Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog signent un ouvrage éclairant sur la musique underground

Dès les pages de garde de ce livre riche en propositions, des centaines de noms de musicien·nes se bousculent, classé·es en ordre alphabétique. Si certain·es sont bien connu·es – au hasard, Cat Power, Funkadelic – la plupart n’a jamais connu...

Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog signent un ouvrage éclairant sur la musique underground

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Dès les pages de garde de ce livre riche en propositions, des centaines de noms de musicien·nes se bousculent, classé·es en ordre alphabétique. Si certain·es sont bien connu·es – au hasard, Cat Power, Funkadelic – la plupart n’a jamais connu de succès grand public et mérite une petite recherche rapide sur le net qui peut occasionner de jolies découvertes, voire même changer sa vie.

Underground, la bande dessinée d’Arnaud le Gouëfflec et de Nicolas Moog, est une déclaration d’amour aux artistes qui se sont construit·es en marge de la pop, des artistes souvent culte (Sun Ra, Brigitte Fontaine, Daniel Johnston), parfois beaucoup plus obscurs (Eliane Radigue, Peter Ivers). En une trentaine de chapitres, les deux auteurs, par ailleurs musiciens, retracent avec énergie et érudition la trajectoire de ces outsiders si précieux·ses. Le trait noir et blanc de Nicolas Moog et son graphisme enlevé donnent corps à ces “rockers maudits et grandes prêtresses du son” (pour reprendre le sous-titre d’Underground).

Quant aux scénarios d’Arnaud Le Gouëfflec, riches en anecdotes, ils parviennent à capter l’attention et expliquer en quelques pages des histoires souvent incroyables, des parcours qui louvoient entre ombre et lumière, génie et lose. On s’amuse, on frémit, on compatit à la lecture d’Underground, gros pavé qui se clôt par une discographie sélective précieuse. Impossible de rester longtemps de marbre face à ce défilé de talents hors-normes : un détour chez un disquaire, sur Bandcamp ou sur une plateforme de streaming s’impose vite tant les récits de le Gouëfflec et Moog portent en eux un enthousiasme contagieux.

Vous écrivez des scénarios, des romans et enregistrez des chansons, vous avez d’ailleurs un label, l’Eglise de la petite folie. Pour vous, y-a-t-il une hiérarchie entre les arts ?

Arnaud le Gouëfflec  – Non, aucune. Je suis venu à la musique par l’envie de expliquer des histoires. Jeune, j’ai été marqué par Boris Vian ou Pierre Mac Orlan des auteurs multimédia qui écrivaient des chansons mais aussi d’autres choses. Je me disais que, quand on écrit, on doit pouvoir se faufiler entre plusieurs mondes et vivre des aventures en passant d’un genre à l’autre. Je me repose aussi d’une activité dans l’autre, quand on écrit des chansons ce n’est pas la même énergie que quand on écrit un scénario de bande dessinée ou de roman. Passer de l’un à l’autre permet de se renouveler, de se ressourcer.

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La musique reste votre principal moteur ?

L’inspiration, je vais la chercher dans la musique et une écoute quotidienne. Tout ce dont il est question dans Underground, c’est un peu la synthèse de tout ce qui me nourrit, en fait. Chacun va puiser dans un monde magique qui l’inspire, en ce qui me concerne ce sont les grandes figures de la musique. Le fait que des gens comme Sun Rad ou Eugene Chadbourne aient existé pour créer, ça me motive pour me lever le matin. Ça me rassure, j’ai l’impression qu’il y a quelque part une énergie, une folie qui m’appelle, me motive… Sinon le monde serait un peu triste.

Quels critères vous ont aidé à dresser le sommaire d’Underground ?

Prendre des artistes qui ont des discographies longues et ont construit des œuvres. Ils et elles ont en commun d’avoir défendu jusqu’au bout une vision artistique personnelle, à rebrousse-poil de tout. Au contact du conformisme de l’époque, par une sorte de procédé chimique, ça crée des anecdotes, des choses invraisemblables. On s’est aussi intéressé aux frottements entre underground et mainstream, ces moments entre chien et loup quand, par exemple, Brian Eno rend visite aux musiciens de Cluster et va nourrir la trilogie berlinoise de Bowie du fruit de leurs échanges. Ça nous intéresse de voir que, quelque part, s’il y a des révolutions dans le mainstream, c’est qu’il s’est passé quelque chose juste avant dans l’underground. J’ai monté à Brest il y a 16 ans le festival Invisibles et on y a fait venir des figures présentes dans le livre comme Jonathan Richman, Eugene Chadbourne ou Damo Suzuki de CAN – j’avais joué avec lui.

Pas de playlist associée au livre ?

On a hésité et puis on s’est dit que ça serait mieux de laisser aux gens la liberté d’aller chez un disquaire, pour ne pas flécher la manière d’écouter. Dans ce livre, il y a plein de petites portes que l’on peut ouvrir, c’est un cabinet de curiosité que chacun peut prolonger à sa guise.

Enfin, l’underground existe-t-il toujours ?

Il ne disparaît pas, il y a toujours des artistes qui créent des œuvres démentielles comme Alice Dourlen et son groupe Chicaloyoh. Après, je m’intéresse aussi aux artistes mainstream. Dylan, c’est quand même le plus grand, un monde à lui tout seul. D’ailleurs, on l’a mis sur la couv’ comme Iggy Pop dont on cause seulement en filigrane.

Underground d’Arnaud le Gouëfflec et Nicolas Moog  (Glénat), 312p., 30€

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