Attentat des Champs-Élysées: la mère de Xavier Jugelé livre une lettre poignante au procès
TERRORISME - “Une maman ne met pas au monde un enfant pour le voir mourir dans ces conditions”: la journée de ce jeudi 10 juin au procès de l’attentat des Champs-Élysées, en avril 2017, a été marquée par la lecture d’une lettre poignante de...
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TERRORISME - “Une maman ne met pas au monde un enfant pour le voir mourir dans ces conditions”: la journée de ce jeudi 10 juin au procès de l’attentat des Champs-Élysées, en avril 2017, a été marquée par la lecture d’une lettre poignante de la mère du policier assassiné Xavier Jugelé à ce dernier.
Plutôt qu’à la barre, Odile Jugelé a préféré livrer via une lettre lue par un de ses avocats son témoignage sur ce fils qu’elle ne ”(verra) plus jamais, (ne pourra) plus jamais serrer dans (ses) bras, ni voir rire”.
“Cette douleur indescriptible, ce bruit des balles qui t’a arraché à nous restera à jamais dans notre mémoire, à jamais tu resteras dans notre coeur Xavier”, écrit-elle, évoquant ces “quelques fractions de secondes où tout a basculé dans l’horreur”.
“Ce 20 avril, le bonheur a pris un sacré coup dans la gueule, comme on dit dans le jargon militaire”, dit pour sa part à la barre le père de Xavier Jugelé, Michel, militaire à la retraite.
Le 20 avril 2017, peu avant 20h50, Karim Cheurfi, Français de 39 ans, a tiré à la kalachnikov sur un fourgon de police stationné en haut de l’avenue des Champs-Élysées.
Au volant, Xavier Jugelé, 37 ans, a été tué de deux balles dans cette attaque aussitôt revendiquée par Daech. À trois jours de 1er tour de l’élection présidentielle, l’attentat avait durci la fin de la campagne.
En l’absence de l’assaillant, tué sur place par la riposte des collègues de Xavier Jugelé, quatre hommes comparaissent jusqu’au 18 juin au plus tard devant la cour d’assises spéciale à Paris pour leur rôle dans la fourniture du fusil d’assaut, dont un seul sous la qualification terroriste ― Nourredine Allam.
La mort de Xavier a laissé “un vide épouvantable” pour son frère et sa soeur cadets, explique également Odile Jugelé, qui ne veut “garder que ce sourire (de Xavier) en mémoire”.
Elle brosse également le portrait de son fils, “intrépide et joyeux”, féru de lecture, d’histoire de France, de culture et d’architecture, bon élève élevé en Sologne (centre) avant d’être affecté à Paris à l’été 2011 pour son 1er poste après avoir été diplômé de l’Ecole nationale de police de Nîmes.
“Une fierté” pour son père Michel, qui “30 ans plus tôt avait commencé (sa) carrière militaire” au même endroit, alors une base aérienne de l’armée.
“Coeur sur la main”
Xavier Jugelé allait fêter ses 38 ans le 4 mai 2017 et effectuait ses derniers jours au sein de la 32e compagnie de sécurisation de la direction de l’ordre public et de circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris.
Il devait reprendre quinze jours plus tard un poste à la coopération technique internationale de police (SCOPOL) au sein de la police judiciaire.
Engagé pour les droits des homosexuels, pacsé, son mariage posthume avec son compagnon avait été célébré en mai 2017 en présence de François Hollande, alors président de la République, et de la maire de Paris Anne Hidalgo.
Comme jeudi la mère de Xavier Jugelé, dont des photos ont été diffusées lors de l’audience, ses collègues présents le 20 avril 2017 ont dépeint la veille un homme “très joyeux”, “bon vivant”, “gentil”, “attachant”, “le coeur sur la main” et “plein d’humour”.
“Je ne l’ai jamais vu faire la tronche une seule fois”, a précisé l’un d’entre eux.
“C’était quelqu’un sur qui on pouvait compter”, a complété un autre.
À la barre jeudi, le frère de Xavier Jugelé a lui refusé d’évoquer son frère, “c’est personnel”. Il a fait part de son souhait que “justice soit rendue”, comme son père, qui a “confiance en l’État et les institutions”.
Le veuf de Xavier Jugelé est de son côté venu “sans haine exprimer le voeu de voir cette cour d’assises (...) se prononcer en faveur de la sûreté de l’État, de la paix publique et de l’intégrité de notre nation”.
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