère et rigoureuse de cinq moines français augustins installés dans le petit village de Castelnuovo dell'Abate, mais aussi, et surtout la vie et le travail des paysan·nes, leurs chants, les récoltes d'olives ou les vendanges, les fêtes, les danses. Les moines se mêlent parfois aux villageois·es. Ils ont ce charme des compagnons de St François dans les Onze Fioretti de François d’Assise de Roberto Rossellini (1950).

Aquarelle, Avril, La Fonte, Sapovnela, Un petit monastère de Toscane d'Otar Iosseliani. Sur Henri, la plateforme de la Cinémathèque française