Aung San Suu Kyi, "assignée à résidence" en Birmanie, est "en bonne santé"
INTERNATIONAL - L’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi, renversée lundi par un coup d’État, est “assignée à résidence” dans la capitale Naypyidaw et “en bonne santé”, a indiqué ce vendredi 5 février un porte-parole de son parti.“Elle est assignée...
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INTERNATIONAL - L’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi, renversée lundi par un coup d’État, est “assignée à résidence” dans la capitale Naypyidaw et “en bonne santé”, a indiqué ce vendredi 5 février un porte-parole de son parti.
“Elle est assignée à résidence (…) et en bonne santé à son domicile”, a indiqué Kyi Toe, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Aung San Suu Kyi a été inculpée pour avoir enfreint une obscure règle commerciale. Plusieurs autres responsables de la LND ont également été interpellés.
Ce coup d’État mené par les militaires qui refusent le résultat des élections législatives de novembre est contesté par une partie de la population. Bien que critiquée sur la scène internationale pour sa posture dans la crise des Rohingyas, Aung San Suu Kyi continue à jouir d’une grande popularité auprès de la population: aux législatives, son parti a ainsi remporté plus de 70% des suffrages.
Ce vendredi, des centaines de manifestants ont continué à manifester pour protester contre le coup d’État, alors que l’armée poursuit les arrestations. Ces professeurs et étudiants se sont rassemblés devant l’Université Dagon à Rangoun, première manifestation d’importance contre le putsch. Ils ont fait le salut à trois doigts, un geste de résistance emprunté aux films américains Hunger Games et scandé “longue vie à Mother Suu”, Aung San Suu Kyi.
“Tant qu’ils (les généraux) garderont le pouvoir, nous ne viendrons pas travailler. Si tout le monde fait ça, leur système ne tiendra pas”, a déclaré à l’AFP Win Win Maw, professeur au département d’histoire. Un rassemblement similaire a eu lieu devant une autre université de la ville. Des dizaines de fonctionnaires de plusieurs ministères ont également cessé le travail, arborant un ruban rouge, couleur du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
La veille, des avocats et médecins avaient pris part à la protestation, tandis que des habitants de Rangoun klaxonnaient et tapaient sur des casseroles pour “chasser les démons”, les militaires.
Dizaines d’interpellations
Les généraux, qui ont mis brutalement fin lundi à la fragile démocratie, ont poursuivi dans la semaine les interpellations, malgré les condamnations internationales.
Win Htein, 79 ans, très proche d’Aung San Suu Kyi, a été interpellé vendredi à l’aube, selon la LND. Ce vétéran du parti a passé plus de vingt ans en détention sous la junte de 1989 à 2010. Min Htin Ko Ko Gyi, un réalisateur, qui a déjà fait de la prison pour avoir critiqué l’armée, a également été interpellé, d’après son neveu.
Près de 150 responsables politiques et activistes ont été arrêtés, d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, une ONG basée à Rangoun.
Quatre étudiants, arrêtés lors d’un petit rassemblement à Mandalay (centre), ont été inculpés vendredi.
Les événements restent au cœur de l’agenda international, même si l’ONU a adouci le ton. Le Conseil de sécurité a adopté une déclaration commune, exprimant sa “profonde préoccupation” et appelant à la libération des détenus, mais n’a pas formellement condamné le coup d’État.
La Chine et la Russie se sont opposées à une telle formulation, selon des diplomates sous couvert d’anonymat. Pékin reste le principal soutien de la Birmanie aux Nations unies, où elle a contrecarré toute initiative contre l’armée lors de la crise des musulmans Rohingyas.
Facebook perturbé
La peur restait vive dans le pays, qui a déjà vécu près de 50 ans sous un régime militaire depuis son indépendance en 1948. Mais, depuis les dernières répressions de 1988 et de 2007, la donne a changé: les Birmans utilisent désormais internet pour résister.
Des groupes appelant à la “désobéissance civile” se sont créés sur Facebook, porte d’entrée d’internet pour des millions d’habitants. En réponse, l’armée a ordonné aux fournisseurs de bloquer l’accès à la plate-forme. Ses services étaient toujours perturbés vendredi.
Du coup, beaucoup sont passés sur Twitter et les hashtags #HearthevoiceofMyanmar, #RespectOurVotes ont été utilisés des millions de fois, notamment par plusieurs célébrités birmanes.
Le putsch a aussi ses partisans, dont plusieurs centaines se sont réunis jeudi à Naypyidaw.
Le chef de l’armée, Min Aung Hlaing, qui concentre désormais l’essentiel des pouvoirs, a justifié son passage en force en allégeant d’”énormes” fraudes lors des législatives de novembre, remportées massivement par la LND. Mais les observateurs n’ont pas décelé de problèmes majeurs lors du scrutin.
En réalité, les généraux craignaient que leur influence diminue après la victoire de la LND qui aurait pu vouloir modifier une constitution très favorable aux militaires, estiment des analystes. Min Aung Hlaing, paria à l’international depuis les exactions de l’armée contre les Rohingyas, a aussi renversé la dirigeante par ambition politique personnelle alors qu’il était proche de la retraite, d’après ces experts.
Les militaires ont instauré l’état d’urgence pour un an et promis des élections à l’issue de cette période.
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