Assurance chômage: gauche et syndicats ravis du "stop" du Conseil d'État à l'"injuste" réforme

ASSURANCE CHÔMAGE - Une “victoire” pour les syndicats, un revers pour le gouvernement. Le Conseil d’État a suspendu ce mardi 22 juin la réforme controversée de l’assurance chômage qui devait entrer en vigueur à compter du 1er juillet. Là où...

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(Photo d'illustration: Manifestation contre la réforme de l'assurance chômage en mars 2021 par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

ASSURANCE CHÔMAGE - Une “victoire” pour les syndicats, un revers pour le gouvernement. Le Conseil d’État a suspendu ce mardi 22 juin la réforme controversée de l’assurance chômage qui devait entrer en vigueur à compter du 1er juillet. Là où la ministre du Travail Elisabeth Borne évoque une simple question de “temporalité”, les syndicats saluent eux une “importante victoire”.

Saisie par les syndicats, opposés depuis le départ à cette réforme qu’ils jugent pénalisante pour les demandeurs d’emploi, la juge des référés de la plus haute juridiction administrative a suspendu les règles de calcul du montant de l’allocation chômage qui devaient entrer en vigueur dans dix jours, selon l’ordonnance rendue publique ce mardi.

“Un désaveu pour une réforme mal calibrée”

Sitôt la suspension annoncée, les syndicats et leurs leaders ont fait part de leur satisfaction:

“C’est une victoire pour les demandeurs d’emploi, qui auraient été durement sanctionnés par cette réforme”, a tweeté le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger. Pour la centrale, “cette suspension sonne comme un désaveu pour une réforme mal calibrée”.

Pour FO, Michel Beaugas y a vu “un nouveau revers pour le gouvernement”, tandis que Laurent Escure (Unsa) a salué “une bonne nouvelle pour les travailleurs” et Solidaires relève “une défaite pour ce gouvernement antisocial”.

Les syndicats attaquent principalement la mesure phare de la réforme: le nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR), base de l’allocation. Ce nouveau mode va pénaliser les demandeurs d’emploi alternant chômage et activité, “les permittents”.

L’exécutif défend un “enjeu d’équité”, le système actuel étant plus favorable à ceux qui alternent contrats courts et inactivité qu’à ceux qui travaillent en continu.

Selon une évaluation de l’Unédic réalisée au printemps, jusqu’à 1,15 million de personnes ouvrant des droits dans l’année suivant le 1er juillet auraient touché une allocation mensuelle plus faible (de 17% en moyenne), avec dans le même temps une “durée théorique d’indemnisation” allongée (14 mois en moyenne contre 11 avant la réforme).

“Enorme claque au gouvernement qui voulait faire les poches des chômeurs”

Chez les politiques, de nombreux responsables de gauche n’ont pas manqué de se réjouir. Porte-parole du PCF et adjoint à la maire de Paris, Ian Brossat évoque une ”énorme claque au gouvernement qui voulait faire les poches des chômeurs”. 

Même réaction imagée pour Fabien Roussel, le patron du PCF, qui estime au sujet de cette réforme: “la dignité voudrait que le gouvernement la mette définitivement à la poubelle”. 

Le compte Twitter du PS a aussi salué une “victoire importante”, appelant à continuer le combat. L’ancien socialiste Benoît Hamon ou encore l’écologiste Yannick Jadot ont également exprimé leur approbation.

Idem du côté de la France Insoumise où Alexis Corbière incite à continuer la lutte “jusqu’au retrait total du texte”, tandis que Clémentine Autain, récemment ralliée à l’écolo Julien Bayou en vue du 2nd tour des régionales en Ile-de-France, se félicite de cette “excellente nouvelle”.

Décidée en juillet 2019 dans un marché de l’emploi alors dynamique, la réforme avait déjà été suspendue à plusieurs reprises par le gouvernement à l’aune de la crise du Covid-19 et a été amendée au vu du contexte.

“Après cette ordonnance rendue en urgence, les recours ‘au fond’ des syndicats contre le décret réformant l’assurance chômage seront jugés par le Conseil d’État d’ici quelques mois”, indique ce mardi la plus haute juridiction de l’ordre administratif.

“Les incertitudes sur la situation économique ne permettent pas de mettre en place” au 1er juillet les nouvelles règles, “qui sont censées favoriser la stabilité de l’emploi en rendant moins favorable l’indemnisation du chômage des salariés ayant alterné contrats courts et inactivité. En revanche, la juge ne remet pas en cause le principe de la réforme elle-même”, précise le Conseil d’Etat.

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