Au Salon de l'agriculture, le stand de la FNSEA pris d'assaut

SALON DE L’AGRICULTURE - “Contre l’extinction, la rébellion!”, crient à plein poumons les militants écologistes enchaînés au pied du stand de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA): sous le regard plutôt hostile...

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Des militants du mouvement Extinction Rebellion lors d'une action de protestation sur le stand de la FNSEA pendant le Salon de l'agriculture, à Paris, le 27 février 2022.

SALON DE L’AGRICULTURE - “Contre l’extinction, la rébellion!”, crient à plein poumons les militants écologistes enchaînés au pied du stand de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA): sous le regard plutôt hostile du public, ils sont venus ce dimanche 27 février dénoncer le “modèle productiviste et mortifère” prôné selon eux par le 1er syndicat agricole français.

Ils étaient ainsi plusieurs dizaines, vers 13h30, à prendre d’assaut le stand du syndicat au Salon de l’agriculture, vêtus de combinaisons de gaze blanches, avec le logo “lobby busters” (chasseurs de lobby) plaqué dans le dos. 

Leur mission: “décontaminer” la parole et la réflexion sur l’agriculture, et offrir un récit alternatif au “discours majoritaire”, ici à grands coups de peinture orange plutôt que d’échanges policés.

“Rendez-nous la terre! Mettons fin à l’emprise de la FNSEA, créons la résilience”, chantaient des militants d’Extinction Rebellion, certains debout le poing levé, d’autres assis et enchaînés par le cou par grappes de trois - “pour être durs à déloger”.

Une quinzaine avait rapidement gagné l’étage du stand où déjeunaient quelques cadres et employés de la FNSEA. Furieux, certains syndicalistes ont tenté de repousser les militants, en venant brièvement aux mains, sous les caméras de quelques journalistes.

“Nous sommes là pour bloquer la FNSEA qui bloque toute initiative vers la transition agroécologique, plus soutenable pour les agriculteurs, la terre et notre santé”, a expliqué à la presse “Victoire”, 35 ans et mère de deux enfants.

“Le modèle agricole intensif que défend la FNSEA fait des ravages sociaux -un quart des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté- des ravages sanitaires et écologiques, en gorgeant le sol et l’eau de pesticides et d’engrais azotés, facteurs d’effondrement de la biodiversité et d’émissions massives de gaz à effet de serre”, a-t-elle détaillé.

Pécresse “condamne fermement l’attaque”

Pour les militants, “les agriculteurs sont les 1ères victimes de ce modèle, défendu avec acharnement par ce syndicat”. “La FNSEA est le lobby le plus puissant au service de la chimie et il est parvenu à faire adopter son discours au gouvernement”, affirme “Appi”, qui suit une formation agricole et se désespère de voir les éleveurs “s’endetter pour produire toujours plus en polluant les sols”.

Dans les allées, cris et bris de vaisselle ont attiré les regards. Rapidement une foule de badauds se masse autour du stand de la FNSEA, qui clame en lettres vertes “L’agriculture, une chance pour la France”.

“Mais qu’est-ce qu’ils ont à être contre la viande? Ils sont gonflés de venir ici”, lâche un passant. “Non, c’est contre les pesticides”, lui explique sa compagne.

Dépêchées sur les lieux, les forces de l’ordre déploient un large périmètre de sécurité. Certains militants finissent par accepter d’être escortés en dehors du parc des expositions, certains restant avec la certitude de finir en garde à vue. “On se partage”, expliquent-ils. L’objectif étant de bloquer le stand le plus longtemps possible.

“Ce serait moi, ce serait facile: patate, coup de pied au cul et ça dégage”, lance un jeune homme. Non loin, trois jeunes éleveurs n’en pensent pas moins. “Vous voulez un coup de main?”, demande l’un d’eux à un responsable de la FNSEA, qui décline poliment.

“Ils ont tout saccagé. C’est ça le dialogue?” souffle Christine Claudon, directrice de la communication du syndicat, encore “choquée” par “cette violence”, condamnée dans un tweet par la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse.

À deux pas, les militants enchaînés par terre ont sorti leurs livres de poche et bouquinent en attendant d’être évacués. La FNSEA s’apprête, elle, à porter plainte, indique à l’AFP son 1er vice-président, Arnaud Rousseau.

Au total, deux personnes ont été interpellées pour “dégradations de biens et violences volontaires”, a indiqué une source policière à l’AFP. Elles n’ont pas été placées en garde à vue immédiatement, mais se sont fait remettre une convocation ultérieure au commissariat. Trente-huit autres ont été verbalisées pour participation à une manifestation non-déclarée.

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