AstraZeneca et son vaccin mis sous pression par l'Union européenne

SANTÉ - Rarement depuis le début de la pandémie, l’Union européenne n’avait à ce point haussé le ton contre l’une des parties prenantes de la lutte contre le coronavirus. C’est le laboratoire AstraZenaca qui est la cible du courroux européen...

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L'Union européenne a haussé le ton contre AstraZeneca qui a annoncé des retards de livraison avant même que son vaccin n'ait reçu l'autorisation de mise sur le marché. (image d'illustration d'une usine en Belgique). 

SANTÉ - Rarement depuis le début de la pandémie, l’Union européenne n’avait à ce point haussé le ton contre l’une des parties prenantes de la lutte contre le coronavirus. C’est le laboratoire AstraZenaca qui est la cible du courroux européen alors que beaucoup d’informations -pas toutes vérifiées- circulent autour du vaccin conçu en partenariat avec l’université d’Oxford. 

À l’issue de deux réunions qui se sont tenues en urgence lundi 25 janvier et avant une troisième convoquée ce mercredi, la commissaire européenne chargée de la Santé a jugé “inadmissibles” les retards de livraison qui sont évoqués et a jugé “pas convaincantes” les explications du groupe pharmaceutique britannique. Stella Kyriakides a par ailleurs réclamé la transparence sur les livraisons de doses hors de l’UE alors qu’elles sont produites à l’intérieur des frontières.

Plus tôt lundi matin, c’est la présidente de la Commission, Ursula von der Layen, qui avait elle-même décroché son téléphone pour s’entretenir en direct avec Pascal Soriot le président français du géant pharmaceutique. “Elle a affirmé très clairement qu’elle attend qu’AstraZeneca honore les contrats et conditions prévus dans l’accord de précommande. Des problèmes de production peuvent apparaître, mais nous attendons de l’entreprise qu’elle trouve des solutions”, a fait savoir un porte-parole de la Commission.

AstraZeneca a annoncé des retards

Pour comprendre la colère des dirigeants européens, il faut revenir à la semaine passée. AstraZeneca a en effet annoncé que les livraisons attendues au premier trimestre seraient moins importantes que prévu (même si aucun chiffre n’a été rendu public) en raison d’une “baisse de rendement” de la production sur un site européen. Cela tombe d’autant plus mal qu’il y a quelques jours Pfizer avait aussi annoncé quelques retards. 

Ursula von der Layen a d’ailleurs rappelé à Pascal Soriot que l’Union européenne avait “investi d’importants montants dans les laboratoires, précisément pour s’assurer que la production monte en puissance avant l’approbation de mise sur le marché”. Celle-ci doit justement intervenir en fin de semaine après une ultime réunion de l’Agence européenne du médicament. Cela ferait du vaccin AstraZeneca le troisième autorisé dans l’UE après celui développé par Pfizer et celui de Moderna.

Et les Européens comptent énormément sur le vaccin d’AstraZenaca (dont ils ont commandé 400 millions de doses) car il coûte moins cher et se conserve beaucoup plus facilement, ne nécessitant pas de super-congélateurs. En effet, contrairement à Pfizer ou Moderna qui ont développé la technique inédite de l’ARN messager, AstraZenaca utilise une version affaiblie d’un virus commun chez les chimpanzés, génétiquement modifié (voir la vidéo en fin d’article).

Quelle efficacité chez les personnes âgées?

Mais la question des retards n’est pas la seule qui inquiète les dirigeants européens. Celle de l’efficacité du vaccin sur certains publics fragiles commence à faire des vagues en Allemagne. Deux quotidiens outre-Rhin se sont fait le relai de commentaires anonymes faits par des sources gouvernementales. On peut ainsi lire dans Bild Zeitung et le quotidien économique Handelsblatt que le gouvernement allemand a d’énormes doutes sur l’efficacité du vaccin sur les plus de 65 ans, public qui paye pourtant le plus lourd tribut à la crise. 

Berlin craindrait que l’Agence européenne du médicament ne valide pas le vaccin pour ces mêmes personnes âgées ce qui compliquerait la mise en œuvre de la stratégie vaccinale qui cible ces personnes dans beaucoup de pays. Interrogé à la télévision ce mardi, le ministre allemand de la Santé a renvoyé la décision à la semaine prochaine après examen par l’agence compétente dans son pays.

Face à ces informations, AstraZeneca n’a pas tardé à réagir. “Les articles selon lesquels l’efficacité du vaccin AstraZeneca/Oxford ne serait que de 8% chez les adultes de plus de 65 ans sont complètement faux”, a indiqué un porte-parole dans une déclaration transmise à l’AFP. Il rappelle que, non seulement les autorités de santé britanniques ont donné leur feu vert à leur vaccin qui est administré outre-Manche depuis le 4 janvier mais que les données scientifiques sur son vaccin ont été publiées en novembre dans la revue scientifique The Lancet. 

Tout cela est vrai mais un détail n’est pas rappelé par le groupe. Dans un avis rendu public le 8 décembre, les scientifiques de The Lancet le considèrent comme “sûr” et confirment son efficacité à 70%. Mais ils soulignent aussi un gros point négatif: les essais d’AstraZeneca n’ont que peu porté sur les populations les plus exposées aux formes graves de la maladie, à savoir les plus de 65 ans. Seulement 12,1% des patients passés par les essais cliniques avaient plus de 55 ans, rappelle le groupe de scientifiques. Leur conclusion: “nous ne pouvons pas encore déduire l’efficacité chez les adultes plus âgés, qui sont le groupe le plus à risque de résultats sévères du COVID-19.”

L’avis que rendra vendredi l’Agence européenne du médicament permettra de guider les instances françaises sur ce point en espérant ensuite que les livraisons reprendront rapidement leur rythme normal (5 millions de doses espérés en France en février) pour parvenir à l’objectif fixé par le gouvernement: la vaccination de toute la population française dans le courant de l’été.

 

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