Autour de la loi climat, la guerre des chiffres est déclarée

CLIMAT - Une feuille A4, noircie de chiffres, brandie face à l’actuelle loi climat. Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique, soigne la mise en scène. “Aujourd’hui, la seule vraie proposition de loi climat, c’est la nôtre. Personne n’a...

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Banderole de tête

CLIMAT - Une feuille A4, noircie de chiffres, brandie face à l’actuelle loi climat. Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique, soigne la mise en scène. “Aujourd’hui, la seule vraie proposition de loi climat, c’est la nôtre. Personne n’a ce tableau”, affirme l’écologiste, en conférence de presse depuis le sénat. 

Accompagné de Guillaume Gontard, président des sénateurs Écologiste-Solidarité et Territoires (des Verts, pour la plupart), l’homme a dévoilé ce mardi 25 mai 2021 ce que le groupe revendique comme étant la “vraie loi climat”: une reprise de la loi Climat, plus ambitieuse et entièrement chiffrée pour répondre aux nouveaux objectifs d’émissions carbone.

“Quantifiée ligne par ligne”

Avec des mesures phares, comme l’interdiction de la vente de véhicules à énergies fossiles à partir de 2030 ou encore l’obligation de rénovation énergétique des logements en vente dès 2024, cette liste où la baisse attendue des émissions de CO2 est “quantifiée ligne par ligne” espère séduire les partisans d’une législation plus ambitieuse. Et relance la bataille des chiffres.

Depuis le début des discussions sur la loi Climat, militants et sympathisants s’écharpent sur la question de l’évaluation des mesures de la loi climat. Le texte original, rédigé par 150 citoyens tirés au sort, accompagnés d’experts, devait réduire de 40% à l’échelle nationale les émissions de CO2 d’ici 2030, objectif nécessaire pour tenir les accords de Paris. 

Mais à l’arrivée, le projet de loi renommée “Climat et résilience” par Barbara Pompili, adopté par l’Assemblée nationale le 4 avril dernier, déçoit les écologistes: “Un rendez-vous manqué, un double échec écologique et démocratiques”, écrivait l’organisation écologiste Réseau Action Climat, dans un communiqué paru le 3 avril 2021. 

Entre-temps, l’Europe -et donc avec elle la France- s’est engagée à faire plus d’effort et s’est fixée 55% de réduction des émissions d’ici 2030. Un objectif renforcé, en contradiction avec la législation défendue par le gouvernement, qui en désaccord sur certaines des priorités fixées par l’assemblée de citoyens, défend une version allégée du travail de la Convention climat. Et peine à convaincre sur l’effet réel de ces mesures. 

S’infiltrer dans la brèche laissée ouverte par le gouvernement

Si un cabinet mandaté par l’Élysée (Boston Consulting) estime qu’au maximum, le texte pourrait participer à réduire de 35% les émissions de CO2, le Haut Conseil pour le Climat botte carrément en touche dans son rapport sur l’évaluation des lois: “L’absence de transparence méthodologique ne permet pas de s’exprimer sur l’impact attendu du projet de loi”. 

Ainsi, la Convention climat et les militants écologistes dénoncent régulièrement “une trahison” doutant de l’efficacité des mesures privilégiées par l’exécutif. Au plus fort de la contestation, le 28 mars dernier, 110.000 personnes en France sont descendues dans la rue, pour réclamer une “vraie loi climat” en pleine pandémie. 

“C’est incroyable que le gouvernement ne se soit pas engagé à être crédible”, peste le sénateur écologiste Ronan Dantec, qui s’inscrit donc dans ces revendications pour justifier la nécessité de présenter une “vraie loi climat”, celle de son groupe politique ou une autre, assure l’élu. Mais chiffrée et à la hauteur des engagements de la France à l’origine de l’Accord de Paris, maintient le sénateur. 

Destinée également à nourrir les amendements que le groupe compte proposer à l’occasion de l’examen de la loi Climat les 2 et 3 juin en commission, la “vraie loi climat” des Écologistes s’infiltre dans cette brèche et utilise les chiffres pour répondre “objectivement” aux objectifs de 55% de réduction des émissions à l’échelle européenne, ce qu’avait déjà tenté de faire le député Matthieu Orphelin dans une moindre mesure, avec des propositions visant à rehausser à 50 millions de tonnes de CO2 économisés d’ici 2030. 

“Sur la loi climat, il y a eu une grande bagarre, sur la question: ‘est-ce qu’on va assez loin’?”, reconnaît le député du Finistère (Modem) Erwan Balanant, interrogé par le HuffPost. Craignant une multiplication de propositions chiffrées servant plus aux dessins politiques des partis qu’à l’élaboration d’un consensus, le député -avec d’autres élus de tous bords politiques- a fait inscrire dans la loi climat un amendement obligeant la mesure de l’impact climatique de ces réglementations. “Pour faire cette transition qui est un chemin compliqué, il faut une bonne boussole”, résume-t-il. Encore faut-il que tout le monde ait la même. 

À voir également sur Le HuffPost: Ce qu’il manque à la loi climat selon ces manifestants