Art Rock 2024 : Zaho de Sagazan, Luidji, Étienne Daho… une 41e édition aux petits oignons

Tout avait pourtant mal commencé. À peine le pied posé en terres bretonnes qu’une pluie battante s’abat sur Saint-Brieuc. Un coup de semonce typiquement breton, qu’on classera finalement sans suite, tant la 41e édition d’Art Rock aura conjuré...

Art Rock 2024 : Zaho de Sagazan, Luidji, Étienne Daho… une 41e édition aux petits oignons

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Tout avait pourtant mal commencé. À peine le pied posé en terres bretonnes qu’une pluie battante s’abat sur Saint-Brieuc. Un coup de semonce typiquement breton, qu’on classera finalement sans suite, tant la 41e édition d’Art Rock aura conjuré tous les stéréotypes météorologiques régionaux. Morceaux choisis de notre virée, qui lance traditionnellement la saison des festivals.

Zed Yun Pavarotti, BB rockeur

Curieuse carrière que celle de Zed Yun Pavarotti qui l’année dernière parachevait, avec son album Encore, sa mutation de rappeur sous spleen à rockeur du futur. Son concert ne fera pas exception. Accompagné par son groupe (notamment un guitariste portant ses chemises comme Morrissey), il déroule un imaginaire qui convoque aussi bien la jangle pop, Is This It sous Auto-Tune, ou une version revitalisée des bébés rockeurs. “J’espère que vous irez voir The Libertines ce soir, le meilleur groupe de rock de l’histoire. On a de la chance d’avoir Pete Doherty sur cette Terre”, conclut-il son concert en forme de parfaite introduction à ce que la journée nous réserve.

Luidji, artiste modèle

Après la comète Favé, jeune héros de la jersey drill (ce sous-genre du rap ayant explosé l’année dernière), la grande scène d’Art Rock conviait un autre rappeur iconoclaste, Luidji. Dans un show fédérateur, il s’est mis à la hauteur de sa réputation d’artiste autarcique du rap français, à mille lieux des injonctions de l’industrie. Balayant indifféremment les morceaux de son dernier album en date (Saison 00) que ses 1ers singles devant un public qui les connaît de toute façon sur le bout des doigts, le concert de Luidji atteste de la maestria avec laquelle il a su patiemment construire sa carrière. Une trajectoire modèle.

The Libertines, l’amour fou

Zed Yun Pavarotti ne s’y était pas trompé, l’attraction du soir venait tout droit d’Albion. Tout à la fois moment d’émotion rare et célébration euphorisante de la discographie de la bande emmenée par les héros romantiques de notre adolescence : Pete Doherty et Carl Barât, dont on choie chaque interaction comme un précieux sésame. Des retrouvailles qui conjurent le poids des années, les excès, les brouilles, de l’ouverture sur Up the Bracket jusqu’au rappel sur Don’t Look Back Into the Sun, un passage en revue de certains des plus grands morceaux du rock contemporain (What Katie Did, Can’t Stand Me Now, What Became of the Likely Lads…), une touchante communion avec la foule avinée du festival. En somme, une joie non dissimulée par le simple fait de revoir une paire tant aimée chanter à nouveau joue contre joue dans le même micro.

Yamê et Zaho de Sagazan, les nouvelles stars

Alors que tout le monde lui prête déjà une immense carrière au-devant (les comparaisons avec Stromae vont bon train), il réside chez Yamê une certaine fraîcheur d’esprit lui faisant éviter les écueils… Déjà croisé aux Trans Musicales de Rennes l’année passée, et aujourd’hui catapulté sur la main stage d’Art Rock, sa culture des jams (qui structure les intermèdes de son concert) semble le faire contrevenir à tous les clichés standardisant et enfermant à cette génération d’artistes ayant explosé·es à vitesse grand V sur les réseaux. Une leçon de générosité, qui n’est pas étrangère à la prestation de Zaho de Sagazan se produisant quelques heures plus tard sur la même scène à la tombée de la nuit. Dans un registre moins débordant mais plus élégant (sa scénographie n’est pas sans rappeler les dernières tournées de Charlotte Gainsbourg), la jeune tornade autrice-compositrice-interprète a prouvé qu’elle avait déjà tout de la tête d’affiche. L’année précédente, elle se produisait sur la petite scène. En une petite année, le contraste est saisissant.

Fat Dog, la déflagration

Une fois n’est pas coutume, le label anglais Domino Records a toujours le nez fin quand il s’agit de dégoter le next big thing du rock anglais. Alors, avant de se les faire confisquer par les main stages des festivals du monde entier, les festivalier·es briochin·es s’étant déplacé·es dans la salle du Forum ce soir-là ont assisté au concert qu’il·elles étaient en droit d’attendre. Avec son furieux cocktail de punk incendiaire et de beats martiaux, Fat Dog n’a pas attendu longtemps pour convoquer pogos et slams dans la foule. À n’en point douter, l’un des meilleurs concerts de cette nouvelle édition, qui donne tout son sens à la petite poignée de singles au long cours déjà disponibles sur les plateformes. La machine est en marche.

Étienne Daho, wild card

Dans le cadre d’une carte blanche qui lui offrait le luxe de réaliser sa propre programmation, l’éternel Étienne Daho conviait, en sus d’Unloved ou Moodoïd, sa protégée Calypso Valois venue présenter son dernier album en date : Apocalypso. Une formidable manière d’ouvrir cette dernière journée de festival et une parfaite mise en jambes pour ce qui nous attendait quelques heures plus tard sur la grande scène d’Art Rock : le prince de la pop française en personne, devant l’une des plus grosses affluences qu’il nous ait été donné de voir en terres briochines. Un concert en apesanteur, absolument exquis, qui traversera toutes les périodes de la discographie de Daho, en passant par les immanquables Sortir ce soir, Bleu comme toi, Tombé pour la France. Maître en son royaume.

Frànçois and the Atlas Mountains et Flavien Berger, bouquet final

Pour se remettre de nos émotions en douceur et mettre un point final à notre escapade bretonne, nous nous sommes trouvé un itinéraire tout indiqué sur la scène B, où se succédaient Frànçois & the Atlas Mountains et Flavien Berger. Un 1er concert aux goûts de retrouvailles (une constante de ce week-end de concerts) entre Frànçois Marry et sa formation scénique de l’époque Piano ombre (2014), qui finira sur l’indémodable Be Water, avant de laisser leur place à Flavien Berger. Tout juste sorti de sa tournée Re-tour avec pour objectif de revisiter les salles parisiennes importantes pour sa carrière, il lance sa saison des festivals sur des chapeaux de roue devant un public transi. Une conclusion parfaite.