Au procès des attentats du 13-novembre, à la vengeance, notre pays préfère la justice

TERRORISME - 6 ans après les tragiques événements que la France a connus le 13 novembre, nous nous apprêtons à écrire une page de notre histoire collective dont la force et la symbolique sont à la hauteur de l’effroi qui nous a pétrifiés ce...

Au procès des attentats du 13-novembre, à la vengeance, notre pays préfère la justice

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Le symbole de la Justice au-dessus des sièges des juges dans la salle d'audience temporaire installée au Palais de Justice de Paris, en prévision du procès des attentats du 13 novembre 2015. 

TERRORISME - 6 ans après les tragiques événements que la France a connus le 13 novembre, nous nous apprêtons à écrire une page de notre histoire collective dont la force et la symbolique sont à la hauteur de l’effroi qui nous a pétrifiés ce vendredi de 2015.

131 vies emportées par une idéologie dont la noirceur colorie l’appréhension et la compréhension du monde; 131 âmes étouffées par un logiciel de pensée rétrograde qui, à de nombreux égards, a fait des 131 femmes et hommes qu’il a assassinés les porte-étendard de valeurs dont nous sommes riches, dont nous sommes forts, et dont, à l’occasion de ce procès historique, nous allons encore faire la démonstration. La légèreté de la vie, qui ne lui enlève ni tracas ni fracas du quotidien, celle qui fait de la musique, du sport, de la culture, de la camaraderie la substantifique moelle de “l’esprit français”, perdurera; en compassion et en solidarité avec les victimes et leurs familles; tout comme notre État de droit.

La dureté des épreuves traversées par les victimes, le choc traumatique que la société française a vécu n’y changeront rien si ce n’est qu’ils donneront au procès de tous les superlatifs – par sa durée, le nombre de parties civiles ou le lieu où il se tient – une dimension symbolique historique. Collectivement et individuellement, heurtés par des questionnements tantôt simplistes tantôt irrationnels, nous allons nous élever à la hauteur de ce qu’est notre pays. Car oui, en France même la pire des ordures, la plus inhumaine et rétrograde des personnes a le droit d’être défendue lors d’un procès équitable et impartial.

Faire la démonstration de ce qu’en tous points la France est l’opposée de ces lâches adversaires

A l’occasion des neuf mois de procès qui s’ouvrent, outre la quête de vérité que chacun est en légitimité de demander pour comprendre, expliquer ou s’apaiser, nous allons faire la démonstration de ce qu’en tous points la France est l’opposée de ces lâches adversaires qui prétendent la terrasser en annihilant des vies innocentes. Car qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas dans la relation avec nos amis que transparaît la réelle force des principes et valeurs humanistes qui sont les nôtres, mais bien dans la façon dont nous traitons nos ennemis. Notre démocratie est forte au point d’accorder à ceux qui nous combattent les droits dont ils veulent nous priver. La silencieuse, sereine mais non moins consciencieuse justice française est la force tranquille de nos institutions face à la violence et au bruissement de l’époque et de ses atrocités : en France, chacun a le droit d’être défendu. En France, même des individus dont l’enquête et les faits semblent démontrer une cinglante culpabilité ont le droit à un procès.

À la vengeance notre pays préfère la justice, à l’arbitraire, l’Etat de droit, à la vindicte populaire, la loi. Le jour où nous abdiquerons ces principes, même sous le coup de l’émotion, nous aurons perdu ce qui fait que nous sommes la France, nous aurons trahi ce pour quoi des générations entières se sont battues, ce pour quoi, aujourd’hui encore, nous sommes attaqués et ciblés par les obscurantismes de notre époque. S’il peut évidemment apparaître difficile, pour beaucoup d’entre nous, de s’accommoder de cette réalité tant elle contraste avec l’inhumanité et la barbarie des immondices imposées à celles et ceux qui s’en s’ont allés, elle nous rend chaque jour meilleurs ensemble.

La République n’est pas la dictature de l’émotion et du ressentiment

Nous ne retrouverons pas, hélas, les vies perdues. Nous n’apaiserons sans doute pas les douleurs et les cicatrices béantes laissées par le traumatisme qui nous bouleverse encore, mais plus que jamais nous allons faire société autour de valeurs qu’on dit trop souvent désincarnées, mais qui pourtant, pendant neuf mois de procès, vont nous guider. La République n’est pas la dictature de l’émotion et du ressentiment, elle n’est pas la voix de celui crie le plus fort, mais de ceux qui, pour être entendus et pour convaincre, baissent le ton.

A l’île de la Cité ce n’est pas seulement la vérité juridique dont nous allons dessiner les contours, mais beaucoup plus : incarner et fonder dans le marbre de notre histoire collective, pour ceux qui sont partis comme pour ceux qui viendront demain, la puissance morale de notre Etat de droit, de notre démocratie et de notre République.

Certes ils ne peuvent pas tout, certes ils sont perfectibles, mais ils sont irrémédiablement, viscéralement, fondamentalement imprégnés de nos valeurs, sans lesquelles la France ne serait pas la France, sans lesquelles nous ne serions pas ce que nous sommes.

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