Au Canada, 182 tombes découvertes près d'un ancien pensionnat pour autochtones

INTERNATIONAL - C’est une litanie macabre qui n’en finit plus de raviver les blessures au Canada: 182 nouvelles tombes anonymes ont été découvertes près d’un ancien pensionnat pour autochtones, a-t-on appris mercredi 30 juin, faisant grimper...

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Des chaussures, des fleurs et des peluches ont été déposées sur le site d'un ancien pensionnat pour autochtones de l'Église catholique, accusée de torture sur cette communauté.

INTERNATIONAL - C’est une litanie macabre qui n’en finit plus de raviver les blessures au Canada: 182 nouvelles tombes anonymes ont été découvertes près d’un ancien pensionnat pour autochtones, a-t-on appris mercredi 30 juin, faisant grimper à plus d’un millier le total de ces sépultures anonymes retrouvées.

Le même jour, deux églises étaient par ailleurs incendiées, soit huit au total depuis que les restes de 215 écoliers avaient été découverts fin mai près d’un autre de ces pensionnats, à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Et la semaine dernière, 751 tombes anonymes étaient détectées à Marieval, en Saskatchewan (ouest), avant l’annonce par la communauté autochtone de Lower Kootenay de la découverte de ces 182 tombes près de l’ancien pensionnat St Eugene à Cranbrook, en Colombie-Britannique, province la plus à l’ouest du Canada.

La communauté indique dans son communiqué avoir mené des recherches en 2020 et localisé ces tombes à l’aide de géo-radars, près de cet ancien établissement géré entre 1912 et les années 1970 par l’Église catholique, au nom de l’État canadien. “Certains des restes ont été enterrés dans des tombes à environ 3 à 4 pieds de profondeur”, soit 90 à 120 centimètres, a précisé la communauté autochtone Lower Kootenay, de la Première nation Ktunaxa.

Les “excuses” de l’Église réclamées

“Les découvertes horribles” de tombes anonymes d’enfants ont conduit les Canadiens à “réfléchir aux injustices historiques et continues auxquelles les peuples autochtones ont été confrontés”, a réagi Justin Trudeau, lors d’un point presse.

Le Premier ministre canadien a de nouveau appelé le pape à se rendre au Canada “pour s’excuser directement auprès des peuples autochtones”, au lendemain de l’annonce par la Conférence des évêques catholiques du Canada de l’envoi en décembre d’une délégation des peuples autochtones au Saint-Siège.

“Nous voulons profiter de l’occasion pour l’inviter (le pape) à nouveau”, a aussi déclaré Perry Bellegarde, chef de l’Assemblée des Premières Nations, en ajoutant espérer “qu’à un moment donné, les mots appropriés viendront”.

La Fédération des nations autochtones souveraines, qui représente 74 Premières nations en Saskatchewan, a pressé l’Église catholique pour qu’elle remplisse son engagement de collecter 25 millions de dollars canadiens (17 millions d’euros) pour compenser ces “torts historiques”.

“À ce jour, l’Église catholique dit qu’elle n’a pu recueillir que 34.650 dollars”, précise la Fédération dans un communiqué. “Il est honteux que les Catholiques amassent des millions de dollars pour construire plusieurs cathédrales et ne lèvent que 34.650 dollars, ou 30 centimes par survivant”, a-t-elle fustigé.

Églises détruites

“La destruction des lieux de culte n’est pas acceptable et doit cesser”, a par ailleurs dénoncé Justin Trudeau, après deux nouveaux incendies d’églises, en Alberta et en Nouvelle-Écosse.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a indiqué que des enquêtes ont été ouvertes après l’incendie de l’église de Morinville, au nord d’Edmonton (Alberta, ouest), et celui de l’église de Sainte-Kateri-Tekakwitha, sur le territoire de la Première nation Sipekne’katik, près de Halifax (Nouvelle-Écosse, est), pour déterminer s’il s’agit d’incendies criminels.

Un porte-parole de la GRC, Sheldon Robb, a indiqué à l’AFP l’ouverture d’une “enquête” à la suite du feu qui a détruit l’église de Morinville, qu’il a jugé “suspect”. Un autre représentant de la GRC en Nouvelle-Écosse a donné un commentaire similaire concernant l’incendie de l’église de Sainte-Kateri-Tekakwitha. Cinq autres églises ont récemment été incendiées sur des territoires ancestraux autochtones en Colombie-Britannique, et une autre en Alberta.

Quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits, enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 de ces pensionnats à travers le pays, ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture. Nombre d’entre eux ont été soumis à de mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un véritable “génocide culturel” de la part du Canada.

Plus tôt mercredi, Justin Trudeau avait dit avoir demandé que le drapeau canadien de la tour de la Paix à Ottawa, en berne pour les enfants autochtones, le reste jeudi à l’occasion de la fête du Canada.

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