Au Liban, Michel Aoun et Najib Mikati annoncent un nouveau gouvernement après un an de crise
INTERNATIONAL - Bientôt le bout du tunnel? Le Liban s’est doté ce vendredi 10 septembre d’un nouveau gouvernement après 13 mois d’attente marqués par d’interminables tractations politiques ayant aggravé une crise économique inédite qui a fait...
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INTERNATIONAL - Bientôt le bout du tunnel? Le Liban s’est doté ce vendredi 10 septembre d’un nouveau gouvernement après 13 mois d’attente marqués par d’interminables tractations politiques ayant aggravé une crise économique inédite qui a fait sombrer des millions de Libanais dans la pauvreté.
Le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné, Najib Mikati “ont signé le décret pour former le nouveau gouvernement en présence du chef du Parlement, Nabih Berri”, a indiqué la présidence sur son compte Twitter.
La nouvelle équipe comporte des personnalités apolitiques, dont certaines jouissent d’une bonne réputation, à l’instar de Firas Abiad, directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, fer de lance de la lutte contre le coronavirus.
78% des Libanais sous le seuil de pauvreté
Le gouvernement de 24 ministres devrait tenir sa 1ère réunion lundi à 11h (10h à Paris), a indiqué le secrétaire général du Conseil des ministres, Mahmoud Makiyye.
Le pays était sans nouveau gouvernement depuis la démission du cabinet de Hassan Diab, quelques jours après l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth le 4 août 2020, qui avait fait plus de 200 morts et ravagé des quartiers entiers de la capitale.
Depuis, la crise économique inédite que traverse le pays depuis l’été 2019 n’a eu de cesse de s’aggraver, la Banque mondiale la qualifiant d’une des pires au monde depuis 1850. Avec une inflation galopante et des licenciements massifs, 78% de la population libanaise vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.
Pénuries et coupures de courant
Chute libre de la monnaie locale, restrictions bancaires inédites, levée progressive des subventions, pénuries de carburants et de médicaments, le pays est aussi plongé dans le noir depuis plusieurs mois, les coupures de courant culminant jusqu’à plus de 22 heures quotidiennement.
Les générateurs de quartier, qui prennent généralement le relais, rationnent aussi foyers, commerces et institutions, faute de fioul suffisant, devenu cher et monnaie rare dans un pays à court de devises étrangères et en pleine levée des subventions sur plusieurs produits de base.
De nombreux défis attendent ainsi le prochain gouvernement, notamment la conclusion d’un accord avec le Fonds monétaire international, avec lequel les pourcausers sont interrompus depuis juillet 2020. Il s’agit pour la communauté internationale d’une étape incontournable pour sortir le Liban de la crise et débloquer d’autres aides substantielles.
Lutter contre la corruption
Depuis plus d’un an, la communauté internationale conditionne son aide à la formation d’un gouvernement capable de lutter contre la corruption et de mener des réformes indispensables.
Elle s’est contentée depuis l’explosion de fournir une aide humanitaire d’urgence, sans passer par les institutions officielles.
Fin juillet, Michal Aoun avait chargé Najib Mikati, ancien Premier ministre et homme le plus riche du pays, de former un nouveau gouvernement après l’échec de ses deux prédécesseurs. L’ancien Premier ministre, Saad Hariri, avait jeté l’éponge à la mi-juillet au terme de neuf mois de difficiles tractations.
L’UE menace de sanctions
Après sa démission, il avait accusé l’Iran, principal soutien du Hezbollah, d’“entraver” l’accouchement d’un gouvernement réformateur. Avant lui, l’ambassadeur Moustafa Adib avait également rendu son tablier.
Malgré les menaces de sanctions de l’Union européenne (UE), les avertissements et les accusations “d’obstruction organisée” ces derniers mois, les dirigeants politiques libanais ont poursuivi leurs habituels marchandages.
Début août, le président français, Emmanuel Macron, qui suit de près le dossier libanais, avait alors accusé la classe dirigeante, largement honnie par la rue et ayant survécu à un soulèvement populaire à l’automne 2019, de faire “le pari du pourrissement”.
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