AstraZeneca: le Royaume-Uni s'inquiète de l'arrêt du vaccin dans l'UE
ROYAUME-UNI - Ne pas laisser proliférer le Covid-19 ni les doutes et inquiétudes liés au vaccin AstraZeneca. Plusieurs pays européens, dont la France, ont suspendu la vaccination avec le vaccin du laboratoire suédo-britannique, inquiets de...
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ROYAUME-UNI - Ne pas laisser proliférer le Covid-19 ni les doutes et inquiétudes liés au vaccin AstraZeneca. Plusieurs pays européens, dont la France, ont suspendu la vaccination avec le vaccin du laboratoire suédo-britannique, inquiets de possibles effets secondaires tels que des difficultés à coaguler et la formation de caillots. Un avis de l’Agence européenne du Médicament est attendu ce jeudi 18 mars pour reprendre ou non la campagne.
Mais de l’autre côté de la Manche, c’est la stupéfaction qui s’impose face à cette méfiance envers le vaccin AstraZeneca. D’autant plus que plus de 24 millions de personnes ont déjà reçu une dose de vaccin contre le Covid-19 au Royaume-Uni, soit plus d’un tiers de la population. 11 millions de doses d’AstraZeneca y ont été administrées. Comme le notent nos confrères duHuffPost britannique, les Anglais ne peuvent pas choisir s’ils recevront le vaccin d’AstraZeneca ou celui de Pfizer/BioNTech, également utilisé. Cela dépend de ce qui a été transmis à chaque centre de vaccination.
Aussi la panique venue de l’Union européenne est vue d’un mauvais oeil et inquiète quant à un effet de propagation au sein de la population britannique. Elle pourrait en effet, selon des scientifiques, mettre en péril la confiance envers les vaccins et même retarder le déconfinement du pays.
L’instillation du doute et ses dangers
Il ne reste que quelques heures à patienter avant que l’Agence européenne des médicaments (EMA) ne livre son verdict après l’examen des données sur la vaccination par AstraZeneca. Mais même si elle confirme qu’il n’y a aucun lien entre le produit et les caillots sanguins, le mal sera déjà fait selon le professeur James Chalmers, expert en médecine moléculaire et clinique à l’Université de Dundee, interrogé par nos confrères du HuffPost britannique.
“Certains membres du public ne se pencheront pas suffisamment sur cette question. Ils voient simplement les titres selon lesquels les régulateurs de plusieurs pays ont des inquiétudes au sujet du vaccin et cela mettra à son tour le doute dans l’esprit des gens quant à la sécurité du vaccin - même lorsque ces doutes se révéleront totalement infondés”, craint-il.
“L’arrêt du déploiement d’un vaccin pendant une pandémie a des conséquences. Cela entraîne des retards dans la protection des personnes et le potentiel d’hésitation accrue à la vaccination, du fait de personnes qui ont vu les gros titres et qui se sont naturellement inquiétées. Il n’y a encore aucun signe de données qui justifient vraiment ces décisions”, assure également le Dr Michael Head, chercheur principal en santé mondiale à l’Université de Southampton, au Royaume-Uni, interrogé par CNBC.
Selon la professeure Christina Pagel, responsable de la recherche opérationnelle clinique à l’University College de Londres, la principale préoccupation est de savoir si ces craintes vont se répandre en Grande-Bretagne. Elle souligne en effet qu’en Europe, les gouvernements ne misent pas tout sur AstraZeneca puisqu’il y a d’autres vaccins comme Pfizer-BionTech, Moderna ou encore Curevac, entre autres. Ce qui n’est plus forcément le cas au Royaume-Uni qui reçoit cinq millions de doses par semaine et “elles proviennent presque toutes d’AstraZeneca”, note la spécialiste auprès du HuffPost UK.
Vers une défiance des jeunes pour le vaccin?
Or si les autres gouvernements s’inquiètent du vaccin AstraZeneca, pourquoi pas le gouvernement britannique? Une question qui pourrait porter un coup à la confiance (vacillante) que la population entretient envers ses décideurs et donc potentiellement envers les vaccins. “Nous n’avons pas beaucoup confiance en notre gouvernement en tant que population, donc s’il y a une sorte d’indication que d’autres pays ont eu raison de suspendre le vaccin, nous pourrions perdre encore davantage confiance - pas seulement dans AstraZeneca mais dans d’autres vaccins anti Covid.”
James Chalmers abonde en ce sens: “Chaque fois qu’il y a une déclaration du gouvernement français ou allemand, cela met plus de doute dans la tête des gens et cela pourrait commencer à avoir un impact sur l’adoption du vaccin ici”. Et ce surtout chez les jeunes adultes qui généralement estiment qu’ils ne sont pas à haut risque.
“Ils pourraient être plus préoccupés par des choses comme les caillots sanguins ou la fertilité ou des sujets de désinformation qui volent partout”, explique James Chalmers qui dit redouter les réactions sur ce groupe en particulier de la population.
Ouvrir la voie à de nouveaux variants
Une baisse de l’adoption du vaccin Oxford / AstraZeneca parmi ce groupe risquerait notamment de perturber l’ensemble du programme de vaccination du pays et contraindre à un confinement plus long, prévient le professeur James Chalmers. “Nous devons atteindre des niveaux de vaccination très élevés pour prétendre à l’immunité collective. Il suffit qu’une petite partie de la population dise non au vaccin pour mettre le tout en péril”.
Au-delà d’un simple retard, le spécialiste craint également l’apparition de nouveaux variants. Au Royaume-Uni, comme dans le reste de l’Union européenne.
“Si nous permettons au virus de toucher la population plus jeune de manière élevée, nous prenons un risque énorme de voir émerger un nouveau variant qui pourrait réduire l’efficacité contre le vaccin, comme celui d’Afrique du Sud ou du Brésil. Les décisions qui ont été prises cette semaine vont sans aucun doute accroître la probabilité de voir émerger de nouveaux variants”, analyse-t-il.
Avec un pareil cas de figure, Boris Johnson serait forcé de mettre un frein aux assouplissements des consignes sanitaires. “Pour le moment, le plus grand risque qui nous empêcherait de revenir à la normale à la fin de l’été est l’émergence d’un variant qui échapperait au vaccin. C’est pourquoi nous devons être très prudents lors de la levée des restrictions actuelles, mais aussi pourquoi nous avons besoin d’une adoption très rapide et complète des vaccins”, conclut l’expert en médecine moléculaire et clinique à l’Université de Dundee.
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