Au Chili, l'élection historique d'une femme indigène à la tête de l'Assemblée constituante

INTERNATIONAL -¡Viva el Chile real! Le processus de rédaction de la nouvelle constitution du Chili a démarré sous tension dimanche 4 juillet, mais aussi avec la détermination de changer l’histoire du pays. Ainsi ce lundi 5 juillet, c’est une...

Au Chili, l'élection historique d'une femme indigène à la tête de l'Assemblée constituante

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

INTERNATIONAL -¡Viva el Chile real! Le processus de rédaction de la nouvelle constitution du Chili a démarré sous tension dimanche 4 juillet, mais aussi avec la détermination de changer l’histoire du pays. Ainsi ce lundi 5 juillet, c’est une indigène mapuche qui vient d’être élue présidente de l’Assemblée constituante. Cette dernière, paritaire, va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale pendant neuf mois minimum, douze maximum.

“Cette Constituante va transformer le Chili”, a lancé cette universitaire mapuche en tenue traditionnelle, après être montée sur l’estrade et salué en mapudungun, la langue du peuple mapuche. Une image aussi rare que symbolique. Elisa Loncón a souligné que c’était là un rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité, le rêve de prendre soin de la Terre Mère, d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau.

“C’est la 1ère fois que les citoyens ont pu élire un corps pour écrire” une Constitution, souligne auprès de l’AFP Claudio Fuentes, professeur à l’Université Diego Portales (UDP).

Dehors le chaos, dedans la représentativité

Elisa Loncón qui occupe l’un des dix-sept sièges réservés aux peuples originaires, a été élue au deuxième tour en obtenant 96 voix sur les 155 de l’assemblée à l’issue d’une journée marquée par une suspension de près de trois heures, des tensions et des affrontements entre des forces antiémeute et une poignée de civils à l’extérieur de l’ancien Parlement.

Une partie des 155 citoyens élus pour rédiger la nouvelle constitution à l’issue de plusieurs mois d’une vive contestation sociale était sortie pour exiger le retrait des forces spéciales du centre de la capitale. Des bagarres avec la police ont éclaté et une suspension avait été décidée. “Nous voulons une fête de la démocratie et non des problèmes, donc nous allons suspendre temporairement la session”, avait alors annoncé Carmen Gloria Valladares, la rapporteuse du tribunal compétent en matière électorale, se disant “inquiète”. Certains des élus, qui ont finalement tous pu prêter serment, lui avaient lancé: “Plus jamais de répression!”.

À l’issue du vote des 15 et 16 mai, les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40% des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels. Pour de nombreux analystes, cette Constituante “ressemble au Chili réel”, avec des militants écologistes, des dirigeants communautaires, des avocats, des professeurs, des journalistes, des économistes, mais aussi des femmes au foyer. Les représentants des partis politiques traditionnels sont minoritaires et aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour opposer son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers.

Parmi les membres de la Constituante, une vingtaine faisaient partie des Chiliens descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol lors de la fronde sociale qui a éclaté le 18 octobre 2019. 

“Vivre en paix”

Ciblant d’abord une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation s’est vite transformée en un mouvement sans précédent contre les inégalités sociales. “Il y a une rupture très profonde entre la société et les institutions, une remise en question du rôle des partis politiques”, analyse Marcela Rios, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Chili.

Face à l’ampleur des manifestations, qui ont culminé le 25 octobre 2019 avec 1,2 million de Chiliens dans la rue à Santiago, les partis politiques avaient conclu un accord historique pour un référendum sur un changement de Constitution, finalement plébiscité à 79%. De nombreux manifestants dénonçaient le texte, voté en 1980, comme le pivot du système économique ultralibéral mis en place sous Augusto Pinochet (1973-1990) et un frein à toute réforme sociale. 

Cette assemblée constituante, “c’est une lumière d’espoir”, explique à l’AFP Ingrid Villena, une avocate de 31 ans, spécialisée dans les violences contre les femmes. À l’issue de 12 mois maximum, la nouvelle Constitution sera soumise à un nouveau référendum en 2022. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur. 

À l’autre bout du spectre idéologique, la candidate de la droite conservatrice, Marcela Cubillos, ex-ministre du gouvernement du président Sebastian Piñera, engagée pour le “non” au référendum, veut défendre le bilan de trois décennies de démocratie, “les meilleures de l’histoire du Chili”. 

À voir également sur Le HuffPost: Au Brésil, vastes manifestations contre Bolsonaro et sa gestion de la pandémie