Avant la marche climat, militants et politiques écolos ragaillardis par l'imbroglio sur le référendum

POLITIQUE - Ce n’était sans doute pas le meilleur jour pour faire fuiter une information, ou une hypothèse, comme celle-ci. Selon Le Journal du Dimanche, qui en fait sa Une, Emmanuel Macron aurait renoncé à organiser un référendum sur la protection...

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L'imbroglio autour du référendum écolo motive les défenseurs du climat avant leur marche (photo d'illustration prise le 19 mars 2021)

POLITIQUE - Ce n’était sans doute pas le meilleur jour pour faire fuiter une information, ou une hypothèse, comme celle-ci. Selon Le Journal du Dimanche, qui en fait sa Une, Emmanuel Macron aurait renoncé à organiser un référendum sur la protection du climat pour l’inscrire dans la Constitution.

Les conditions “ne sont pas réunies” estime le député LREM Pieyre-Alexandre Anglade dans les colonnes de l’hebdomadaire ce dimanche 9 mai, tandis que Le JDD cite plusieurs propos anonymes rattachés à des proches du président de la République allant également dans ce sens, tout en rejetant la faute sur le Sénat.

Depuis, l’Élysée dément et explique à l’AFP que cette éventualité “n’est en rien enterrée.” “La cause écologique demeure l’une des priorités du président de la République”, martèle d’ailleurs, au passage, le palais présidentiel... mais trop tard. Les défenseurs du climat, qui organisent des marches partout en France ce dimanche ont déjà saisi la balle au bond pour dénoncer ce qu’ils voient comme le nouveau renoncement du chef de l’État. 

Du carburant pour la marche climat

Sur Twitter ou dans les médias, nombreux ont réagi. Regrettant “un nouvel engagement sur l’écologie renié par Emmanuel Macron et LREM, et sans doute l’un des plus importants”, le député écologiste Matthieu Orphelin juge, dans un communiqué, que “le gouvernement manoeuvre pour que le processus n’aille pas au bout.” Pour l’Insoumise Clémentine Autain, “la Start’up Nation enterre le climat et la démocratie d’un même mouvement”, quand, la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie accuse Emmanuel Macron de “duplicité”.

Côtés militants ou ONG, Clément Sénéchal, le porte-parole de Greenpeace en France, a lui aussi relayé la Une du Journal du Dimanche sur Twitter en estimant que la politique climatique du président de la République “n’est que mensonge et manœuvres politiciennes.” 

Mêmes critiques, ou presque, pour le réalisateur écolo Cyril Dion, le promoteur et “garant” de la Convention citoyenne pour le climat. “Après avoir trahi sa parole de reprendre sans filtre les mesures de la CCC, Emmanuel Macron trahit sa parole d’organiser un référendum sur la Constitution”, fustige le militant, en rappelant que les défenseurs du climat se mobilisent ce dimanche à Paris et dans plus de 150 villes en France. Leur nouveau mot d’ordre semble ainsi tout trouvé.

Deux jours auparavant, les partis de gauche de LFI au PS en passant par EELV avaient déjà signé ensemble une tribune dans Libération pour appeler à participer à ces marches.

Comme les différentes ONG spécialistes de la défense de l’environnement, ils brocardent notamment la loi Climat adoptée en 1ère lecture à l’Assemblée nationale, insuffisante à leurs yeux et en décalage complet avec la promesse faite par le président de la République aux citoyens de la Convention climat de reprendre “sans filtre” leurs propositions.

Un nouveau renoncement présidentiel? 

Force est de constater que l’annulation du référendum pour modifier la Constitution serait une nouvelle difficulté pour le chef de l’État, qui s’était engagé sous les applaudissements des “150 citoyens” en décembre dernier. “Ce sera une réforme constitutionnelle en un article” qui “doit d’abord passer par l’Assemblée nationale puis le Sénat et être votée en des termes identiques. Ce jour-là, elle sera soumise à référendum”, avait-il précisé aux membres de la CCC en reprenant une de leurs idées.

Mais cinq mois plus tard, la macronie semble désormais tentée à l’idée de rejeter la faute sur la Haute assemblée. Le Sénat, contrôlé par la droite et qui doit examiner lundi 10 mai le texte déjà voté par l’Assemblée nationale, “a fait le choix de vider de sa substance la proposition de la convention citoyenne pour le climat, et donc d’empêcher l’accord”, accuse ainsi Pieyre-Alexandre Anglade, le porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée, dans Le JDD.

Dans le détail, le projet de loi inspiré par la CCC grave à l’article 1er de la Loi fondamentale que la France “garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique”. Or la majorité du Sénat rejette le terme “garantit”, qui donnerait selon elle à la préservation de l’environnement une forme de priorité sur les autres principes constitutionnels.

De mauvais arguments pour Bruno Retailleau. “Avant même que le Sénat n’ait voté quoi que ce soit et que la discussion avec l’Assemblée nationale ne s’engage, Emmanuel Macron nous accuse de blocage pour justifier l’annulation d’un référendum dont il ne voulait pas”, fustige le patron des sénateurs LR, avant de siffler: “La manœuvre et l’hypocrisie sera la marque de cette dernière année de mandat.” Un imbroglio dominical qui aura donc réussi à fâcher les écolos et la droite sénatoriale.

A voir également sur le HuffPost: Sans filtre? Macron explique l’expression qui met les citoyens de la Convention en colère