Au Festival de Cannes 2021, "La Fracture" explique l'hôpital en crise

CANNES - “La société est de plus en plus fracturée, et en souffrance. Et le film explique ça”. Dans “La Fracture”, en compétition au Festival de Cannes 2021, la réalisatrice Catherine Corsini explique une nuit dans les urgences d’un hôpital...

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CANNES - “La société est de plus en plus fracturée, et en souffrance. Et le film explique ça”. Dans “La Fracture”, en compétition au Festival de Cannes 2021, la réalisatrice Catherine Corsini explique une nuit dans les urgences d’un hôpital parisien, où se croisent un couple de bourgeoises (Marina Foïs et Valéria Bruni-Tedeschi parfaites) venu pour une fracture et un gilet jaune (Pio Marmaï) gravement blessé par une grenade lors d’une manifestation.

Et si la petite phrase de Pio Marmaï en conférence de presse - “Macron, j’aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule”, en fait directement inspirée de son personnage à l’écran - a beaucoup fait causer, elle ne résume pas le film à elle seule.

Et pour cause. Afin d’apporter de la justesse à ce récit brodé autour d’une vraie expérience aux urgences, la cinéaste de 65 ans a fait appel à de vrais soignants dans des rôles secondaires et principaux comme elle le explique au HuffPost dans une entrevue vidéo à voir en tête de notre article.

“Un autre regard” sur les soignants

C’est le cas d’Aïssatou Diallo Sagna, aide-soignante de 38 ans, qui incarne une infirmière prénommée Kim. Comme les autres acteurs et actrices non professionnels, elle a apporté son expérience, sa maîtrise des gestes d’urgence et son empathie pour ses patients - aussi cinématographiques soient-ils. “On était vraiment valorisés, et c’est trop peu rare, révèle Aïssatou Diallo Sagna. On est très peu considérés nous les soignants, aussi bien par notre hiérarchie que par la population. Certes on nous a applaudis pendant le Covid, mais ce sont les mêmes qui nous ont insultés trois semaines après.”

Avec ce long-métrage volontairement “plus politique et plus engagé” qui dépeint une société profondément divisée, Catherine Corsini entend montrer la souffrance des soignants; confrontés à des patients souvent égoïstes, parfois agressifs, dans un hôpital en crise où les lits manquent et le plafond s’effondre. Et si la tension va crescendo tout au long des 1h40 du film, l’humour et les rires y ont aussi toute leur place. “Je ne veux pas être une donneuse de leçon. Le film essaie de le faire en jouant beaucoup des ressorts de la comédie, parce que je pense que l’humour est cathartique et qu’on peut faire mieux passer cela”, explique la réalisatrice.

Aïssatou Diallo Sagna elle espère désormais qu’après avoir vu ce film, les gens qui se rendront aux urgences auront “un autre regard sur nous, seront plus patients et respectueux”. 

À voir également sur Le HuffPost: Inspirée de son personnage gilet jaune, cette phrase de Pio Marmaï sur Macron passe mal