Avant le discours de Macron, ce que recommandent les autorités sanitaires
CORONAVIRUS - Des documents, et un choix. Face aux contaminations qui grimpent en flèche, boostés par le variant Delta, de nouvelles restrictions sont attendues ce lundi 12 juillet à 20 heures, à l’occasion de l’allocution d’Emmanuel Macron....
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CORONAVIRUS - Des documents, et un choix. Face aux contaminations qui grimpent en flèche, boostés par le variant Delta, de nouvelles restrictions sont attendues ce lundi 12 juillet à 20 heures, à l’occasion de l’allocution d’Emmanuel Macron. Le président a présidé auparavant un conseil de défense exceptionnel, pour arrêter les décisions à prendre pour freiner la 4e vague de Covid-19.
Autour de la table, différents ministres et les plus proches conseillers. Dessus? Probablement des dizaines de documents récapitulatifs de la situation, rédigés par les différentes autorités sanitaires. Emmanuel Macron a l’embarras du choix. Le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, le Conseil scientifique, la Haute Autorité de Santé, l’Académie de médecine… tous se sont prononcés ces dernières semaines, alertés par la progression du variant Delta.
Depuis le 29 juin, un scénario s’impose. Selon les modélisations de l’Institut Pasteur parues à cette date, la couverture vaccinale acquise en septembre ne sera pas assez bonne pour empêcher une saturation des hôpitaux. Les différentes instances de santé publique ont donc pris le temps de se positionner, avec comme levier d’action privilégiée un ensemble de propositions visant à accélérer la vaccination.
Vaccination obligatoire des soignants, vite!
Dans un avis datant du 24 juin, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale expliquait que les trois freins majeurs contre l’obligation vaccinale pour les soignants ont sauté. Nous avons assez de stocks, les vaccins à ARNm bloquent une grande partie des transmissions, et enfin, tous les recours non contraignants ont été épuisés, sans succès: “L’accès volontaire aux vaccins, option choisie en 1ère intention, n’a pas amené à ce jour les résultats escomptés”, relate cette task force mise en place par le chef de l’État et présidée par le professeur Alain Fischer.
Ces arguments font consensus dans la communauté scientifique, d’autant plus que les soignants étaient déjà soumis à une vaccination renforcée avant le Covid-19, pour éviter de contaminer les patients (notamment sur l’hépatite B). Emmanuel Macron pourrait donc annoncer l’obligation vaccinale dès ce soir, mais pour qui exactement? Seulement les personnels des hôpitaux, ou tous les professionnels “en contact avec des publics fragiles, pas uniquement les soignants”, comme le souhaite Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France, interrogé sur Public Sénat ce lundi?
Élargir le pass sanitaire, jusqu’où?
La définition précise des publics concernés n’est pas arrêtée, mais certains voient déjà bien plus loin. Pour accélérer la vaccination (et à défaut de la rendre obligatoire), le pass sanitaire pourrait être demandé pour des rassemblements avec moins de 1000 personnes comme c’est le cas aujourd’hui. Il pourrait aussi être élargi à des activités de la vie courante comme accéder à des restaurants, bars, théâtres et cinémas, salles de sport… Le Conseil scientifique présente ses réflexions à ce sujet dans un avis rédigé le 6 juillet. Mais il ne se prononce pas directement en faveur de cette mesure, car ce choix n’est pas que scientifique, il est aussi éthique et politique.
Élargir le pass sanitaire pourrait en effet alimenter les frictions. Entre les vaccinés et non vaccinés (qui devraient multiplier les tests pour entrer), mais aussi entre les lieux qui échapperaient à la règle et les établissements contraints de trier leur clientèle. Une telle situation s’est déjà produite. Vendredi 9 juillet, le gouvernement a imposé le pass sanitaire aux bars et restaurants dansants, à la suite de plaintes des syndicats de discothèques s’estimant lésés.
La piste de l’obligation vaccinale
Autre sujet sensible: la piste de l’obligation vaccinale, évoquée de plus en plus directement, brisant ce qui était considéré jusqu’ici comme un tabou. Le 30 juin dernier, la HAS estimait que “la réflexion sur l’obligation vaccinale pourrait s’étendre à l’ensemble de la population”. Le 9 juillet, nouvelle conclusion, sous forme d’avertissement cette fois-ci: “Il est nécessaire d’entamer dès à présent la réflexion sur une extension plus importante de cette obligation vaccinale en population générale afin de pouvoir prendre à temps cette décision si elle s’imposait”.
Quant à l’académie de médecine, le ton est beaucoup plus franc: “Le principe d’une vaccination fondée sur le volontariat révèle aujourd’hui ses limites, ce qui compromet l’accès au niveau d’immunité collective indispensable pour éviter une recrudescence épidémique au 4e trimestre. Concernant l’ensemble de la population âgée de 12 ans et plus, l’obligation vaccinale contre la Covid-19 constitue la seule option réaliste”, déclarait l’institution, par communiqué, le 9 juillet. Jusqu’à présent, le gouvernement s’y est toujours opposé.
Vers un déremboursement des tests PCR ?
Autre sujet disputé par les instances scientifiques, la suppression du remboursement des tests RT-PCR et des tests antigéniques pratiqués pour convenances personnelles. L’Académie de médecine y est favorable, pour pousser les Français à se faire vacciner s’ils ne veulent pas débourser de l’argent (une cinquantaine d’euros pour un test PCR) à chaque fois que le pass sanitaire est demandé. Le Conseil scientifique recommande d’attendre au moins la fin de l’été, estimant qu’il est dangereux de se passer du dépistage massif, outil précieux dans la lutte contre le Covid-19. Ce timing avait aussi été évoqué par des membres du gouvernement.
Enfin, le Conseil scientifique propose quelques restrictions qui ne visent pas directement à accélérer la vaccination. Dans son avis du 6 juillet, il suggère également des “restrictions” dans les territoires les plus touchés, “y compris en juillet et août et dans des zones de vacances”, alors que le nombre de cas explose déjà dans certaines zones, comme les Pyrénées-Orientales, qui a vu son nombre de malades détectés multiplié par 7 la semaine dernière. Un durcissement des conditions d’entrée sur le territoire français est également évoqué.
Si ces instances sont globalement en faveur de restrictions sanitaires, la question n’est pas que scientifique. Avant son allocution à 20 heures, Emmanuel Macron devra trancher en tenant compte de l’acceptation des mesures par des Français que la crise sanitaire a érodés. C’est donc maintenant au politique de trancher.
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